C’est un travail remarquable que vient de réaliser, en l’espace de 72 heures, la Voix des Sans Voix au sujet des graves incidents survenus dimanche à Lodja. La lecture des éléments rendus publics par la VsV permet de mieux saisir la colère qui anime aujourd’hui les Evêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo. C’est de la barbarie d’un autre âge, perpétrée par des individus parfaitement identifiés et complètement étrangers à l’Eglise catholique romaine. Ces hommes, tous membres de la Majorité Présidentielle, ont agressé physiquement des prêtres et des religieuses, leur infligeant des blessures insupportables. Ils ont agi ainsi, révèle la VsV, parce qu’ils sont sûrs de ne jamais être inquiétés. Alors, qu’il y ait des blessés ou des morts sur leur route, ce ne sont que des victimes collatérales, sans conséquences, croient-ils.
Dans son communiqué n°045/RDC/VSV/CE/2014, l’organisation de défense des droits humains se montre très précise. Elle relate que « ces actes de violence ont été perpétrés par une dizaine de militants conduits par messieurs Boniface Diumu, Papy Okando et Onema ». L’incident, poursuit la VsV, « a eu lieu après la messe célébrée dimanche 12 octobre 2014 par monsieur l’Abbé Pascal Djongelo, curé de la paroisse Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, située à environ 6 km de la cité de Lodja au cours de laquelle il a lu la lettre des évêques catholiques, membres de la Cenco, adressée aux fidèles catholiques et aux hommes et femmes de bonne volonté de la RDCongo relative à leur opposition à toute révision constitutionnelle . Pendant la messe, M. l’Abbé Pascal Djongelo avait aperçu, dans l’église, M. Boniface Diumu qui n’est pas chrétien de cette paroisse. A la sortie de l’église, M.Boniface Diumu a été aperçu de nouveau effectuant des va-et-vient entre l’église et le groupe de jeunes motocyclistes stationnés, avec leurs motos, en face de l’église. Après le départ des chrétiens venus assister à la messe, MM. Boniface Diumu, Onema et Papy Okangado avec leur bande ont pris d’assaut le presbytère de M. l’Abbé Pascal Djongelo. M.Diumu a pris directement la parole pour annoncer au curé qu’ils étaient venus demander pourquoi il avait parlé de la politique dans l’église ».
« A la même occasion, M.Boniface Diumu a signifié à l’Abbé l’interdiction de ne plus faire allusion à la politique prochainement».
Alors qu’il voulait répondre à cette injonction, M. l’Abbé Pascal Djongelo a été subitement agressé par M. Onema qui lui a lancé un tabouret. C’était le début d’un long calvaire car Boniface Diumu et les autres membres de la bande se sont aussitôt rués sur le curé qu’ils ont tabassé copieusement,ne l’abandonnant qu’après lui avoir fracturé la jambe droite et infligé des blessures à la tête et aux épaules. Si le prêtre est encore en vie, affirment des témoins, c’est grâce au mouvement des fidèles alertés et qui arrivaient en masse pour le secourir.
« Pendant l’opération de vandalisme, le groupe s’est introduit dans le ;presbytère où il a brisé les fenêtres et cassé de nombreux objets».
Un deuxième religieux, l’Abbé Loleke a échappé de justesse au lynchage. Il avait réussi de justesse à se mettre au vert, juste au moment où la bande de barbares s’attaquait au couvent des religieuses de Saint François d’Assise où elle a détruit les panneaux solaires et attaqué les religieuses dont la sœur Kélène Komba, préfet des études d’un lycée, copieusement tabassée et actuellement dans un état critique. Les barbares, affirme la VsV, ont quitté les lieux « en promettant de faire couler le sang ».
L.P.