Après plus de trois semaines des consultations, le président de la République a suffisamment d’éléments pour convoquer ou non des discussions politiques. Un choix difficile lorsqu’il faut considérer le boycott de ses vrais contradicteurs sur l’épineuse question liée au processus électoral.
Chefs religieux, chefs traditionnels, représentants d’institutions de la République, représentants des partis et regroupements politiques de l’opposition et de la Majorité présidentielle, gouverneurs de province, ambassadeurs et chefs des missions diplomatiques, patrons de presse, représentants de la jeunesse congolaise et estudiantine... A part quelques réfractaires de l’opposition, toutes lés sensibilités ont répondu à l’invitation du Chef de l’Etats, Joseph Kabila, lors des consultations ouvertes depuis le 1er juin. Comme l’a souligné Lambert Mende Omalanga dans une mise au point du gouvernement qu’il a signée le 11 juin Joseph Kabila, déçu du boycott des principaux partis de l’opposition qui n’avaient pas participé aux concertations nationales, va, après ces consultations, examiner si ça vaut encore la peine de convoquer un dialogue à l’absence de ceux qu’on peut qualifier d’interlocuteurs valables. Sinon, s’en tenir carrément aux points de vue des uns et des autres, recueillis pendant les consultations. Après plus de trois semaines des consultations des forces vives de la Nation et des représentants de la communauté internationale, le président de la République a suffisamment d’éléments pour décider. Une décision très attendue dans l’opinion, mais qui ne sera pas facile à prendre.
Le blocage
Le dialogue tant attendu devrait toucher essentiellement aux questions liées au processus électoral. Les élections, -sept scrutins prévus entre 2015 et 2016- sont confrontées à un certain nombre de contraintes. Parmi lesquelles, les dates « serrées » du calendrier global publié par la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le coût des élections (1 milliards 200 millions de dollars), l’éligibilité de nouveaux majeurs et la répartition des sièges.
L’opposition politique « radicale », au sein de laquelle on trouve le MLC, l’UNC, les FAC..., redoute que toutes ces contraintes provoquent le « glissement » du mandat de Joseph Kabila qui expire en décembre 2016. Surtout que la présidentielle, couplée aux législatives nationales, est la dernière d’une série d’élections programmées par la centrale électorale dirigée par l’abbé Maluma. D’où Kamerhe, Fayulu, Bemba par l’entremise de Bazaïda et d’autres opposants intraitables souhaitent un ajournement des élections locales, municipales et urbaines. Ces scrutins devraient se tenir, selon leur entendement, après la présidentielle et non avant, comme programmé dans le calendrier global. Une option soutenue également par la communauté internationale qui appel au réalisme et n’est disposée à financer que la présidentielle et les législatives.
Face aux contraintes financières qui paraissent insurmontables, il y a moyen de sauver ce qui, constitutionnellement, peut encore l’être. C’est-à-dire la présidentielle et les législatives qui, après 2006 et 2011, sont les seules élections à être organisées dans un décalage de cinq ans, comme le veut la Constitution. Mais pour le pouvoir en place, il n’y a pas d’élections qui soient plus « importantes que d’autres ». Donc, il faut s’en tenir au calendrier global de la CENI, malgré l’évidence selon laquelle les moyens financiers font défaut.
Autant de contradictions qui justifieraient la tenue d’un dialogue. Mais le problème est que tous les contradicteurs du pouvoir sur cette question ont boycotté celle rencontre qui, au-delà de tout soupçon, pourrait avoir une vertu : celui d’amener la classe politique nationale à dégager un consensus sur la question. Voilà pourquoi Kabila se trouve actuellement devant un dilemme.
Par Socrate Nsimba