Doublons : encore une diversion de la CENI !

Mercredi 24 juin 2015 - 09:24

Avec le retard déjà accumulé par la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI), par rapport à son calendrier, l’incertitude plane de plus en plus sur l’organisation des élections municipales, locales, urbaines et provinciales au cours de l’année 2015. Comme si le temps déjà perdu ne suffisait pas, les responsables de la CENI viennent d’ajouter encre une recette à la diversion, en laissant entendre que les listes réceptionnées pour les candidats députés provinciaux contiendraient plusieurs cas de doublons, qui demandent du temps pour être corrigés ! C’est en tout cas ce qui ressort de la réunion tripartite que la CENI a tenue avec les partis tant de la Majorité que de l’Opposition, le lundi 22 juin dernier à Kinshasa. Si certains partis des deux tendances ont cru à cette version, d’autres et non des moindres restent sceptiques et ne voient dans cette histoire de doublons qu’une diversion visant à faire passer le temps dans le but de mettre le pays dans l’impossibilité d’organiser les élections dans les délais constitutionnels en 2016, pour justifier le glissement tant redouté par les Congolais. Pour des observateurs avertis, en effet, les doublons, s’ils existaient sur les listes des candidats réceptionnées par la CENI, auraient été détectés automatiquement par le programme informatisé de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Et les partis concernés, dans ce cas, auraient été vite informés pour des corrections éventuelles. “ Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait parla CENI, alors que son programme informatique fonctionne bien ? “ Et pourquoi la CENI reste-t-elle muette sur l’identité des partis concernés par ces doublons s’ils existent réellement”?

Voilà autant de questions que se posent désormais plusieurs observateurs avertis qui pointent déjà un doigt accusateur sur la CENI en cas d’un glissement de mandat en 2016. Il semble d’ailleurs que la CENI ne dispose pas d’argent.

Un agenda caché

D’aucuns voient déjà derrière toutes ces manœuvres de la CENI un agenda caché visant à faire le jeu du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), dont l’ancien secrétaire général est l’initiateur du projet de loi électorale qui voulait conditionner l’organisation des prochains scrutins en RDC à l’organisation d’un recensement général de la population. Projet qui aura été à l’origine des émeutes sanglantes ayant endeuillé la ville province de Kinshasa en janvier dernier et qui a été finalement rejeté par les deux Chambres du Parlement.

Après avoir échoué sur ce front, le PPRD semble vouloir désormais s’appuyer sur la complaisance de la haute hiérarchie de la CENI pour faire retarder les échéances électorales, en vue de mettre la RDC dans une situation de fait en 2016, lorsqu’expirera le second mandat de Joseph Kabila, sans que l’on organise l’élection présidentielle. C’est à ce jeu dangereux et non démocratique que chercherait à se livrer la CENI, en cherchant à rouvrir les listes des candidats pour les élections provinciales, sous le prétexte fallacieux de doublons, pour permettre au PPRD de glisser d’autres noms sur les listes de ses candidats provinciaux. En cherchant à faire le jeu du PPRD, la CENI hypothèque son impartialité et son indépendance au détriment des autres partis qui veulent aller aux urnes dans les délais constitutionnels.

La diversion créée par CENI autour des doublons, qui n’existent peut-être pas, risque de porter encore préjudice au calendrier électoral global concernant les élections, qui doivent être organisées cette année et en 2016 et mettre en péril la démocratie en RD Congo. Il est donc grand temps que les partis politiques tout comme la société civile ouvrent l’œil et le bon.

Par DMK

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