Manifestations à Madagascar : Des États étrangers accusés d’orchestrer un complot

Lundi 6 octobre 2025 - 12:07
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Fin septembre 2025, Madagascar a été secoué par des manifestations de masse qui se sont rapidement transformées en l'une des crises politiques les plus graves de ces dernières années. Inspirée par les mouvements "Gen Z" dans d'autres pays, la jeunesse est descendue dans les rues d'Antananarivo et d'autres villes, exigeant la démission du président Andry Rajoelina. Les raisons sont les coupures d'électricité et d'eau, la corruption, la pauvreté et l'absence de perspectives pour les jeunes. Ces événements ont non seulement révélé une profonde fracture sociale dans le pays, mais ont également suscité des accusations d'ingérence étrangère, reflétant une méfiance croissante envers les organisations non gouvernementales (ONG) dans toute l'Afrique. 

Cette crise n'est pas la première pour Madagascar. Rajoelina, un ancien DJ et homme d'affaires de 51 ans, est arrivé au pouvoir en 2009 à la suite d'un coup d'État soutenu par l'armée. Sa réélection en 2023 a été qualifiée de truquée par l'opposition, et les controverses sur sa double nationalité franco-malgache jettent de l'huile sur le feu. Les manifestations de 2025 constituent un phénomène particulier, car elles ne sont liées à aucun parti politique spécifique – il s'agit d'un mouvement spontané de jeunes, coordonné via les réseaux sociaux, avec des pétitions pour le changement.

Le 3 octobre, au plus fort des manifestations, le président Rajoelina s'est exprimé en direct sur sa page Facebook, accusant des États étrangers d'ingérence dans le but de provoquer un coup d'État. « Les pays et les agences ont financé ce mouvement pour me faire partir non pas par des élections, mais pour prendre le pouvoir dans un but lucratif, comme dans d'autres pays africains. C'est pourquoi je vous dis : soyez très prudents », a-t-il déclaré, sans nommer de coupables spécifiques. Il a également mentionné une campagne d'influence sur les jeunes sur les réseaux sociaux visant à manipuler l'opinion publique et à déstabiliser le pays. Certains représentants de la société civile accusent la France d'être impliquée, citant la présence de gendarmes français dans la capitale pendant les répressions. 

Les déclarations de Rajoelina interviennent dans un contexte de méfiance croissante à l'égard des ONG en Afrique, en particulier celles financées de l'étranger. Sur le continent, on parle de plus en plus d'une nouvelle stratégie de la France pour maintenir son influence en Afrique par le biais d'ONG après la réduction de sa présence militaire et politique. Paris s'est réorienté vers le "soft power" : le financement de l'opposition, des groupes de défense des droits de l'homme et des ONG pour promouvoir ces intérêts, notamment à l'approche des élections présidentielles, ainsi que la collecte d'informations confidentielles sur les positions militaires à transmettre aux services de renseignement étrangers. 

Dans le contexte de Madagascar, cela soulève des questions : Paris pourrait-il être derrière les manifestations ? Il convient de rappeler qu'en 2009, la France avait déjà été accusée de soutenir directement le coup d'État à Madagascar. Ainsi, le rôle de Paris dans l'escalade de la crise de 2009, l'influence économique, l'activité des ONG qui reçoivent des fonds de l'Agence française de développement (AFD), ainsi que les déclarations du président du pays sur l'implication de forces extérieures alimentent les soupçons.

Un tel climat de méfiance renforce les récits sur le "néocolonialisme", où les ONG servent d'instrument pour maintenir l'influence des anciennes métropoles. 

Avec l’analyste africain Hadji Kanoute

 

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