L’entreprise publique ne dispose pas de tous ses moyens d’action
Dans une correspondance datée du 09 décembre 2014, les Directeurs Généraux des entreprises des télécommunications mobiles ont fait part au Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, des désagréments consécutifs à la gestion de la fibre optique Kinshasa-Moanda par la Société Congolaise des postes et télécommunications (SCPT).
L’analyse de cette situation, signale le Vice-Premier ministre et ministre des PT & NTIC, Thomas Luhaka Losendjola, dans une correspondance adressée le 25 janvier 2015 au Premier ministre, a permis de relever que l’absence de maintenance préventive et curative se trouve à la base de la contre-performance des services de la fibre optique faute de l’exécution normale du contrat de maintenance avec la société Huawei.
Le Vice-Premier ministre souligne en plus les difficultés récurrentes de la SCPT à honorer, dans le délai, les factures de maintenance de Huawei qui totalisent déjà 7 mois d’arriérés.
Accoutumés aux dures épreuves à l’instar de nombreuses années d’impaiement des salaires qu’ils endurent depuis plusieurs années, les travailleurs de la SCPT ont réagi face à l’attitude du Vice-premier Ministre en faisant remarquer que c’est de haute lutte que la SCPT, pourtant opérateur public, a arraché la gestion de la fibre optique.
Sans mettre de gants, les opérateurs privés s’étaient ostensiblement opposés à ce que la gestion de la fibre optique revienne à l’entreprise publique. Ils craignaient une main mise de l’Etat Congolais sur la gestion de leur trafic aussi bien national qu’international.
Sureté et la souveraineté de l’Etat
Ils oublient, comme le souligne l’intersyndicale de la SCPT, que le secteur des télécommunications implique la sureté et la souveraineté de l’Etat. Etat post-conflit classé sur la liste des Etats fragiles, la RDC ne devrait donc pas s’engager dans un partenariat public-privé (PPP) qui ne tiendrait pas compte des impératifs de sa sureté.
Par conséquent, elle doit impérativement avoir une main mise dans le secteur. Cela ne peut se faire qu’à travers la SCPT, poursuit l’intersyndicale, société dans laquelle il demeure l’actionnaire unique à l’instar de China Telecom qui compte un budget annuel de 153 milliards de dollars us bien qu’évoluant dans un système monopolistique.
Au sujet de l’absence de maintenance préventive et curative qui serait à la base de la contre-performance de la fibre optique, la SCPT signale que Huawei n’est pas qualifié dans le service de maintenance. L’entreprise chinoise recourt à la sous-traitance dont les techniciens ont été formés par des ingénieurs de la SCPT.
Que le vice-Premier ministre relève les difficultés récurrentes de la SCPT à honorer dans les délais les factures de maintenance de Huawei, quoi de plus normal. Il néglige cependant de faire mention des colossales créances de la SCPT vis-à-vis de l’Etat Congolais. Ce dernier doit plus de 300 millions de dollars us à l’entreprise publique.
Sous ce chapitre, on peut noter en plus que le compte séquestre imposé à l’opérateur public ne laisse pas de coudée franche à ce dernier qui se trouve dès lors bloqué dans ses manœuvres. Non seulement que la procédure de demande des fonds lui est imposée, mais certaines rubriques parfois étrangères, le sont également.
Responsabilité de l’Etat Congolais
Lorsque la SCPT se heurte à l’insolvabilité et au défaut de maintenance préventive, le comité de gestion est mis en cause alors que l’entreprise a les pieds et les mains liés. Une fois de plus, la SCPT exige la levée du compte séquestre pour permettre le fonctionnement normal de l’entreprise et surtout d’assurer le paiement des salaires des travailleurs impayés depuis plus de 60 mois.
Dans ce sens, l’intersyndicale se préoccupe énormément de la poursuite de la réforme de cette entreprise suivant l’avis à manifestation d’intérêt n°04/CABS/Copirep/CPN/12/2014.
La séparation des activités des postes et télécommunications devra se faire dans le respect strict de la loi. A l’issue de cette séparation, la RDC devra disposer d’un seul exploitant public des télécommunications.
Quand à l’élaboration du plan social, l’intersyndical souhaite que le syndicat soit associé à cet exercice. La mise à la retraite anticipée de 4.000 agents et cadres, proposée par Copirep en 2006, ainsi que la modicité des sommes allouées aux retraités laissent un goût amer.
Point n’est besoin de souligner que la liaison Kinshasa- Moanda revêt une importance capitale pour charrier le trafic international au travers de la station d’atterrage de Moanda qu’il est nécessaire de fiabiliser cette artère à haut-débit et garantir les services de qualité aux opérateurs.
Par G.O.