
Sur initiative de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), Kinshasa accueille, du 25 au 27 juin, la première édition du forum continental africain sur les « mégas-barrages et la crise climatique ».
Des délégués venus de l’Afrique du Sud, du Mozambique, de la Namibie, de la Guinée-Conakry, du Nigéria, du Ghana, du Kenya, de l’Ouganda, du Togo, du Cameroun, du Brésil, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, ainsi que les communautés locales d’Inga, de Luozi, de Songololo, de Busanga; celles vivant autour du barrage de Sombwe, de Ruzizi ; et les ONG de Boma, Matadi et de Kinshasa y prennent part.
Ils réfléchissent sur « comment mobiliser les acteurs pour travailler ensemble à la réalisation d’une transition énergétique juste en Afrique, limitant ainsi le développement de grands projets comme Inga aux impacts dévastateurs sur l’environnement, l’économie et le social des communautés locales ».
Il est également question de la transition énergétique pour savoir quels types de projets promouvoir, ou s’il faut continuer avec le modèle économique extractif basé sur les grands projets d’infrastructures qui ne bénéficient pas en premier aux communautés locales.
« Ce forum est motivé par les politiques développées par les États autour des projets d’infrastructures et par la vision africaine sur les initiatives mises en place pour le développement énergétique en particulier et le développement de façon générale, ainsi que la récente vision de la Banque mondiale qui veut revenir, dix ans après, dans le financement de grands barrages. On se pose la question de savoir est-ce la solution quand on sait que la Banque mondiale était déjà partie et pourquoi elle revient », a souligné Emmanuel Musuyu, secrétaire exécutif de la CORAP.
Dans son exposé, le conseiller principal du chef de l’État en charge de l’environnement, urbanisme et mobilité, Tosi Mpanu Mpanu, a souligné que l’Afrique a besoin d’un modèle économique équilibré.
« Il nous faut trouver un modèle équilibré. On ne peut pas dire que nous allons dans un développement sobre en carbone, qui ralentit nos possibilités de croissance économique. Nous ne pouvons pas non plus aller dans une recherche effrénée de croissance économique au détriment du climat. Il faut trouver un modèle équilibré, non pas un modèle totalement vert, non pas un modèle totalement gris, mais un modèle qui soit entre les deux. Pour y arriver, il faut une démarche inclusive, consultative, participative où toutes les parties concernées donnent leurs avis, leurs idées pour coconstruire un modèle de développement qui crée un consensus qui puisse ensuite être adopté au niveau de la base et renvoyé vers les décideurs », a-t-il déclaré.
À en croire les organisateurs, la « position africaine » issue de ce forum sera partagée avec toutes les institutions qui interviennent dans le développement de grands barrages et autres grandes infrastructures sur le continent, notamment la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union africaine. Ceci dans l’objectif d’influencer ces institutions afin qu’elles mettent les intérêts des communautés au centre de leurs préoccupations.
Il sied de noter que cette rencontre est organisée en collaboration avec MAR du Brésil, Justica Ambient (JA) du Mozambique, International Rivers d’Afrique du Sud, BioVision Africa (BiVA) de l’Ouganda, avec le soutien de 11th Hour Project, de Thousand Currents et de SynchroniCity Earth.
Bienfait Luganywa