En octobre 2014, la sécurité ougandaise avait arrêté et remis aux autorités provinciales du Nord-Kivu, 54 jeunes congolais qui avaient traversé la frontière ougandaise sans « papiers ». Il avait été découvert, après vérification, qu’il s’agissait d’un contingent de futurs combattants recrutés par deux ex-officiers du Mouvement du 23 mars, non éligibles à l’amnistie. Originaires des groupements de Jomba et Butanza, dans la chefferie de Bwisa, en territoire de Rutshuru, les recrues avaient mordu à une promesse de travail et de voyage pour l’étranger.
Selon une récente édition de la revue « Les Nouvelles du Continent », des recrutements massifs et suspects de jeunes filles et garçons ont repris avec force au Nord et au Sud-Kivu, sous le label de la Muslim Defense International (MDI). Sous divers prétextes, notamment celui de bénéficier tantôt des bourses d’études pour une formation spécialisée à l’extérieur, tantôt celui de profiter d’offres exceptionnelles d’embauche, ou encore celui de suivre une formation coranique de haut niveau, des jeunes sont recrutés à coups d’argent et envoyés vers le « Grand Nord », sans espoir de retour dans leurs familles.
A en croire des rumeurs qui circulent avec persistance au Nord et au Sud-Kivu, les recrues sont envoyées dans des maquis situés dans le massif du « Graben », en territoire de Beni, non loin de la frontière ougandaise, où elles sont entraînées au maniement d’armes et à l’initiation à la foi islamique. On laisse entendre que des réseaux animés par des combattants islamistes ayant appartenu au M23 ainsi que leurs frères d’armes opérant encore sous la bannière de l’ADF seraient très actifs dans les camps d’entrainement où finissent par atterrir les jeunes congolais.
Par conséquent, on n’exclut pas l’hypothèse d’une connexion avec les Shebab planqués au Kenya et en Somalie et, pourquoi pas, les Djihadistes qui sèment la terreur au Cameroun, au Nigeria, au Mali, au Niger, en Libye et au Moyen-Orient. On croit savoir que les bailleurs de fonds se recruteraient dans les milieux islamistes. Car, depuis un temps plus ou moins long, des mosquées commencent à pousser, comme des champignons, dans des villages du Nord et du Sud-Kivu.
D’après « Les Nouvelles du Continent », les forêts du massif du Graben auraient déjà accueilli, dans le passé, de jeunes combattants islamistes recrutés au Kenya, en Ouganda, au Rwanda, au Soudan et même au Nigeria, pour des formations accélérées au métier des armes, avant d’être renvoyés dans leurs pays respectifs, aux fins d’intégrer des mouvements terroristes. Il semble que les recruteurs se méfiaient jusque-là de jeunes congolais, trop portés sur l’argent et trop tièdes au plan des convictions politiques et religieuses. Grâce sans doute aux espèces sonnantes et trébuchantes mises sur la table par des recruteurs, on constate des adhésions massives au saut dans l’inconnu.
Bientôt, des terroristes islamistes congolais ?
Certainement au courant des départs massifs des jeunes vers le Nord-Kivu, les autorités provinciales s’inquiètent d’assister à l’émergence, dans les semaines ou mois à venir, des mouvements terroristes de type islamiste animés par des Congolais. Il n’est pas impossible qu’à défaut de déstabiliser l’Est du Congo par le biais des mouvements rebelles tels que le M23, l’ADF ou les FDLR, déjà fichés par la communauté internationale et actuellement sous la traque des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo), les ennemis de la paix et de la stabilité du grand Congo aient opté pour des actions des hors la loi du genre « Shebab » ou « Boko Haram ».
Ce qu’il faut souhaiter maintenant est que dans leur plan d’éradication des « forces négatives » internes et étrangères, les autorités civiles et militaires congolaises puissent intégrer des opérations transparentes et non sentimentales d’investigation en direction des réseaux des recruteurs des jeunes dans les villes et villages du Nord et Sud-Kivu. Tout devrait être fait pour infiltrer le massif du « Graben » et démanteler les camps secrets d’entrainement des miliciens islamistes. Si la RDC ne parvient pas à tordre le cou à la menace terroriste islamiste à partir de différents sites d’entrainement localisés au Nord-Kivu, on risque de se retrouver demain avec des escadrons de la mort impossibles à gérer, comme c’est le cas actuellement avec Boko Haram au Nigeria.
Kimp