Iconoclaste, le député du Mouvement de libération du Congo MLC- ne se fatigue pas d’aborder une thématique qui le tient à cœur : la jeunesse. Avec beaucoup de passion et de tact, le jeune élu de la Lukunga repart au combat dans une interview accordée à AfricaNews, explorant différentes pistes devant permettre à la jeunesse RD-congolaise de prendre une conscience citoyenne. D’autres questions de l’heure dont la motion Kitebi, Burkina-Faso … n’ont pas été épargnées.
L’unique élu MLC de la Lukunga, la trentaine révolue, plaide pour la prise de conscience des jeunes, en même temps qu’il en appelle à un sens de responsabilité dans le chef de ceux-là qui sont censés être des référents de cette jeunesse.
Germain Kambinga Katomba est cartésien dans son raisonnement. Le combat en faveur de la jeunesse, il a commencé avant même de siéger à la chambre basse. Il refuse de ce fait que la jeunesse de son pays, au moins les 70% de la population active, fasse l’objet des manipulations politiciennes. Il se bat pour une jeunesse responsable, consciente de son rôle et de ses responsabilités. Le mardi 4 novembre 2014, quelque part dans la capitale Kinshasa, AfricaNews est allé à la rencontre d’un Kambinga engagé dans sa cause, dégageant plein d’énergie et de vitalité, toujours prêt à torturer des idées reçues, naviguer à contre courant et, surtout, d’assumer ses convictions et sa liberté de parole.
En 2011, lorsque Germain Kambinga, à peine trente-trois ans d’âge se présente aux élections législatives à Lukunga, la circonscription électorale la plus difficile de Kinshasa au regard de la qualité des candidats en lice, personne ne pouvait lui donner la chance d’être parmi les heureux élus. Ironie du sort, le Mouvement de libération du Congo –MLC-, amoindri par l’absence de son chef, Jean-Pierre Bemba, incarcéré à la CPI, et miné par des dissensions internes, devait affronter sur le terrain des candidats UDPS requinqués par le retour sur la scène du sphinx sans compter ceux de la Majorité présidentielle bien armés financièrement par leurs partis respectifs. A la proclamation des résultats, le jeunot gagne un siège pour son parti, l’unique d’ailleurs dans cette circonscription, loin devant le SG Thomas Luhaka, son dauphin. Depuis, la vie politique de Kambinga a pris une autre dimension. La tribune de l’Assemblée nationale ainsi que son statut d’élu national lui permettent de porter haut ses idées … et surtout d’intensifier son combat pour la jeunesse. Quand on lui demande : « estimez-vous que la jeunesse RD-congolaise, inspirée par les événements de Burkina-Faso, a-t-elle pris une conscience politique ? », sans ambigüité, l’élu MLC de la Lukunga sursaute presque : « la conscience citoyenne est différente de la conscience politique. Si jamais cela arrivait, c’est que nous, les référents, nous avons échoué. Les dirigeants ont failli à leur tâche ». Puis : « la démocratie est avant tout un état d’esprit. Ce n’est pas seulement le fait de s’opposer à un régime. Nous devons permettre à cette jeunesse de rêver les postes de responsabilité dans ce pays, de faire des bonnes études … ».
Afin d’arriver à une prise de conscience généralisée des jeunes, le député préconise la création des espaces dynamiques d’échange entre les jeunes et les référents.
Kambinga s’oppose au fait que les jeunes pour lesquels il se bat soient relégués au simple rang d’applaudisseurs ou des suiveurs.
Chute de Compaore, affaire Jean-Pierre Bemba et motion contre Kitebi.
Le porte-parole du MLC est bien connu pour son franc-parler. Sur la question relative à la situation du Burkina-Faso, il se réserve à toute extrapolation des inductions. Il invite cependant la Majorité à en tirer les leçons. « C’est qui est arrivé ailleurs peut aussi arriver ici. La RD-Congo a déjà suffisamment connu les affres de la guerre pour s’offrir une nouvelle crise », prévient-il. Bien plus, quand il s’agit d’évaluer aujourd’hui l’Opposition RD-congolaise, son camp politique, Kambinga n’y va pas par le dos de la cuillère. « L’Opposition est très affaiblie à cause de l’absence de deux géant que sont : Etienne Tshisekedi pour des raisons de santé et Jean-Pierre Bemba, incarcéré à La Haye pour des raisons politiques. Seules ces deux personnalités peuvent mobiliser des centaines voire des millions de personnes dans la rue. En leur absence, l’Opposition est vraiment orpheline », estime-t-il, suggérant à son groupe de ne pas baisser le bras pour autant. Il faut combler ces vides. A condition que l’Opposition se réorganise. « … Chaque parti politique doit repenser sa stratégie, son programme, ses modalités de fonctionnement, sortir du nombrilisme, sortir de la guerre successorale non dite, pour construire une alternative. C’est à ces conditions qu’elle pourra appeler à des marches pouvant mobiliser un million d’âmes. Et pour ce faire, l’Opposition doit se consolider, privilégier la cohésion interne afin de devenir crédible, capable de mobiliser des millions de personnes et, ainsi, défendre ses intérêts ».
Germain Kambinga est parmi cette race qui défend encore le chairman du MLC, Jean-Pierre Bemba. Il croit dur comme fer que la libération de Fidèle Babala est un motif d’espérance pour les militants du MLC, meurtris ces 6 dernières années par l’adversité politique.
Abordant la question du contrôle parlementaire, GKK rappelle le principe : « le MLC avait promis de faire une opposition républicaine. L’objectif de l’Opposition n’est pas forcément de faire des victimes au sein de la Majorité, une procédure du reste compliqué parce que c’est la MP qui détient les clés du processus de sanctions politiques ». inscrite à l’ordre du jour de la plénière de ce vendredi 05 novembre, la motion contre le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Finances, Patrice Kitebi, a moins de chance d’aboutir, selon les analyses de Kambinga, qui dirige d’ailleurs un groupe thématique au sein de la Commission Ecofin. L’élu de la Lukunga a une fois de plus naviguer à contre-courant, en refusant de soutenir cette motion initiée par l’Opposition. Il évoque la clause de la conscience.
Membre de l’Ecofin, Kambinga a un accès privilège à la pure information. Ce qui le pousse à constater deux anomalies, l’une de forme et l’autre de fond. Du point de vue forme, il fallait attendre l’examen de la Loi de reddition des comptes avant d’initier la motion. « Sans trahir les conclusions de la Commission, je peux d’ores et déjà dire qu’il n’y a pas détournement dans le chef du ministre Patrice Kitebi », assène-t-il. Encore une fois, Kambinga s’assume et reste conformiste. Du point de vue fond, vu que le gouvernement a justifié, document à l’appui, l’erreur dans l’imputation du code budgétaire du porte-parole de l’Opposition, le débat ne devait plus être la motion de défiance, mais plutôt la recherche de l’origine de cette erreur. Equilité oblige !
Henry MBUYI