Le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila débarquait triomphalement à Kinshasa, après avoir conquis pratiquement – avec l’aide des Kadogo – tous les territoires de la République Démocratique du Congo (RDC). Et le Maréchal Mobutu, terrassé par la maladie, trahi par ses proches et désavoué par la population, s’enfuyait la veille à bord de son avion, en compagnie de membres de sa famille. Trois ans plus tard, soit le 16 janvier 2001, il était assassiné dans son bureau, à l’intérieur du Palais de Marbre, dans la commune de Ngaliema. Etrange coïncidence que celle qui aligne sa mort juste un jour avant la date anniversaire de celle de Patrice Emery Lumumba. Mais comme maints observateurs avertis l’ont constaté, cette coïncidence dans la mort s’est manifestée depuis toujours aussi bien dans leurs convictions politiques que leur vie. Mieux que quiconque, Laurent-Désiré Kabila a été un fidèle adepte du Premier ministre Lumumba dont il a voulu pérenniser les idéaux et poursuivre le combat. Et comme lui, il a été assassiné par des forces obscures et a quitté cette terre de ses ancêtres en martyr. On retiendra pour l’histoire que sur cette terre et ses territoires qu’il a conquis en un clin d’œil, et où il a été accepté et applaudi par des milliers des Congolais, comme leur libérateur de la dictature du Maréchal Mobutu, l’homme a gardé un mythe.
En effet, partie de la province de Kivu, la rébellion animée par Laurent-Désiré Kabila et ses partenaires de l’AFDL contre la dictature a envahi rapidement les principales villes et territoires du pays. Partout, les forces de sécurité de Mobutu sont battues ou mises en débandade. Et les rebelles accueillis en libérateurs. Du Kivu à la Province Orientale, en passant par le Katanga, les deux Kasaï, le Bandundu, les jeunes soldats (kadogo) de L.D Kabila finiront par atteindre les faubourgs de la capitale, où ils étaient acclamés, les partis politiques de l’opposition ayant déjà mobilisé l’opinion publique pour bien les accueillir. L’UDPS d’Etienne Tshisekedi se félicitait même de cette avancée et prévoyait un pacte républicain entre les différents partis de l’opposition pour conduire les affaires du pays et asseoir la démocratie. D’aucuns entrevoyaient déjà le moment où L.D. Kabila et Etienne Tshisekedi entreraient ensemble dans un stade, la main dans la main, pour tenir un meeting d’union entre les partis de l’opposition. Malheureusement, l’hostilité des membres de l’AFDL à ce rapprochement, a constitué un obstacle majeur à cette union des patriotes.
Rappelons qu’à son retour à Lubumbashi, après avoir bouclé la campagne de conquête de toutes les provinces, il s’est proclamé président de la RDC. A Kinshasa, il a confirmé son leadership à la tête du pays par une politique sociale d’auto-prise en charge. Des cantines de ravitaillement de la population kinoise en denrées alimentaires de première nécessité ont ouvert leurs portes dans presque toutes les communes. Les recrues aussi bien dans les rangs des Fardc et que de la Police nationale congolaise ont vu leur solde fixée à 100 USD. Sur le plan économique, il avait catégoriquement tourné le dos à l’Occident. Refusant d’aliéner le pays sur une ligne d’endettement auprès des partenaires financiers internationaux, Mzee L.D. Kabila a fait de la production locale, son principal cheval de bataille. D’où la création du Service national, une structure qui a donné la formation à des milliers de jeunes sans emplois. Même pour la production de certaines munitions pour l’Armée nationale, Mzee L.D. Kabila avait envisagé une solution congolaise. Mécontent de cette ligne politique foncièrement tournée vers la consommation nationale, son entourage de l’AFDL, a tenté de le renverser sans succès en 1997. C’est de là qu’est partie la brouille qui a abouti à la rébellion des Banyamulenge (Rwandais) sous la bannière de RCD comme parti politique. Malheureusement, le 16 janvier 2001, Mzee sera assassiné.
SAKAZ