
Les tensions s'intensifient au Nord-Kivu, avec une crise humanitaire et sécuritaire qui atteint des sommets, selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), couvrant la période du 1 avril au 30 juin 2025. Cette province de l'Est de la République Démocratique du Congo est en proie à des conflits armés incessants, entraînant des déplacements massifs de populations et une précarité alimentaire généralisée.
D'après ce rapport, plus d'un million de personnes sont actuellement déplacées à l'intérieur du Nord-Kivu, avec 1,03 million d'individus ayant fui leurs foyers, bien que 2,01 millions de personnes aient regagné leurs localités d'origine, elles se retrouvent souvent dépourvues des services essentiels. La situation est d'autant plus critique que plus de 4,19 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire, classée au niveau IPC 3+.
Selon OCHA, la ville de Goma a bénéficié d'un répit relatif sur le plan militaire, mais elle est confrontée à une montée préoccupante de la criminalité urbaine. Les vols à main armée, les homicides et les cambriolages sont devenus monnaie courante, faisant au moins une dizaine de victimes mortelles en juin.
Parallèlement, rapporte cette ONG, la province est frappée par une recrudescence alarmante des cas de variole simienne (Mpox), avec plus de 6 300 nouvelles infections recensées, dont la moitié dans la seule ville de Goma et le territoire de Nyiragongo.
Malgré ces défis immenses, les organisations humanitaires poursuivent leurs efforts. Quelque 56 000 personnes ont bénéficié d'une aide alimentaire dans le Grand Nord (Butembo, Katwa, Musienene...), et près de 160 000 personnes ont reçu une assistance à Rutshuru. Plus de 46 800 déplacés ont eu accès à des soins de santé primaires gratuits, et 3 200 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont été pris en charge.
Dans le cadre des initiatives de protection, 322 enfants non accompagnés ont été réunis avec leurs familles, et 595 survivantes de violences sexuelles ont reçu un soutien médical et psychosocial. Sur le front de l'eau et de l'assainissement, 21 sources d'eau ont été réhabilitées à Masisi et Rutshuru, plus de 523 latrines ont été construites, et près de 10 000 personnes ont été sensibilisées aux pratiques d'hygiène essentielles.
La visite de terrain du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Tom Fletcher, à Goma, Masisi et Nyiragongo, a même souligné l'impact de cette crise. L'OCHA appelle à cet effet la communauté internationale à mobiliser des ressources alors que de nombreux partenaires se retirent faute de financements, laissant plusieurs zones de santé sans couverture humanitaire.
David Lupemba, à Goma