Masisi : SMB tentée par une Joint-venture avec SOGECOM (Tribune de P. Kasereka Paluku)

Mardi 26 juillet 2022 - 12:13
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La SMB (Société Minière de Bisunzu) n’est pas au meilleur de sa forme ces dernières années. Sa production aussi bien en coltan qu’en cassitérite pique du nez. La situation est loin de s’améliorer. 

 

Ainsi SMB serait tentée par une Joint-Venture (JV) avec SOGECOM (Société Général de Commerce), une société indienne spécialisée dans la manufacture et qui s’est lancée également dans les minerais des 3 T. Seulement voilà, cette initiative est malvenue parce que survenant sur fond d’inconvenances avérées qui caractérisent l’exploitation minière de la SMB dans le Masisi : superposition du titre PE 4731 lui attribué sur celui de SAKIMA (Société Aurifère du Kivu et du Maniema) propriétaire, le PE 76 qui se trouve amputé, abus des droits de l’homme avec mort d’hommes, inexistence des engagements sociaux envers la population depuis plus de 20 ans, etc.

La SMB est-elle dans l’œil du cyclone ? L’on est tenté de le dire. Ces dernières années, sa situation n’est pas de meilleur. Elle accède de moins en moins au marché international ; sa production aussi bien coltan qu’en cassitérite battant de plus en plus de l’aile. Elle est en chute libre après quelques années de gloire où elle occupait une place de premier plan. Apparemment, la situation est loin de s’améliorer. La société est confrontée à plusieurs problèmes, notamment financier, judiciaire, social, voire politique avec les accusations portées contre elle à l’Assemblée nationale à la base d’une commission parlementaire d’enquête qui sera à l’œuvre lors de la session ordinaire de septembre.

 

A cause des abus en matière des droits de l’homme suite aux traitements dégradants et inhumains infligés aux populations riveraines du PE 4731 à Rubaya, dans le Masisi, qui ont causé mort d’hommes, les partenaires financiers de la SMB, dont l’exploitation minière est caractérisée par de nombreux incidents sur le plan de due diligence, voire de traçabilité, se sont recroquevillés, lui privant ainsi de la pactole pour financer ses activités. Le Programme de due diligence, ITSCI, avait fini par être trop regardant eu égard à ces incidents récurrents sur le terrain en les dénonçant avec véhémence, ce qui amena la SMB à embrasser un autre programme, le BSP.

Ses relations avec la communauté sont des plus troublantes. Non seulement que depuis 2000, année d’acquisition du PE 4731 (36 carrés) comme butin de guerre sous couvert du mouvement rebelle RCD, suite à l’amputation du PE 76 (360 carrés) de SAKIMA, SMB n’a jamais signé un quelconque engagement social, sous forme de cahier de charges, vis-à-vis de la population. Elle n’a non plus développé aucune activité industrielle, cependant sa garde industrielle s’est toujours montrée impitoyable à l’égard des riverains. Trois corps de ses victimes sont gardés depuis juin 2019 à la morgue de l’Hôpital Général de Référence de Goma ; la population réclamant que justice soit faite après des condamnations non suivies d’effets des responsables de ladite société.

 

Une Joint-venture en vue avec SOGECOM

En vue de se sortir de cette mauvaise passe, SMB envisagerait une JV avec SOGECOM, une société indienne spécialisée dans la manufacture et qui s’est découvert également les aptitudes minières. Cependant, cette initiative est le malvenue au regard des frasques qui caractérisent la démarche de l’un des partenaires, en l’occurrence SMB. En effet, il importe de noter que l’acquisition du PE 4731 par l’entreprise d’Edouard Mwangachuchu est une véritable entrave au Code minier. Cette concession résulte d’une amputation de celle de SAKIMA sous l’occupation de l’Est du pays par le RDC et n’a jamais fait l’objet d’aucune cession, ni de vente de la part de SAKIMA. D’où pour la communauté du Masisi, particulièrement de Rubaya, la paix dans cette contrée passe par la remise à l’Etat propriétaire, sous couvert de SAKIMA, du PE 4731 arbitrairement attribué à SMB.

Dans ce contexte, SOGECOM, à travers la JV envisagée, va hériter et de l’actif et du passif lourd de SMB, accusée également d’héberger dans sa concession de faux policiers recrutés parmi les M23 et des jeunes rwandais. Le colonel Van Kasongo, commandant second de la Police au Nord-Kivu, en a fait les frais. C’est donc un grand risque à prendre.

D’autre part, SOGECOM ne paraît pas avoir une bonne réputation dans le secteur des 3 T. Des minerais, qui échappent à la RDC, seraient captés pour son compte de l’autre côté de la frontière par MSA, entreprise basée à Gissenyi. SOGECOM est fournisseur de l’Américaine GAM par le biais de HALCYON, une société indienne basée à Dubaï. Mais, il semblerait que de HALCYON à GAM, les minerais changent de nomenclature. Ils passeraient ainsi du coltan au titane.

Une guerre économique en vue contre les minerais du Congo. Après s’être constitué des stocks importants en minerais des 3 T d’origine parfois illégale, GAM, d’après des sources concordantes, voudrait tourner le dos à la RDC. Elle serait ainsi sur le point de relancer ses mines en Australie, dont le coût de production est cependant exorbitant parce que les minerais étant plus en profondeur, contrairement à ceux de la RDC qui sont à fleur du sol. Ces minerais sont aussi de faible teneur en tantale.

 

Afin de tordre le coup à la RDC qui est présentement premier producteur mondial du coltan, bien que l’exploitation soit de type artisanal, des actions de sape seraient au rendez-vous. Une campagne tous azimut serait en vue afin de frapper les minerais congolais sur le marché international en le taxant de minerais de sang. Entre autres raisons évoquées : la présence massive des enfants dans les mines. Après que le rapport avril 2022 de GLOBAL WITNESS ait fait flop, un autre rapport, ficelé par UKAID revient à la charge. C’est donc un embargo qui profilerait à l’horizon contre les minerais des 3 T congolais.

                                                                                                                           

Paul Kasereka Paluku

 

 

 

 

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