Dans une adresse à la Nation prononcée ce mardi 18 novembre 2025, l’opposant politique Martin Fayulu a vivement critiqué l’accord-cadre de Doha, récemment évoqué dans les discussions régionales sur la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. À l'en croire, ce texte « ne saurait constituer la base d’un accord de paix durable ».
Martin Fayulu estime que les discussions engagées autour de l’accord de Doha ne répondent ni aux réalités du terrain ni aux exigences juridiques internationales qui encadrent la question congolaise. Il appelle à recentrer le processus sur la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée en 2023, qui condamne explicitement l’agression du territoire congolais par le M23 et exige leur retrait immédiat.
> « L’accord-cadre de Doha ne peut pas servir de base à un accord de paix véritable. Les discussions devaient se limiter à la mise en œuvre intégrale de la Résolution 2773, qui demeure le seul instrument légitime et contraignant », a déclaré l’opposant.
Selon lui, accepter Doha comme fondement reviendrait à contourner les décisions internationales qui reconnaissent la souveraineté de la RDC et à affaiblir la position diplomatique du pays face aux acteurs impliqués dans la crise.
Par ailleurs, Fayulu accuse le gouvernement congolais de participer à un « processus parallèle » qui pourrait, selon lui, mettre en péril les acquis diplomatiques obtenus ces dernières années au Conseil de sécurité. Il affirme que l’accord de Doha introduit des mécanismes qui pourraient légitimer certaines revendications du M23, et ainsi fragiliser davantage l'État congolais.
Il estime que toute négociation qui s’écarte du cadre onusien risque de créer un dangereux précédent :
> « Lorsque le Congo accepte des discussions en dehors du cadre de la Résolution 2773, il affaiblit la vérité juridique qui établit clairement l’agression dont notre pays est victime », a-t-il dit.
Pour Martin Fayulu, la voie de la paix durable passe par trois axes qu’il considère non négociables :
- L’application stricte de la Résolution 2773, incluant le retrait des groupes armés soutenus de l’extérieur ;
- Le renforcement des capacités militaires congolaises, afin que « la souveraineté du pays ne soit plus négociable sur aucune table » ;
- La mise en œuvre d’un dialogue national interne, destiné à réconcilier les forces politiques congolaises et à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions.
Il accuse le gouvernement de manquer de cohérence stratégique et d’envoyer des signaux contradictoires à la communauté internationale, ce qui, selon lui, compromet la défense des intérêts nationaux.
Cette sortie intervient alors que les tensions restent vives au Nord-Kivu, marquées par des combats répétés entre les FARDC et l’AFC/M23. Le gouvernement congolais, lui, affirme que toute initiative internationale visant à ramener la paix mérite d’être considérée.
Roberto Tshahe Da Cruz