Quarante heures après son interpellation à la séance plénière de l’assemblée nationale du mercredi 22 octobre, Eric Mbala a éclairé les députés nationaux sur la problématique du déficit énergétique constaté en RD-Congo. Le vendredi 24 octobre dernier, le directeur général de la société nationale d’électricité s’est acquitté du devoir de répondre aux questions et préoccupations des députés exprimées lors de sa séance du 22 octobre 2014 consacrée à la Question Orale avec débat posée par Clément Kanku Bukasa.
Il a reconnu l’attachement des membres de la chambre basse à l’activité de la société nationale d’électricité. ’’Les questions, préoccupations et recommandations des honorables députés, toutes aussi pertinentes les unes que les autres, traduisent votre attachement et votre particulier intérêt au secteur de l’électricité et à l’activité de la SNEL, son opérateur majeur, qui gère un produit considéré comme le moteur du développement économique et social de la République démocratique du Congo, dont la finalité est le bien-être de nos populations’’, a déclaré Eric Mbala devant les députés nationaux.
Le patron de la SNEL a résumé toutes les préoccupations des élus du peuple en onze points. Il s’agit des problèmes spécifiques dans la ville de Kinshasa et dans les provinces, du déficit énergétique, du délestage dans les grands centres de l’électrification rurale et transfrontalière, du coût de l’électricité et de la facturation, de la vente de l’énergie électrique à l’étranger, de la contribution de SNEL au budget de l’état, des comptes à l’étranger et du paiement des impôts, de la problématique des journaliers et de la répartition effectifs SNEL entre technicien et administratifs, des questions diverses, du Plan d’entreprise et des engagements de la SNEL. S’agissant des problèmes spécifiques dans la ville de Kinshasa et dans les provinces, le directeur général de la société nationale d’électricité a avancé des chiffres liés à l’offre ou la production de l’énergie disponible et à la demande ou le besoin de la population en électricité. Pour Eric Mbala, la ville de Kinshasa est alimentée actuellement en antenne à partir des centrales hydroélectriques d’Inga 1&2 et de Zongo situées dans le Bas-Congo.
La pointe actuelle de la ville, a-t-il poursuivi, est d’environ 490 MW et la demande est estimée à 1.000 MW. La demande non satisfaite est estimée à 500 MW qui constituent le déficit à satisfaire. Les députés nationaux ont été éclairés sur le transport de l’énergie à partir des centrales jusqu’à la ville province de Kinshasa. ’’Le transport de l’énergie des centres de production vers Kinshasa est assuré par une ligne 220 kV à deux ternes, Inga - Kinshasa, longue de 262 km, exploitée sans sécurité n-1; une ligne 132 kV Zongo – Badiadingi, longue de 59 km, d’une capacité de transit de 90 MW exploitée sans sécurité n-1; une ligne 70 kV Zongo – Gombe, longue de 80 km, d’une capacité de transit de 23 MW exploitée sans sécurité n-1’’, a techniquement fait savoir le numéro un de la SNEL. Eric Mbala a, dans son intervention, mis un accent sur la situation des réseaux de la ville de Kinshasa. Il a parlé de la puissance des stations et des postes, les causes des surcharges des installations de la capitale et les remèdes que son entreprise tient à apporter.
Actuellement, a-t-il renseigné, les réseaux électriques de la ville de Kinshasa comprennent 8 Postes, 23 Sous – stations, 886 cabines de distribution publique, 27 postes de réflexion, 1310 postes de sectionnement ainsi que des canalisations moyenne et basse tension. D’un coté, le réseau moyenne tension de la SNEL compte 363 liaisons d’une longueur totale de 2.080 km, dont 76 sont surchargées, tandis que le réseau Basse Tension est constitué de 7.105,23 km de câbles. La puissance totale installée dans les postes de la société nationale d’électricité s’élève à 758 MW et celle des sous-stations à 472 MW. Le directeur général de la SNEL a indiqué que sur les 13 transformateurs des postes HT/MT, 4 travaillent en régime de surcharge et sur les 43 transformateurs des sous-stations, 6 fonctionnent en surcharge. Eric Mbala a informé les députés nationaux sur les causes réelles des surcharges des installations.
’’Les causes de ces surcharges sont entre autres la forte augmentation de la demande due à la création de nouvelles cités et de petites industries dans les zones résidentielles (moulins, ateliers mécaniques ou de soudure, etc.…) avec comme conséquence le délabrement de certains câbles MT et BT, les interventions des inciviques sur le réseau et les raccordements frauduleux. Les causes de surcharge des installations de Kinshasa s’appliquent également aux réseaux de distribution des Provinces. L’état général de ces infrastructures et les agressions qu’il subit ont contribué à l’émergence du déficit énergétique constaté dans le pays’’, a révélé le directeur général de la SNEL. Face à tous ces problèmes, le patron de la société nationale d’électricité a proposé directement des solutions pour améliorer la desserte dans la ville de Kinshasa.
Eric Mbala a fait savoir aux députés nationaux que plusieurs actions sont en pleine exécution et d’autres sont en cours de préparation. ’’ La construction de la 2ème ligne HT Inga – Kinshasa ; l’implantation des postes 220/20 kV-100 MVA de Makala et Kimbanseke; le renforcement des sous-stations Badiadingi, Campus, Kinkole et Nsele ; l’électrification des poches noires (Matadi-Mayo, Mitendi, Matadi-Kibala, Armée du Salut, Tuvedila, Cogelos, Mandela, Tchad, Mbala, Buka Mikuwa, Nsele, Kinkole, Mikonga, Mpasa 4, Bibwa, Malweka, Mpasa et Kisenso) ; l’assainissement et le renforcement des réseaux de 16 communes de la ville avec l’implantation 115 nouvelles cabines : 10 à Mont-Ngafula, 16 à Ngaliema, 05 à Selembao, 03 à Bandalungwa, 10 à Gombe, 06 à Barumbu, 03 à Makala, 07 à Kalamu, 07 Ngiri Ngiri, 05 à Bumbu, 03 à Kasa Vubu, 07 à Lemba, 16 à Limete, 06 à Kimbanseke, 07 à Nsele et 04 à Maluku ; l’extension du réseau autour du poste de Kimbanseke avec l’implantation de 28 nouvelles cabines MT/BT ; la reprise BT de 35 cabines de décharge sur les 48 implantées sur fonds propres ; l’installation des 3èmes transformateurs 220/30 kV-75 MVA dans les postes de Liminga et Lingwala portant leurs puissances installées respectives à 225 MVA ; l’installation des transformateurs 220/20 kV-100 MVA dans les postes de Liminga et Lingwala ; la réhabilitation du poste de Mitendi et réseaux associés ; la construction de nouvelles sous-stations : UPN et Debonhomme ; la fiabilisation des protections des sous-stations Masina, Sendwe, Campus, Badiadingi, Golf, Gombe, Limete, Devinière et
Kinsuka’’, a indiqué le patron de l’opérateur étatique de l’électricité en RD-Congo. L’interpellé des élus nationaux a, ex cathedra, répondu aux préoccupations de la plénière sur la principale question d’interpellation. Celle-ci touche directement le déficit en énergie électrique sur l’ensemble du territoire national de la RD-Congo. Ce déficit énergétique est un point purement technique. ’’Au plan technique, il est observé une inadéquation entre la quantité d’énergie disponible et les besoins exprimés par les consommateurs, ce qui se traduit par un déficit dont les causes sont notamment l’insuffisance de la production d’énergie due à la vétusté des installations ou à l’absence de maintenance normative conduisant à l’arrêt des machines, l’étranglement des voies d’évacuation d’énergie par la saturation des lignes de transport ou des réseaux de distribution qui ne couvrent pas tous les besoins de la clientèle, lesquels besoins se sont accrus avec l’exode rural et l’extension des centres urbains. En plus de la quantité, l’amélioration de la desserte en électricité passe également par celle de la qualité de service. A ce sujet, il faut relever que les réseaux de distribution des principales villes du pays sont confrontés aux actes de vandalisme, aux raccordements frauduleux, aux dégâts collatéraux liés aux travaux d’aménagement des voiries urbaines, aux constructions anarchiques, à l’occupation acharnée des servitudes, à l’utilisation des matériels de qualité douteuse ou non-conformes dans les installations privées, etc. L’agressivité exercée sur les réseaux de distribution, principalement en basse tension, participe à la détérioration précoce des équipements qui sont soumis à des taux de charge excessifs. Il s’agit principalement des transformateurs de distribution, des câbles électriques, des équipements électromécaniques, etc. Ces effets pervers ont pour effet de créer un climat chaotique, qui détériore également les paramètres du réseau, principalement la tension. En attendant les travaux de réhabilitation des installations, la conséquence logique de cette situation est le délestage rotatif des charges appliqué sur certaines installations pour les sauvegarder et assurer une certaine équité dans la desserte en énergie électrique.
En principe, le programme de délestage est communiqué à la clientèle concernée par l’entremise d’affichage dans les CVS, sur les cabines concernées et une copie du programme est remise aux autorités de l’Administration locale (Communes, Quartiers et localités). Comme l’ont judicieusement relevé certains Honorables, certains agents véreux s’évertuent à ne pas observer ce programme de délestage moyennant rémunération. C’est pourquoi, en sus des actions disciplinaires qu’elle engage contre de tels agents, SNEL a levé l’option d’associer désormais les chefs de quartiers et de rues à la certification des jours effectifs de délestage de manière à ce que le facteur de gêne qui déduit ces jours de délestage des consommations de clients facturés au forfait soient effectivement pris en compte dans la facturation.
Ce système est déjà été expérimenté dans la Commune de Ndjili’’, a-t-il souligné. La SNEL tient à la réduction du déficit énergétique et à l’augmentation du taux de desserte en électricité. Pour y arriver, plusieurs projets ont été initiés par la haute direction de la société nationale d’électricité avec l’appui du gouvernement et le concours des bailleurs de fonds dans le cadre des projets majeurs. Tout ceci dans l’optique de résoudre l’épineux problème de délestage dans l’ensemble du pays via tous les grands centres. Parmi les projets initiés se retrouvent le Projet de Marché d’Electricité pour la Consommation Domestique et l’Export (PMEDE) dont l’objectif est la réhabilitation des centrales d’Inga 1 et 2 en vue de disponibliser à terme 1.300 MW, la construction de la 2ème ligne Inga-Kinshasa et le renforcement et l’extension du réseau électrique de Kinshasa pour un montant total de USD 787 millions mobilisés par la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la Banque Européenne d’Investissement et la SNEL.
Ce projet aura comme impact l’amélioration de la desserte dans les provinces du Bas-Congo, du Katanga, du Bandundu et dans la ville province de Kinshasa ; le Projet SAPMP dont l’objectif est la réhabilitation du système courant continu entre Inga et Kolwezi ainsi que le système à courant alternatif du Katanga pour un coût total de USD 613,7 millions avec comme impact l’amélioration de la desserte dans le Province du Katanga ; le Projet PEPUR dont la finalité est l’électrification des poches noires de la Ville de Kinshasa et de certaines localités de la Province du Bandundu (Dima et Bendela), de la Province orientale (Yakusu) et du Sud Kivu (Kabare) pour un coût de USD 106,8 millions mobilisés par la Banque Mondiale et la SNEL ; le Projet FRIPT pour la réhabilitation et le renforcement des installations de production et de transport pour le montant de USD 420 millions mis à disposition par la société KCC en vue d’augmenter le transit sur la liaison THTCC de 500 à 1.000 MW ; le Projet NELSAP visant l’interconnexion des réseaux des pays du Bassin du Nil pour USD 42 millions de la BAD et USD 6,6 de la KfW avec comme impact l’amélioration de la desserte au Nord et Sud Kivu ; divers Projets en Partenariat public privé et sur fonds propres de SNEL pour réhabiliter les infrastructures et poursuivre l’électrification du pays en résorbant les poches noires dans les villes et localités ciblées et le Projet Zongo II sur financement de EXIMBANK OF CHINA et SNEL pour USD 376 millions en vue de la construction de la centrale de Zongo II, avec comme impact l’amélioration de la desserte dans l’ensemble du réseau Ouest par l’injection additionnelle de 150 MW.
Le directeur général est clair. Si tous ces sept projets sont entièrement terminés, le déficit énergétique avec son cortège des malheurs dont le délestage fait partie, les villes de la RD-Congo seront desservies sans ambages en énergie électrique. Le DG de la SNEL a dégagé à la plénière plusieurs éléments sur l’électrification rurale et transfrontalière, le coût de l’électricité et de la facturation et de la vente de l’énergie électrique à l’étranger. Eric Mbala n’a pas hésité à confirmer que la SNEL s’intéresse à l’électrification rurale et transfrontalière. Dans ce cadre, elle a déjà réalisé quelques projets dans toutes les provinces de la RD-Congo. Les entités administratives du Bas-Congo dont Lukula, Tshela, Nsioni, du Bandundu dont Kenge, Gungu, Idiofa, du Katanga dont Malemba Nkulu, Pweto, Ankoro, Kapolowe, du Nord Kivu dont Sake, Kiroche Ishasha, Minova, Bweremana, Kasindi, du Sud Kivu dont Mumosho, Nyangezi, Cibimbi, Kaziba, Baraka, Fizi, Mudaka, du Kasai Oriental dont Lubao, Bena Dibele, de l’Equateur dont Bikoro, de la Province Orientale dont Aru, Ariwara bénéficient de ces projets sur l’électrification rurale et transfrontalière. Le numéro un de la société nationale d’électricité a affirmé que dans les deux territoires, son entreprise a repris avec des travaux, lesquels du reste sont en cours.
Il a aussi indiqué que la SNEL a également réalisé des études pour les localités de Kasongo Lunda, Popokabaka et Idiofa au Bandundu, de Songololo, Mayidi, Ngeba, Tumba Kizu, Mbata Kiela au Bas-Congo, de Yakoma, Mondongo à l’Equateur, de Kabongo, Sandoa au Katanga, de Mweka au Kasaï Occidental et de Kabinda, Lodja au Kasaï Oriental. S’agissant de la facturation, le directeur général de la SNEL a rappelé que son entreprise ne fixe pas les prix de la consommation de l’énergie électrique. ’’J’aimerais d’abord rassurer votre Auguste Assemblée que les tarifs sur base desquels SNEL calcule ses factures sont réglementés par l’autorité compétente en la matière, à savoir le Ministère de l’Economie et Commerce’’ a-t-il rappelé aux députés nationaux. Il a soutenu son argument sur la lettre référencée 604/CAB/MIN-ECONAT/2011 du 22 juillet 2011 du Ministre de l’Économie et Commerce. Eric Mbala soutient que la SNEL applique depuis janvier 2012 des légers ajustements tarifaires successifs à la hausse en 18 paliers pour les abonnés sociaux et résidentiels 1, d’une part, et en 24 paliers pour les abonnés résidentiels 2, d’autre part. Sur les trois segments de tarifs BT Domestique prévus, les ajustements tarifaires successifs harmonisés prévus en 18 paliers sont terminés en septembre 2014. Il s’agit des catégories liées à la Basse Tension Domestique Sociale et à la Basse Tension Domestique Résidentielle 1 (code 33). Le numéro un de la société nationale d’électricité a fait savoir que la facturation forfaitaire est instituée par l’Arrêté Ministériel n°010/CAB/MENIP/98 du 28 avril 1998, portant fixation des tarifs de vente d’énergie électrique aux abonnés basse tension. Ce forfait, a-t-il indiqué, qui au départ était géographique, a été amélioré par la SNEL en instaurant un forfait individualisé, sur base de l’évaluation des récepteurs recensés auprès du client et valorisée sur base d’une fiche ad hoc, et en intégrant un facteur de gêne, au cas où le client a été privé du courant pour des raisons techniques. Par rapport à l’exportation de l’énergie électrique, Eric Mbala a informé les députés nationaux que depuis fin 2009, la SNEL n’exporte plus de l’énergie électrique vers l’Afrique Australe (Zimbabwe et Afrique du Sud). Avec le déficit énergétique enregistré dans le pays et accentué par le boom minier, la SNEL est devenue importatrice de l’énergie électrique HT de Zambie et de Zimbabwe jusqu’à hauteur de 150 MW pour soutenir tant soit peu l’industrie minière du Katanga. Il a par ailleurs renseigné que la SNEL connait d’ailleurs des désagréments pour cette importation en rapport avec les droits de douane sur cette énergie importée.
Mbala a signifié qu’actuellement, l’exportation assurée à Noqui en MT en Angola concerne une énergie dérisoire de 253 MWh et en Centrafrique à partir du barrage de Mobayi Mbongo. Il en est de même pour EWSA/Rwanda 2086 MWh et 1916 MWh REGIDESO/Burundi à partir de la centrale de Ruzizi 1. Le directeur général de la société nationale d’électricité a, à en croire plusieurs députés, démontré à l’opinion qu’il existe bel et bien un plan de redressement de la SNEL pour améliorer la production, le transport et la desserte. Ils n’ont pas tardé à encourager le numéro un de cette société commerciale pour son intervention pertinente démontrant sa maitrise de l’ensemble des composantes de son entreprise.
bienvenu madjulu