Collin Kandolo : "C’est par ignorance que les Congolais ont du mal à capitaliser les opportunités offertes par l’OIF"

Vendredi 20 mars 2015 - 08:10

Détenteur d’un diplôme de licence en sociologie et en anthropologie, Collin Kandolo Kikuni assume depuis octobre 2014 la fonction de Délégué Général a.i. à la Francophonie en République démocratique du Congo. Abordé par ’’Forum des As’’, il éclaire la lanterne des lecteurs sur la 45ème Journée internationale de la Francophonie célébrée ce vendredi 20 mars.

Monsieur le Délégué Général, quelles sont les activités que votre équipe a prévues pour célébrer la 45ème journée de la Francophonie en RDC ?
C’est une liste bien longue qui est détaillée sur notre dépliant officiel. On y retrouve des activités organisées de commun accord avec nos partenaires, en l’occurrence l’Institut français, le Centre Wallonie-Bruxelles, le Campus numérique francophone… sous la coordination de la Délégation générale de la Francophonie. Je tiens toutefois à signaler que la Délégation générale de la Francophonie, en tant que structure qui se veut l’interface entre le Gouvernement congolais et l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), joue plutôt le rôle de coordonnateur des activités relatives aux festivités marquant la célébration et la commémoration du mois et de la journée dédiée à la Francophonie institutionnelle. Pour ce 45ème anniversaire, la sélection a été particulière, dans la mesure où tout s’articule autour du thème annuel retenu pour la mise en œuvre des manifestations admises. Pour ce faire, nous avions dû recourir aux fondamentaux relatifs à l’adéquation des activités avec ce thème axé sur ’’les jeunes, l’environnement et le climat’’ et à la conformité de celles-ci avec la nouvelle vision et les nouvelles exigences stratégiques de la programmation quadriennale de la Francophonie. Autrement dit, quatre critères ont servi, non seulement à la mise en forme, mais aussi à la mise en œuvre. C’est notamment la transversalité, l’innovation, la cohérence et l’intégration. La Délégation générale de la Francophonie ne peut donc se prévaloir seule la paternité des activités, car elle travaille en synergie avec ses partenaires.

La RDC est souvent considérée comme le deuxième pays francophone du monde. Mais jusque-là, l’opinion se demande ce que le pays tire comme dividendes dans cette organisation internationale…
Il est difficile de présenter d’une manière quantitative les retombées de la Francophonie en RDC. Toutefois, laissez-moi vous dire que la Francophonie est consciente des difficultés qu’éprouvent nos enfants à la lecture et à l’écriture lorsque l’apprentissage se fait dans une langue étrangère. Dans le cas qui est le nôtre, le français vient de mettre à notre disposition, à titre expérimental, le programme Ecole et Langues Nationales (ELAN). L’objectif étant d’emmener l’enfant à la maîtrise de la lecture et de l’écriture sur base des structures linguistiques des langues locales. Car, pour la plupart de didacticiens, le bilinguisme meuble bien l’intelligence en y posant les fondamentaux, sans lesquels l’apprentissage est quasiment impossible ou difficile. A ce sujet, je viens de procéder à la distribution du dictionnaire trilingue (français, lingala, sango) aux ministères et institutions de la RDC. Par ailleurs, je voudrais me limiter à citer seulement quelques acquis de la Francophonie en RDC qui s’y prêtent mieux à la quantification. Acquis qui facilitent la visibilité et la lisibilité de la Francophonie dans notre pays. C’est le cas de la bibliomalle, du Centre de lecture et d’animation culturelle (CLAC), de la Maison des Savoirs, du Campus numérique francophone qui nous permet de racoler la fracture technologique entre le Nord et le Sud…

Vous avez récemment pris part au XVème Sommet de la Francophonie à Dakar. Quelles sont les retombées de ces assises au niveau de notre pays ?
Lorsqu’un Sommet est organisé dans un coin du globe, le bénéfice direct lui revient de facto. Je pense aux divers réaménagements de différents sites, au tourisme et à l’hôtellerie, ainsi qu’aux patrimoines acquis. En sus de ce qui précède, la tenue d’un Sommet est un moment important au cours duquel les chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace francophone donnent des réponses appropriées aux cruciales questions de société. Celles-ci sont transformées en des opportunités que chaque membre est appelé à s’approprier sous forme des projets ou des programmes éligibles à la programmation de l’OIF. D’une manière pratique, le thème du 15ème Sommet met au centre des préoccupations les jeunes et la femme, facteurs de paix et moteurs du développement. L’OIF appuie ainsi toute initiative relative à l’entreprenariat des jeunes et de la femme. On s’en rend compte en observant le Volontariat International Francophone (VIF), mouvement auquel appartiennent jusque-là cinq Congolais sur 300 de par le monde... et qui donne aux jeunes l’opportunité de travailler, non seulement dans leur pays, mais bien ailleurs à travers le monde ! Au niveau du Campus numérique par exemple, on a la chance d’avoir une Congolaise qui a travaillé ailleurs dans le monde et vient maintenant travailler dans son pays...

Qu’est-ce qui justifie justement la faible proportion des Congolais dans ces instances de l’Organisation internationale de la Francophonie ?
Je vais répondre à cette question par deux interrogations. Tout d’abord, combien sont les Congolais qui s’intéressent à ces instances, même quand ils sont censés occupés des fonctions transversales à la Francophonie ? Par ailleurs, à partir de quelle circonstance ou de quel événement nos compatriotes commencent-ils à s’y intéresser ? C’est probablement à partir du XIVème Sommet de la Francophonie tenu à Kinshasa ! Si, comme vous le dites, les Congolais ont du mal aujourd’hui à s’approprier les opportunités que la Francophonie leur offre, c’est peut-être par ignorance ! Ou tout simplement par simple négligence ! Car, pour capitaliser les opportunités offertes par l’OIF, il faut savoir traduire ces opportunités en des besoins réels à couler sous forme des projets ou des programmes éligibles à l’OIF.

Cinq mois après votre accession à la tête de la Direction générale de la Francophonie en RDC, quelles sont les réalisations qu’on peut placer aujourd’hui à votre actif ?
Il est difficile de parler de soi-même. Je vous invite toutefois à enquêter auprès de mes collaborateurs qui, je l’espère, pourraient objectivement vous répondre. Cependant, je me dois à vous dire que les réalisations sont légions, mais pas forcément quantifiables. Parmi elles, la division du travail au sein de l’OIF, le réarmement déontologique du personnel, l’adéquation et la conformité des activités liées aux festivités de la Francophonie avec le thème et les exigences stratégiques de la nouvelle programmation quadriennale. Cela, c’est au sein de la Délégation générale de la Francophonie. Il sied de noter également notre modeste contribution à la tenue de la 34ème Assemblée des maires francophones à Kinshasa et la tenue de la 35ème Conférence des ministres ayant en charge la jeunesse, sports et loisir (CONFEJES) tout dernièrement... Je finirai mon intervention par souhaiter longévité à la Francophonie et bonne fête aux Francophones pour ce 45ème anniversaire. Propos rendus par Yves KALIKAT

 

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