RDC: un jeune parlementaire raconte son expérience au parlement à travers le livre « Démocratie parlementaire ou escroquerie du souverain primaire en RDC »

Jeudi 20 août 2020 - 17:45
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La littérature congolaise vient de s'enrichir avec un nouveau livre. Le titre est à la fois évocateur et provocateur : " DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE OU L'ESCROQUERIE DU SOUVERAIN PRIMAIRE EN RDC; TÉMOIGNAGE D'UN JEUNE ASSISTANT PARLEMENTAIRE". Une affirmation qui n'est en réalité qu'une interrogation. Son auteur est l'ex-assistant parlementaire et activiste des droits de l'homme, Didier Materanya Akili. Il livre son témoignage au grand public avec des faits vécus. Le bouquin sera officiellement présenté au grand public en septembre.

L'espoir a cédé la place au désespoir

Le peuple a fondé beaucoup d'espoir aux élections depuis  2006, après une longue période des troubles. Ironie du sort, le pays n'est pas encore sorti du bourbier. Certaines langues déclarent que la RDC s'enfonce dans l'abîme nonobstant trois cycles électoraux. 

Didier Materanya démontre que l'optimisme suscité par le choix des élus a tourné au vinaigre. Il s'est fondu comme une glace sous l'effet d'une forte chaleur. Une courte joie, une utopie et une illusion. L'espoir a cédé la place au désespoir.

Une démocratie trompe-l'oeil 

En effet, les avancées  démocratiques cosmétiques occultent à peine une rupture entre les électeurs et les élus, les députés nationaux notamment. Le fossé entre les parlementaires et le peuple a laissé la place à la déception.  Les institutions sont ainsi discréditées à cause de l'attitude des élus. L'auteur fait savoir entre les lignes que le pouvoir est confisqué au peuple. Tous les votes-sanctions contre les élus  depuis 2011, n'ont produit aucun effet. Le constat de la  déconnexion du peuple de ses représentants, valide l'hypothèse ''d'escroquerie du souverain primaire". Une véritable arnaque. Cela renvoie automatiquement à "la notion de trahison" selon l'auteur.

En dépit de l'indépendance et de la liberté dont jouit l'Assemblée nationale, la mission du parlement ressemble  plus à une pièce de théâtre avec des débats stériles et improductifs.

La voracité des élus et l'utopie des électeurs

Ayant pénétré à fond les profondeurs de l'Assemblée nationale, Didier Materanya Akili   révèle plusieurs pratiques qui bloquent l'essor démocratique et l'éclosion du pays. Parmi ces pratiques, il souligne les intérêts personnels, égoïstes et mesquins des députés, l'affairisme au parlement, le goût prononcé du lucre et du prestige, le niveau d'instruction de certains parlementaires, le clientélisme, le népotisme, le débauchage politique, la place et la stratégie des motions, les rôles des assistants parmentaires, le mot d'ordre lors des votes, la condescendance de l'autorité morale, ... 

Dans un tel contexte, il est presqu'impossible d'attendre un travail de qualité du parlement. Materanya cite Victor Hugo : " la grande erreur de notre temps est de courber l'esprit des hommes vers la recherche du bien matériel. Il faut relever l'esprit de l'homme et le tourner vers la conscience...".

Ils sont les mêmes malgré quelques exceptions c'est pourquoi la majorité populaire est contre la majorité parlementaire.

L'analyse de l'auteur du livre peut être étendue à toutes les institutions au sein desquerelles siègent les élus. Leur comportement est presque le même. En faisant une lecture approfondie, aucune sphère n'est épargnée. Et la citation de Tony Léon est assez éloquente : "...les gouvernements produits par des élections peuvent se révéler inefficaces par des intérêts particuliers... ces qualités rendent ces gouvernements indésirables mais ne les rendent pas antidémocratiques". C'est exactement le cas en RDC où la majorité populaire s'oppose constamment à la majorité politique et/ou parlementaire.

Gaby Kuba Bekanga