*Au lendemain du discours d’ouverture de la session extraordinaire à l’Assemblée nationale prononcé par Aubin Minaku allant dans le sens d’apaiser la tempête politique, après qu’il ait habilement écarté toute idée de révision constitutionnelle, on aurait pensé que la tension baisserait d’un cran. Loin sans faux. A l’instar du vif débat sur la révision constitutionnelle, la loi électorale devient, elle aussi, le point de crispation. L’Opposition prévient que tout changement de loi électorale sera utilisé comme élément déclencheur. La Majorité justifie la modification de la loi électorale pour régler toutes les questions de fraudes et renforcer les pouvoirs des témoins. Le choc frontal est, apparemment, décalé.
Le Président de l’Assemblée nationale a vu sa cote remonter dans l’opinion depuis qu’il a prononcé son important discours inaugural de la session extraordinaire, qui va du 27 décembre 2014 au 26 janvier 2015. Sur toute la ligne, il n’y a pas beaucoup à redire. Sauf quand Aubin Minaku laisse ouverte la possibilité que le Gouvernement dépose, incessamment, le projet de loi modifiant la loi électorale existante. Car, le retrait, il y a peu, de trois projets de lois électorales émanant du Gouvernement, pourtant déposés tambour battant au Bureau de l’Assemblée nationale, en mai dernier, ne correspond en rien à un abandon définitif. L’un des Députés les plus en vue de la Majorité Présidentielle, Henry Thomas Lokondo, souhaite ardemment que le Gouvernement revienne avec le projet de loi électorale. Il va le lire parce que ce n’est pas dans sa logique de réfuter un document non encore lu. Ceux qui ne seront pas intéressés par le contenu du projet en tireront les conséquences, dit-il. L’allusion est ici faite aux opposants qui ne veulent pas faire double emploi en discutant autour d’une loi déjà existante. C’est le point de vue du Député Martin Fayulu très connu à Kinshasa pour ses prises de position parfois tranchées. Fayulu ne trouve pas utile de changer les règles de jeu pendant que le cycle électoral est lancé depuis le 28 novembre 2011. La règle de jeu à respecter, c’est la loi portant organisation des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales du 25 juin 2011. En journalisme, les faits sont sacrés, libres sont les commentaires. Aubin Minaku a dit ce qu’il avait à dire. Sur sa table, actuellement, il n’y a aucune trace d’un projet de loi électorale. Mais la question est inscrite à l’ordre du jour sur interpellation du Chef de l’Etat dans son discours sur l’état de la Nation. Pour Aubin Minaku, le 15 décembre 2014, le Président Joseph Kabila demandait au Parlement de mettre à la disposition de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) les lois nécessaires au parachèvement du processus électoral. Un constat peut facilement être fait. Le Président de l’Assemblée nationale bascule du côté de ceux qui accordent la priorité aux élections locales et municipales. Aussi, a-t-il invité le Gouvernement à déposer, dans les meilleurs délais, le projet de loi fixant les circonscriptions électorales y afférentes. Aubin Minaku rappelle, au passage, que l’organisation des élections municipales et locales est conditionnée par le vote et la promulgation préalable de l’annexe à la loi électorale. Il reste que ce qui passe pour une priorité dans le camp de la Majorité ne l’est forcement pas pour les opposants. Au sein de l’Opposition, des voix se lèvent pour exiger la publication du calendrier électoral global reprenant la présidentielle et les législatives nationales dans le délai constitutionnel. Qui plus, tous les ténors de l’Opposition parlementaire, à commencer par Eve Bazaïba du Mouvement de Libération du Congo (MLC), Vital Kamerhe de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), Samy Badibanga du Groupe Parlementaire Udps et Alliés ainsi que tant d’autres, ont renouvelé leur menace de boycotter toutes les plénières de l’Assemblée nationale consacrées à l’examen des lois électorales. Quelle sera la configuration politique à l’issue de la session extraordinaire ? Difficile à prédire.
La Pros.