
Dans un communiqué signé ce vendredi 23 mai 2025 et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD, l'Organisation non-gouvernementale Justicia ASBL révèle que l'ancien ministre des Mines, Martin Kabwelulu, a été enlevé dans des « conditions dignes d’un film d’espionnage », dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai 2025, à son domicile. Une opération musclée menée « sans mandat qu'elle dénonce et qualifie « d'une violation grave des droits fondamentaux et d'un symptôme inquiétant d’un pouvoir qui renoue avec les méthodes extralégales ».
À en croire maître Timothée Mbuya, président de cette organisation qui signe ce document, entre 2h et 3h du matin, un groupe d’hommes armés a fait irruption au domicile de Martin Kabwelulu. Sa sentinelle, passée à tabac, a tenté d’alerter son employeur, sans succès.
L’ancien ministre s’est retrouvé face à un commando ne présentant aucun mandat ni document officiel, seulement des « instructions verbales » émanant de la haute hiérarchie de la présidence.
« En lieu et place d’un mandat judiciaire, les assaillants ont évoqué des ordres venus d’en haut. Une pratique qui rappelle les heures les plus sombres de notre histoire sécuritaire », déplore Maître Timothée Mbuya, président de Justicia ASBL.
Le même jour, après des heures d’angoisse, la famille de Kabwelulu a finalement retrouvé sa trace ainsi que celle de son épouse dans les locaux du Conseil National de Cyberdéfense, une structure créée en 2023 sous l’autorité directe du Cabinet président de la République que, révèle Justicia ASBL qui ajoute que « cette institution utilise des méthodes d’enlèvement, de détention et d’interrogatoire semblables à celles de l’Agence Nationale des Renseignements (ANR), déjà largement critiquée pour ses pratiques abusives ».
Si Martin Kabwelulu a été ministre des Mines pendant plus de 17 ans (2001-2018), il s’est complètement retiré de la vie politique depuis 2019. Son interpellation, dans un contexte de tractations géopolitiques autour d’un possible accord « minerais contre sécurité » entre la RDC, les États-Unis et le Rwanda, soulève de nombreuses interrogations.
« Cette arrestation s’apparente davantage à une chasse à l’homme contre d’anciens dignitaires qu’à une véritable procédure judiciaire », estime l’organisation.
Pour Justicia ASBL, cet événement illustre un recul alarmant des engagements constitutionnels de la RDC en matière de droits humains. L’organisation rappelle que toute interpellation doit se faire dans le respect strict de la loi, avec présentation devant un juge naturel et accès à un avocat.
Face à cette situation qu'elle qualifie de « recul de l'Etat de droit », Justicia ASBL recommande que « toute arrestation se fasse sur base de motifs sérieux, clairs et objectivables ; les personnes arrêtées soient présentées rapidement devant la justice ; l’usage des motifs génériques comme « collusion avec le M23 de Corneille Nangaa » cesse d’être un outil de règlement de comptes politiques ; et que les familles et avocats aient un accès immédiat aux personnes détenues.
L’affaire Kabwelulu, à l’instar d’autres détentions prolongées et opaques, comme celle du pasteur Daniel Ngoy Mulunda soulève plusieurs interrogations.
Patient Lukusa, à Lubumbashi