Les ateliers du cinquantenaire du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) se sont poursuivis vendredi 21 et samedi 22 novembre dernier au Centre Nganda sous la modération de l’honorable Adolphe Muzito, cadre du Palu. Au cœur du débat, la situation sécuritaire en République démocratique du Congo, l’état de lieux de l’armée et révolution de la situation économique du pays.
Pour permettre une analyse sans complaisance de ces questions de haute portée politique, le Palu, parti cher à Antoine Gizenga, a fait appel à des sommités intellectuelles dont l’expérience n’est plus à démontrer.
Au nombre desquels Thomas Luhaka, Philippe Biyoya, Jean Claude Masangu, Léon de St Moulin et Pr Omeonga, l’honorable Kuete. Ils ont tous croisé le fer au Centre Nganda non seulement pour rechercher les causes mais aussi des pistes de solutions à ut crise qui a ses racines dans l’histoire du pays.
Le gouverneur Jean Claude Masangu, qui trame derrière lui une expérience dune décennie à la tête de la Banque centrale du Congo.
L’ancien argentier du régime s’est appesanti sur trois points essentiels susceptibles d’aider à comprendre les contours de l’économie congolaise peu après l’indépendance en 1960. Il s’agit du rappel historique de la RDC lié aussi à la situation politique, les causes prâfondes.de la pauvreté du Congo en dépit de ses potentialités et des recommandations.
Jean Claude MASANGU situe aux années 60, la crise multiforme qui frappe le peuple congolais, suite aux sécessions et rébellions qui ont occasionné l’intervention des troupes de I’ONU en vue de pacifier le territoire congolais.
Ce fut le moment de fuite des capitaux avec l’expulsion des blancs et le ralentissement des activités économiques ayant entrainé la rétrocession, le pillage jusqu’à provoquer une inflation à quatre chiffres.
Allant plus loin que son prédécesseur, le Prof. OKITO, cadre du Palu, s’est penché sur les questions liées à l’évaluation de l’évolution de l’économie congolaise, ce dernier a remonté l’histoire pour relever le fait qu’avant la colonisation, l’économie congolaise fût celle d’échange en forme de troc.
Au passage de l’Etat Indépendant du Congo (EIC) au Congo Belge, le colon a mis en place deux stratégies majeures pour la stabilisation de l’économie. Les Belges ont organisé une bonne administration, permettant à l’Etat à percevoir l’argent; et une bonne stratégie de communication avec la construction et l’entretien des routes suivis de l’organisation de bons services des postes.
Auscultant les causes de ta crise économique, l’orateur a évoqué bien avant les pillages des années 91,93, la zaïrianisation et le choc pétrolier qui ont fortement détruit l’économie congolaise.
Le Prof. Okito a proposé en effet une mise en place d’une bonne administration, un bon climat des affaires et un renforcement de la micro économie.
La mal gouvernance
Au début des ateliers, c’est le père Léon de Saint Moulin qui a tenté de répondre à la question de savoir « Pourquoi rnalgré.les potentialités dont elle regorge, la RD Congo demeure-telle un pays pauvre ? “. De prime abord, l’orateur a reconnu que le bassin du Congo est une réalité naturelle dont les hommes ont pris conscience depuis des siècles. Il a ensuite indiqué, chiffres à l’appui, que la population du Congo augmente rapidement avant de rappeler que les trois quarts de ce qui existe au pays (infrastructures, investissements) ont été réalisés après 1960.
Pour Léon de Saint Moulin, deux causes sont à l’origine de la pauvreté au Congo. Il s’agit des causes externes, conséquence d’une économie d’écumoire et les causes internes caractérisées par le manque de bonne gouvernance du bien commun. Il a terminé sur une note d’espoir en donnant les trois conditions du développement, s’inspirant de l’expérience allemande. A ce sujet, il a plaidé pour une discipline et une gestion compétente, une politique extérieure plus dynamique et des investissements réalisés par des nationaux. Il a enfin appelé les partis politiques à contribuer dans la mobilisation des efforts pour le développement.
La sécurité au peigne fin
Bien avant les questions économiques, les participants aux ateliers des 50 ans ont ausculté avec le Secrétaire Général du MLC, Thomas Luhaka, la situation Sécuritaire dans l’est de la RDC. Ce dernier a commencé par épingler les causes de cette insécurité cyclique avant de donner des pistes de solutions. Dans le volet des causes, il en a relevé de trois sortes à savoir : historiques, politiques et économiques. Pour résoudre ce problème récurrent, le député national du MLC a plaidé en faveur notamment de la restauration de l’Etat, de la réhabilitation de l’administration publique et la consolidation de la démocratie.
Pour sa part, le Professeur Philippe Biyoya a insisté sur le rôle de l’armée et des services de sécurité dans le processus d’intégration et de paix au niveau de la sous-région.. Cet analyste indépendant de grand renom a estimé qu’il n’est pas possible de s’ouvrir à l’extérieur tant qu’on n’a pas encore réussi à sécuriser ses propres frontières. Le panafricanisme tel que prôné par les pères de l’indépendance n’était ni politique, ni économique mais plutôt culturel. Après une analyse approfondie de la situation de notre armée et nos services d’intelligence, en tant que pivot dé la stabilité d’un Etat et gage de paix, Philippe Biyoya est confiant que seule la stabilité et la paix interne peuvent nous ouvrir les portes des autres pays dans le cadre d’une intégration régionale responsable.
Le Professeur Omeonga a fait une analyse à la fois rétrospective et prospective de l’armée nationale congolaise depuis l’époque de Léopold II. Il a présenté ainsi en quelques lignes le bilan des forces de sécurité et les services de renseignements en RDC.
Faisant une sorte de radioscopie d’une armée nationale et républicaine, le professeur a dégagé les pesanteurs et l’importance des forces de renseignement avant de proposer quelques voies de sortie.
L’orateur souligne que la RDC peine à restructurer son armée et ses services par de manque de complicité avec la population et suite à l’échec du processus de brassage devant servir à l’Etat de disposer d’une armée homogène.
Il a déploré en outre le fait que l’armée de la 2ème République, au lieu de travailler pour la préservation du territoire nationale et la protection des ressortissants, était plutôt soumise aux injonctions de l’étranger.
Que faire ?
Le Professeur Mbela s’est interrogé sur ce qu’il faut faire avec un Etat en situation d’instabilité mais qui est engagé dans le processus démocratique. II a remis en cause tout procès négatif fait à notre armée et nos servi ces de renseignement.
En revanche, il a plaidé pour hi multiplication des efforts pour leur professionnalisation et leur modernisation. L’orateur estime qu’en comparaison avec d’autres pays, la RDC a besoin d’engager d’autres policiers pour combler le gap et respecter les standards internationaux. Il a appelé à l’organisation des journées portes ouvertes dans les casernes des militaires pour constater les conditions infrahumaines dans lesquelles vivent ces hommes et femmes qui sont appelés à nous sécuriser et à défendre les frontières nationales. Pour clore, il a recommandé la finalisation de la réforme de l’armée et de la police. Mais aussi des services de renseignement.
En définitive, l’Honorable Luete a insisté sur le caractère républicain de l’armée et de la police. Il a indiqué qu’à ce jour, la RDC s’est dotée d’une batterie de textes pour gérer l’armée et la police avant d’ouvrir la brèche sur le respect de la hiérarchie et la chaine de commandement.
Par Rex Yakorum