Répondant à la question d'un journaliste sur l'intensification des massacres des civils dans le territoire de Beni au Nord-Kivu et aussi en Ituri, alors que l'état de siège est en cours depuis une année, le porte-parole de la MONUSCO, Mathias Gillmann, a prévenu que plus les groupes armés se sentiront acculés, plus ils chercheront à déverser leur colère sur la population.
Il l'a dit le mercredi 18 mai 2022 lors de la conférence de presse hebdomadaire.
"Il est certain que plus vous mettez la pression sur les groupes armés, plus vous allez avoir des morts civils. Malheureusement, c’est un effet pervers parce qu’évidemment les groupes armés, notamment les ADF et les CODECO, sont des groupes qui se vengent des opérations dont ils sont la cible contre la population civile", a-t-il dit.
Sur la décision de décréter l'état de siège dans les deux provinces, Mathias Gillmann a signifié que c'est une décision exclusive du gouvernement, sans bien entendu l'obligation de consulter ses partenaires.
"L’état de siège, c’est une décision souveraine qui a été prise par le gouvernement, les autorités congolaises, afin d’améliorer, en tout cas c’est comme ça qu’ils ont expliqué cette décision, afin de pouvoir intensifier la lutte contre les groupes armés, en mettant en charge de toutes les décisions, dans les deux provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, des militaires, avec un adjoint policier. C’est-à-dire, c’est leur décision, c’est ce qu’ils essaient de faire depuis maintenant plus d’un an", a-t-il signifié.
Il a par ailleurs exhorté l'armée à adapter ses stratégies pour contourner les manoeuvres de groupes armés, qui opèrent de plus en plus d'une manière disparate.
"Il faut continuer les efforts pour intensifier ça et effectivement essayer de protéger au maximum les civils qui sont victimes de groupes qui sont de plus en plus éclatés, et du coup, ce sont de plus en plus de petits groupes de combattants qu’il est effectivement très difficile de maitriser. Et il est effectivement toujours un défi de prévenir toutes les attaques dans un pays où les infrastructures sont si faibles et les groupes armés si nombreux. Mais on va continuer à travailler avec nos partenaires de l’armée", a ajouté le porte-parole de la mission onusienne.
D'après un rapport d'Amnesty International publié le 10 mai dernier, les massacres au Nord-Kivu et en Ituri se sont intensifiés depuis que l'état de siège a été décrété, le 3 mai 2021. Selon ledit rapport qui cite des sources onusiennes, entre juin 2020 et mars 2021, 559 civils ont été tués par différents groupes armés. Entre juin 2021 et mars 2022, le nombre de décès recensés est passé à 1261.
Bienfait Luganywa