L’activiste Christopher Ngoy Mutamba localisé à l’ANR

Mercredi 28 janvier 2015 - 11:39

L’Ongdh américaine plaide pour l’autorisation de ce militant à recevoir des visites de ses avocats et de sa famille

Un haut responsable des services de renseignements de la République démocratique du Congo a déclaré à Human Rights Watch (HRW) le 26 janvier courant que l’activiste Christopher Ngoy était détenu par les services de renseignements congolais, mais le lieu de sa détention n’a pas été divulgué. En plus, il n’a pas été autorisé à recevoir des visites de sa famille ou d’un avocat. » Les autorités devraient le libérer immédiatement, sauf s’il est mis en accusation pour un délit crédible « , déclare-t-il.

» Chaque jour qui passe augmente les inquiétudes pour la sécurité de l’activiste Christopher Ngoy « , soutient Ida Sawyer, chercheuse senior sur la RD Congo à Human Rights Watch. » Les autorités congolaises devraient immédiatement et publiquement faire connaître l’endroit où il se trouve et le libérer s’il a été détenu illégalement ou pour des raisons politiques. « , dit-elle.

HRW craint que Ngoy soit victime de disparition forcée depuis son arrestation le 21 janvier 2015.
Le 26 janvier, l’administrateur général de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), Kalev Mutond, a informé à Human Rights Watch que Ngoyi était détenu par l’ANR, mais il n’a pas donné d’autres détails quant au motif de son arrestation ni à son lieu de détention.

55 ans, Christopher Ngoy Mutamba est président de l’organisation de défense des droits humains Synergie Congo Culture et Développement. Il était engagé dans la mobilisation du public en vue des manifestations contre les propositions de modification de la loi électorale le 12 janvier et pendant la semaine du 19 janvier dans la capitale Kinshasa.

Christopher Ngoy Mutamba est coordinateur national d’un réseau d’organisations congolaises de la société civile. Il est également co-fondateur de » Sauvons le Congo « , une coalition de partis politiques et d’organisations de la société civile créée en 2014 pour lutter contre des propositions de modification de la constitution, dont certaines permettraient au président Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la limite de deux mandats établie par la constitution.

Récits de HRW

Le 21 janvier, vers 20h, plusieurs hommes, dont certains portants des uniformes de la police militaire, ont accosté Ngoyi alors qu’il rencontrait des collègues dans un bar en plein air de la commune de Kalamu à Kinshasa. Ils l’ont contraint à monter à bord d’une jeep blanche non immatriculée et sont partis.

Plus tôt ce jour-là, Christopher Ngoy faisait partie d’une délégation d’activistes des droits humains et de dirigeants de partis d’opposition, dont des membres du parlement, qui se sont rendus à l’Hôpital général de Kinshasa pour apporter leur soutien aux personnes blessées pendant les manifestations. Juste après que la délégation ait quitté l’hôpital, des militaires appartenant à un détachement de la Garde républicaine chargée de la sécurité présidentielle sont entrés dans l’hôpital et ont ouvert le feu sans distinction, blessant trois visiteurs.

Le lendemain matin suivant l’arrestation de Ngoy Mutamba, une jeep transportant des hommes vêtus d’uniformes de la police militaire était stationnée devant la maison de Ngoyi dans la commune de Barumbu à Kinshasa vers 4h du matin.

Vers 5h30, environ six hommes en civil sont entrés à son domicile et ont montré un mandat de perquisition à des membres de sa famille. Ils ont ensuite fouillé la maison et emporté des documents appartenant à Ngoy Mutamba. Ils ont indiqué à la famille de Ngoyi que celui-ci était détenu à l’auditorat militaire du district de la Gombe.

Des membres de la famille et des collègues de Ngoy se sont rendus à l’auditorat militaire de la Gombe, ainsi que dans d’autres lieux de détention officiels et prisons de Kinshasa, mais ils n’ont pas réussi à le localiser.

Les autorités leur ont déclaré que Christopher Ngoy n’était pas détenu dans ces établissements. Les militants congolais des droits humains ont exprimé leur préoccupation pour la vie et la sécurité physique de Ngoy.

» Le gouvernement devrait immédiatement informer la famille de Ngoyi de l’endroit où celui-ci se trouve et des raisons pour lesquelles il est détenu « , déclare Ida Sawyer. » Les autorités devraient aussi assurer qu’il n’est ni torturé ni maltraité, et qu’il a accès à un avocat, a droit à la nourriture, et aux soins médicaux « .

Par Godé Kalonji Mukendi