La RDC et LAC devant les cours et tribunaux

Mardi 3 février 2015 - 13:27

Depuis qu’il préside aux destinées du ministère des Transports et Voies de communication, Justin Kalumba Mwana Ngongo n’a jamais effectué une quel conque visite de travail au sein de la compagnie aérienne nationale Lac.
Samedi 31janvier dernier, alors qu’ils s’apprêtaient à plier bagage, les techniciens de Lignes aériennes congolaises assurant le service minimum au hangar technique, ont été sur- pris de voir débarquer en trombe dans leurs installations le ministre de tutelle technique.

Potentialités et capacités installées uniques en Afrique Centrale

Que pouvait présager une telle présence de l’autorité à 16 heures, heure à laquelle tous les travailleurs étaient sensés se trouver chez eux loin de l’aéroport international de N’Djili?

Curieux, ils se sont mis volontiers à sa disposition pour lui faire visiter les installations techniques de Lac que le ministre ne connaissait jusque-là que sur papier ou à travers les rapports édulcorés de ses collaborateurs. Tous les membres de sa délégation, parmi lesquels ceux qui ont des visées obscures sur le hangar technique, ont été édifiés sur les potentialités ainsi que les capacités installées au hangar et dans les ateliers techniques de Lac dont aucune autre compagnie aérienne ne dispose en Afrique Centrale, voire au-delà.

Tous les opérateurs aériens congolais branchés sur les ateliers de Lac

Disons-le sans ambages, toutes les compagnies aériennes qui desservent la RDC, bénéficient largement de l’assistance technique des chevronnés de Lac et de ses équipements et matériels. Cette évidence est apparue une fois de plus lors des réunions de certification des compagnies aériennes congolaises toutes branchées par les experts de l’IATA et de I’APAVE vers les ateliers de la compagnie aérienne nationale Lac en vue d’assurer la maintenance de leurs aéronefs.

Lac se trouvait du reste en bonne posture dans la troisième phase de certification de ses manuels lorsqu’un des fils-maison a placé le couteau sous la gorge des délégués de Lac en leur interdisant intempestivement la poursuite de la défense du dossier de la compagnie aérienne nationale devant les experts de I’APAVE. Au grand dam de ces derniers sidérés devant la dangereuse immixtion de la politique dans ce domaine de technologie de pointe.

Boeing 737 de Lac toujours bloqué au sol

Curieusement, c’est cet instrument désigné de la RDC qui demeure dans le cercle fermé des transporteurs détenant le secret des meilleurs feux d’artifices du continent que le Gouvernement s’acharne à enterrer vivant.

Cette visite tardive et un peu à la sauvette du ministre des Transports et Voies de communication dans les installations techniques où se trouve du reste bloqué au sol le Boeing 737-200 fraîchement reconditionné dans les ateliers de Eas Services à Perpignan, en France où les aéronefs battant pavillon congolais étaient interdits de vol/survol dans l’espace aérien de l’Union Européenne, est loin d’être innocente et soulève moult questions dans l’opinion. Il est un fait indéniable qu’on ne peut pas construire ex nihilo une nouvelle compagnie aérienne digne de ce nom. L’imposant patrimoine tant matériel qu’immatériel de Lac suscite beaucoup de convoitises. Comme la mayonnaise tarde à prendre dans l’échafaudage de la nouvelle compagnie aérienne, tous les regards sont tournés vers Lac que d’aucuns voudraient dépecer comme des vautours sans vergogne. Ainsi, toute honte bue, les cols blancs s’acharnent à précipiter la mort subite de Lac pour la substituer par la « Transco » aérienne à ériger sur les cendres du «Léopard volant».

Quid des sages conseils des diplomates africains?

«Ce qui s’est passé au niveau du transport de surface avec l’élimination de Stuc et CityTrain, ne se fera pas aussi aisément dans le secteur du transport aérien où les paramétras diffèrent totalement », nous a soufflé à l’oreille un expert du Conseil Supérieur du Portefeuille parlant sous le sceau d l’anonymat. En effet, au ministère du Portefeuille, de nombreux experts sont très montés contre les chevauchées de certains membres du cabinet de Mme la ministre qui viennent de s’engager dans une voie qui risque de coûter cher la République.

Cet expert rappelle les précieux conseils prodigués à cette autorité par certains ambassadeurs des pays de la sous-région dont la liquidation de leurs compagnies nationales continue à saigner leurs Etats aux quatre veines au regard des prescrits des lois nationales et des instruments juridiques internationaux signés et ratifiés par leurs Etats.

La RDC a claironné sous tous les toits avoir signé et ratifié les instruments de l’OHADA entrés en vigueur depuis le 12 septembre 2012. Ses dirigeants ont-ils intériorisé l’Acte Uniforme de I’OHADA, particulièrement en ce qui concerne les Sociétés commerciales ? Des doutes subsistent au regard des attitudes et comportements affichés sur le terrain.

Auto-prise en charge des Cadres et Agents Lac

Les Cadres et Agents de Lac ont loyalement servi la nation congolaise dont ils ont porté haut l’étendard pendant plusieurs décennies sur tous les continents. Ils refusent le suicide collectif et le sacrifice en pertes et profits à l’autel des tireurs de ficelle tapis dans l’ombre. Forts de la recommandation de Mzee Laurent Désiré Kabila, ils se sont pris en charge à travers l’ONG de défense des droits des Agents et Cadres de Lac. Avec le concours de leur conseil Me Mbu ne Letang, Bâtonnier national et avocat à la Cour suprême de justice, ils ont assigné en justice l’Etat congolais en sa qualité de propriétaire unique de Lac ainsi que la compagnie aérienne nationale dont la personnalité juridique est totalement distincte. L’audience est programmée incessamment d au Tribunal de Commerce.

Quels dividendes pour l’Etat congolais?
Que gagne l’Etat congolais en cherchant en gonfler démesurément le nombre de chômeurs au moment où les Etats membres des Nations Unies se sont tous engagés à combattre la pauvreté ? Que gagne l’Etat congolais en foulant aux pieds ses propres lois et les instruments juridiques internationaux signés et dûment ratifiés ? Au moment où le secteur du transport aérien fait eau de toutes parts, quels dividendes tire la RDC en sevrant sa population d’un instrument désigné qui a toujours servi de référence en Afrique subsaharienne ? Qu’engrange l’Etat congolais en laissant sur le pavé toutes ces compétences qui ont aligné de hauts faits d’armes pendant des décennies en ne provoquant aucun accident ayant causé mort d’homme, en mettant leur matière grise au service de la création de Cameroon Airlines ou la, Force aérienne congolaise ? Que cache cet acharnement du Gouvernement congolais à extirper Lac des Entreprises publiques transformées en Sociétés commerciales et protégées par la Loi n°12/009 du 31 décembre. 2012 leur accordant un moratoire qui court jusqu’au 31 décembre 2015? La liste serait longue. Vivement l’avènement d’un Etat de droit. Le Tribunal de Commerce est tenu de faire montre de son indépendance pour dire le droit et ainsi rétablir la compagnie aérienne nationale et ses sociétaires dans leurs droits tout en redorant l’image de la magistrature congolaise. Affaire à suivre.
Ya’EBENDE (CP)