Chéride Kasonga, "l’Afrique vient en aide à l’Afrique" 

Dimanche 11 septembre 2016 - 20:04
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Chéride Kasonga, l’Afrique vient en aide à l’Afrique
Chéride Kasonga vient de rentrer de Pibor, l’une des régions les plus nécessiteuses du Soudan du Sud toujours en proie au conflit. Entre mars et septembre 2016, le médecin congolais a travaillé dans un Centre de Santé de Référence soutenu par Médecins sans Frontières. Pour lui, partir en mission avec l’organisation est un moyen de remplir son idéal de médecine de qualité pour tous.
« Dans mon pays, j’étais buté à une réalité du système de santé non subventionné qui veut que les malades s'acquittent eux-mêmes des frais de leurs soins de santé. Il était alors difficile pour nous d’offrir des soins à ceux qui n'avaient pas des moyens financiers et ainsi de respecter le serment d’Hippocrate qui exige que tout médecin mette la santé de ses patients en priorité. C’est pourquoi, j’avais choisi de travailler pour MSF pour pouvoir exercer librement et avec une conscience tranquille la médecine que j'ai apprise».
Depuis 2007, sous le gilet estampillé MSF, Chéride a travaillé au projet Karibu, Niangara et Bikenge en République Démocratique du Congo. Puis il est parti en tant qu’expatrié pour l’organisation. Il est passé par le Mali, la Mauritanie, la République Centrafricaine puis, tout récemment, au Soudan du Sud pour une mission de six mois.
« J’ai travaillé pendant 8 ans dans mon pays. J’ai des amis qui y sont restés, qui sont près de leurs familles et qui gagnent plus d’argent que moi. Mais le fait d’aller hors de la RDC m’a permis de gagner beaucoup en termes d'expériences. En tant que médecin, il est important de connaitre son patient, sa façon de vivre, ses habitudes alimentaires et de vie, ses conceptions,... pour bien le soigner. Cette aptitude que j’ai entre autres acquise a grandi mon humanité dans l’exercice de mon métier. De plus, travailler dans des endroits où les gens ont vraiment besoin de votre secours est très important pour moi, même si parfois cela peut comporter des risques ».
Chéride Kasonga était le seul médecin du Centre de Santé de Référence de Médecins sans Frontières à Pibor. Ce projet de MSF vise une population d’environ 170 000 personnes qui n’a aucun autre accès aux soins de santé dans le comté. Entre avril et juillet 2016, le Centre a mené 19 488 consultations externes et hospitalisé plus de 230 patients.
De la supervision des activités aux tâches administratives en passant par la prise en charge clinique des patients et la formation du personnel, les journées de travail du médecin congolais étaient toujours un peu marathon, mais offrir des services gratuits à une population qui n’a pas accès aux soins médicaux était gratifiant pour lui.
« Nous connaissions parfois beaucoup de difficultés pour atteindre certains postes de santé : lors de la saison des pluies, les routes sont impraticables et les eaux des rivières ne sont parfois pas assez profondes pour qu’une pirogue puisse y voguer. Dans cette situation ces postes de santé ne pouvaient plus référer des malades graves à Pibor. Mais quand vous arrivez à soigner et à redonner la joie de vivre, les sourires de patients ou de leurs proches vous font beaucoup de bien », note le médecin.
Comme dans son pays, et un peu partout où il est passé avec MSF, son travail s’est toujours fait dans un contexte sécuritaire assez instable. Mais même avec des sueurs froides, « la flamme pour l’humanitaire ne s’est jamais éteinte » affirme-t-il.
Au-delà des soucis humanitaires que peuvent engendrer l’insécurité, un autre problème, plus médical, lui rongeait le cœur : les habitudes d’utilisation de la médecine traditionnelle dans laquelle Chéride n’a pas confiance. « Cela faisait que beaucoup de gens nous arrivaient dans un état de santé très dégradé parce qu’ils avaient longtemps trainé entre les mains des praticiens non qualifiés ou qu’ils avaient longtemps pris des substances dont ils ignoraient la toxicité; alors que nous fournissions gratuitement des soins de qualité », regrette Chéride.
Paludisme, maladies diarrhéiques, infections respiratoires, ce sont des cas qui étaient récurrents dans le Centre de Santé de Référence de Pibor. Mais d’autres cas ont marqué Chéride Kasonga, comme des blessures par armes blanches ou par balles qui de fois font suite à un conflit entre générations.
« Une fois, un jeune garçon de 25 ans nous a été amené dans un état de confusion mentale avec multiples plaies profondes, sur la tête, le dos, les bras et les jambes. Il avait été frappé par machettes par les membres de la famille d'une fille avec qui il sortait. Il avait perdu connaissance pendant environ 24h avant de se réveiller et de rester confus plusieurs jours. Nous l'avions admis et soigné. Notre grande joie a été de voir ce monsieur sortir de l'hôpital ayant recouvré ses capacités physiques et mentales après 45 jours d'hospitalisation».
De retour dans son Congo natal, Chéride Kasonga affirme savourer le plaisir d’être avec sa famille. Mais il sait bien qu’une autre partie de lui se satisfait à satisfaire des patients. Et c’est avec une impatience à peine voilée qu’il attend repartir sous d’autres cieux pour le compte de MSF, nous confie-t-il. Mission : sauver des vies, coûte que coûte !

 

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