La République démocratique du Congo a déclaré vendredi qu'elle n'était pas opposée à une offensive séparée des Casques bleus contre les rebelles hutu rwandais actifs dans l'est du pays, faute d'accord entre Kinshasa et l'ONU pour combattre ensemble ces assaillants.
"Nous n'avons pas interdit à la Monusco (Mission de l'ONU en RDC) d'accomplir son mandat, et une partie de son mandat permet cela", a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais.
Jeudi, le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a annoncé que la Monusco se préparait à agir séparément contre les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), la coopération avec Kinshasa étant toujours bloquée.
"Il faut aller de l'avant", a-t-il affirmé à New-York à la presse en soulignant que le Conseil de sécurité autorisait la Monusco à "agir unilatéralement". "Nous menons des préparatifs à cet effet", a-t-il ajouté sans plus de détails.
Selon lui, "pour le moment, le gouvernement congolais ne veut pas créer les conditions qui nous permettraient de soutenir à nouveau les FARDC (forces gouvernementales) et d'opérer conjointement" dans l'est de la RDC.
M. Mende a affirmé qu'il "n'y a pas de mauvaise volonté" de la part de Kinshasa mais que "les raisons pour lesquelles on a interrompu cette collaboration ont continué à subsister".
La RDC espére que la Monusco, avec qui le dialogue se poursuit, fera un "effort" pour entendre les "préoccupations" congolaises, a-t-il ajouté.
Les FDLR sont des rebelles hutu rwandais présents depuis 1994 dans l'est de la RDC, où ils commettent de graves exactions contre les civils. Plusieurs de ses chefs sont recherchés par la justice internationale pour leur participation présumée au génocide de 1994 contre les Tutsi dans leur pays, qui a fait 800.000 morts selon l'ONU.
En février, la Monusco a suspendu son soutien aux opérations de l'armée congolaise contre ces rebelles, l'ONU reprochant à Kinshasa d'avoir nommé pour mener cette offensive deux généraux qu'elle soupçonne de graves violations des droits de l'homme.
Cette brouille a freiné le travail entre la Monusco et les FARDC sur le terrain alors que la situation sécuritaire se dégrade dans l'est, et plus particulièrement dans la province du Nord-Kivu, où plusieurs dizaines de groupes armés - dont les FDLR - sévissent.
Mardi, deux Casques bleus et deux civils sont morts dans une embuscade tendue dans le nord du Nord-Kivu. D'après la Monusco, l'attaque pourrait être le fait des rebelles musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), soupçonnées d'avoir massacré depuis octobre plus de 300 personnes, surtout au Nord-Kivu.