Le blocage de l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces renforce, selon l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), l’incertitude et aggrave les angoisses quotidiennes de la population congolaise quant à la volonté de la majorité actuelle au pouvoir de respecter l’esprit et la lettre de la constitution en ce qui concerne l’organisation des élections présidentielle et législatives dans les délais constitutionnels, c’est-à-dire le 27 novembre 2016.
« Cette situation est d’autant plus que dangereuse qu’elle prend des allures d’une entrée dans le fameux glissement , de façon à permettre à l’actuel président de la République de demeurer indéfiniment au pouvoir, même sans élection, plongeant ainsi le pays dans un coup d’Etat constitutionnel permanent », a déclaré le Secrétaire général de l’UNC, Jean-Bertrand Ewanga avant de souligner que c’est un vide juridique qu’il faut absolument éviter, car il ne sera ni dans l’intérêt du peuple et encore moins de ceux qui œuvrent pour cela.
Au cours d’un point de presse animé hier mercredi 2 septembre 2015 dans la salle des conférences de la paroisse Notre Dame de Fatima, à Gombe, Ewanga a rappelé que la Majorité et la CENI ont effectivement saisi la Cour Constitutionnelle en interprétation de la loi sur la libre administration des provinces pour obtenir de cette institution, un avis favorable, devant constituer son feu vert pour perpétrer, selon lui, un énième désordre institutionnel et légal.
Le Secrétaire général de l’UNC est convaincu que le pouvoir en place, qui a perdu sa confiance en sa capacité de continuer indéfiniment à dicter ses consignes aux députés provinciaux pour orienter leur choix en faveur des différents candidats préparés pour obtenir le glissement, envisage un passage en force.
Dans ses tergiversations, poursuit-il, le calcul est simple : placer la CENI dans l’incapacité matérielle d’organiser l’élection des gouverneurs des provinces, et par voie de conséquence, saisir la Cour Constitutionnelle ( ce qui est déjà fait ) pour obtenir son aval et, sous prétexte d’exception et cas de force majeure, dissoudre les assemblées provinciales et nommer les gouverneurs de son obédience.
Tout en rejetant catégoriquement toute nomination des gouverneurs, fut-elle par ordonnance présidentielle, Ewanga considère pareille manœuvre comme un coup porté au processus de démocratisation de la RDC.
Refusant le recul de la démocratie en RDC, ce proche de Kamerhe a mis en garde la majorité au pouvoir contre une telle décision, qui énerve la constitution en ce qu’en aucune de ses dispositions, elle ne reconnait au Président de la République un tel pouvoir, en dehors de celui d’investir des gouverneurs après leur élection organisée par la CENI.
Ce haut cadre de l’UNC dénonce le rôle que la Majorité au pouvoir et la CENI veulent faire jouer la Cour Constitutionnelle, afin de les aider à réaliser leur agenda caché contre la République, en favorisant la prolongation du mandat de l’actuel locataire du Palais de la Nation.
Afin de prévenir tout glissement, l’UNC suggère au gouvernement, au cas où l’élection des gouverneurs de nouvelles provinces ne serait pas possible, de renoncer carrément à son projet de leur démembrement, projet dont la mise en œuvre précitée se révèle un cuisant échec, et de retourner à l’ancienne organisation territoriale et administrative du pays, soit 10 provinces plus Kinshasa, la capitale, en attendant que le nouveau pouvoir qui sera issu des élections de 2016, puisse préparer, dans les conditions requises, la mise en œuvre de cette disposition constitutionnelle.
Outre ce point sur la saisine de la Cour Constitutionnelle, Jean-Bertrand Ewanga a abordé d’autres questions d’actualité, notamment la campagne tendant à susciter la révision constitutionnelle sur les médias d’Etat, l’enquête sur la fosse commune de Maluku, la saisine de l’aéronef de la nouvelle compagnie nationale, Congo Airways, par la justice irlandaise, et la déstabilisation des fonctionnaires et agents de l’Etat.
ERIC WEMBA