Le professeur Marie Soleil-Frère de l’Université libre de Bruxelles et son assistante Anke Fielder font le tour de quelques médias congolais dans le cadre d’une étude consacrée au rôle que jouent les médias en général « dans l’émergence ou la prévention, l’intensification ou la décrispation, la gestion et la résolution des situations de conflit armé, voire la réconciliation entre les parties en présence ».
L’agenda de la directrice du Centre de Recherche en Information et Communication « Resic » prévoyait des entretiens hier mardi 14 avril 2015 avec plusieurs responsables et journalistes basés à Kinshasa. C’est dans ce cadre qu’elle s’est entretenue avec l’Editeur du journal Le Phare, Polydor Muboyayi. Quant à son assistante, elle a ciblé le Coordonnateur du Phare, Jacques Kimpozo, et le reporter Eric Wembakungu.
Peu avant de quitter Le Phare, Marie Soleil- Frère a expliqué les raisons de leur séjour à Kinshasa en ce mois d’avril 2015. A l’en croire, elle et son assistante vont séjourner à Kinshasa pendant une semaine, dans le cadre des recherches qu’elles sont chargées de mener en Afrique, pour le compte du projet Info Core (Informing Conflict Prevention Response and Resolution) de la Commission Européenne, en rapport avec le rôle des médias dans les pays touchés par les conflits armés ou post-conflits. Son champ d’action en Afrique concerne le Burundi et la ROC. D’autres chercheurs vont réaliser un travail similaire en Syrie, au Kossovo, en Macédoine, en Israël et en Palestine.
C’est dans ce cadre qu’elles ont eu des entretiens avec des patrons des médias et des journalistes kinois, avant de se rendre à Goma dans un proche avenir.
« Nous allons faire une sorte d’étude comparative », c’est-à-dire chercher à nous imprégner des difficultés et autres problèmes auxquels sont confrontés les médias de différents pays dans la couverture des guerres, rébellions, etc. Quelles sont leurs sources d’information? », a-t-elle souligné.
Elle a déclaré que d’une manière générale, les journalistes africains ne sont pas bien payés, travaillent loin des zones des conflits, sont parfois taxés de « traîtres s’ils cherchent à faire parler les mutins. L’autre difficulté épinglée par l’hôte du Phare est que les autorités militaires rechignent à parler.
S’agissant de la RDC, c’est depuis 1996 que les bruits de bottes se font entendre au Nord-Est du pays et l’un des épisodes de cette guerre du Kivu est la rébellion du M23.
Selon elle, les difficultés diffèrent parfois d’un pays à un autre. Au Burundi, a-t-elle indiqué, les violences ont souvent lieu dans la partie du pays appelée « Bujumbura rurale ». Le problème de mobilité ne se pose pas pour les reporters désireux de faire leur travail. Tel n’est pas le cas pour les journalistes kinois qui doivent parler des faits qui se déroulent à l’Est de la ROC.
Néanmoins, Burundais et Congolais ont un sérieux rieux problème en commun l’insécurité. Peu motivés, ils peuvent être tentés de se désintéresser de ces conflits armés. Les journalistes occidentaux, d’habitude mieux rémunérés, ont des gilets pare-balles et bénéficient d’autres mesures de protection quand ils sont dans des zones de conflits, a-t-elle indiqué. Le projet de la Commission Européenne prend fin l’année prochaine et c’est probablement en 2016 que les chercheurs retenus pour ce travail vont finaliser leur étude.
L’université Ludwig-Maximilien de Munich, Interdisciplinary Center Herzeliya à Tel Aviv, Global Governance Institute de Bruxelles, l’Université Libre de Bruxelles, l’Ecole de Journalisme et des Relations Publiques de Skopje font partie des 9 partenaires retenus par l’Union Européenne dans le cadre du projet « Info Core »
Professeur d’université et habituée à effectuer des séjours en RDC dans le cadre de ses activités professionnelles, Marie Soleil- Frère est auteure de plusieurs ouvrages sur les médias.
Par Jean-Pierre Nkutu et Myriam Iragi