Convoqué plus d'une année après sa création en RDC
Institué en vertu des articles 79, 201 et 210 de la constitution et conformément aux articles 7, 8 et 12 de la loi organique y afférente, le Conseil économique et social de la RDC existe en fait et en droit et ses membres sont déjà mis en place aux termes de cette même loi.
Plus d'une année après avoir vu le jour, cette structure a été convoquée lundi dernier en session inaugurale pour le 16 courant par Joseph Kabila !
L'occasion faisant le larron, il convient de rappeler que ce conseil économique et social a pour rôle essentiel d'émettre des avis consultatifs sur les questions économiques et sociales lui soumises par le président de la République, l'Assemblée nationale, le sénat et le gouvernement.
Cependant, conformément à certaines dispositions de la loi qui le régit, le conseil économique et social de la République peut, de sa propre initiative, formuler des avis sur les mêmes questions.
Il peut également appeler l'attention du gouvernement et de provinces sur les réformes qui lui paraissent de nature à favoriser le développement économique et social du pays.
Pour quelle destination ?
Compte tenu de ce qui précède, cette structure qui commence à fonctionner en RD Congo pour la première fois depuis l'indépendance a la responsabilité de promouvoir le dialogue entre les principaux acteurs économiques et sociaux, en vue de permettre la confrontation des analyses et des expériences réalisées par des organes qui brassent les mêmes matières… au sein de l'énorme appareil de l'Etat !
Le train du conseil économique et social de la RDC est bel et bien lancé. Mais, pour quelle destination précisément ?
En effet, comme nous l'avons signalé plus haut, le conseil économique et social est une expérience nouvelle à vivre dans le pays.
Il apparaît aux yeux de beaucoup de congolais instruits comme un trou noir dont personne ne connaît l'issue. Les membres appelés à y siéger n'auront pas des documents de référence sur lesquels ils pourraient se rabattre pour guider leurs pas sur ce terrain totalement inconnu d'eux. Que va-t-il donc se passer dans les jours à venir ?
Quelle garantie d'efficacité ?
Rien qu'en lisant attentivement le point relatif à l'énorme responsabilité qui incombe à cet organe consultatif de l'Etat en matières économique et sociale on peut deviner avec angoisse la suite de la session inaugurale fixée au 16 courant : » …permettre la confrontation des analyses et des expériences réalisées par des organes qui brassent les mêmes matières au sein de l'énorme appareil de l'Etat «
En fait les matières ayant trait à l'économie et au social sont traitées invariablement dans des cellules spécialisées de la présidence de la République, de la primature, des ministères ayant l'économie et le social dans leurs charges, de l'Assemblée nationale, du sénat, de services de renseignements, etc.
On peut comprendre aisément que toutes ces structures ayant compétence pour traiter des questions ayant trait à l'économie et au social sont affectées d'un coefficient très significatif de conflictualité qui interdit tout le monde d'être optimiste quant à l'avenir radieux du conseil économique et social dont la session inaugurale vient d'être annoncée par une ordonnance de Joseph Kabila.
Comme les ministères aux premiers mois sombres de l'indépendance nationale, le conseil économique et social fonctionnera suivant la fameuse loi d'essais et d'erreurs ayant conduit le pays à la crise dont nous ressentons encore les effets aujourd'hui !
On prétend qu'une coordination viendra jouer le rôle de » sapeur pompier » entre les différentes structures appelées à intervenir dans la gestion de l'économie et du social congolais mais avec quelle garantie d'efficacité parce que le sapeur pompier sera lui-même un novice en la matière ?
Par Kambale Mutogherwa