Le Pape François est arrivé le mardi 31 janvier dernier à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, pour une visite pastorale de 4 jours, en tant que « pèlerin de la réconciliation et de la paix», afin d'apporter un réconfort et espoir aux congolais.
À son arrivée, le Saint-Père a été accueilli par le président Félix Tshisekedi au Palais de la Nation, où étaient présents, des personnalités du pays, le corps diplomatique et tant d'autres.
Dans son discours, à cette occasion, le chef de l'État congolais s'est exprimé sur 3 principaux défis auxquels est confronté le pays à ce jour, notamment : la lutte contre les attaques terroristes visant à fragmenter le pays, le
développement économique pour créer une société plus équitable, et la protection de l'environnement et de la riche biodiversité de la
RDC.
Le président Félix Tshisekedi a, dans ses dires, fait savoir que conflit et l'insécurité créés par « des groupes armés et des puissances étrangères avides des minerais contenus dans la terre de la RDC avec le soutien direct et lâche de notre voisin, le Rwanda », est le premier et le plus grand défi pour le gouvernement.
Dans la foulée, le chef de l'État a dénoncé la complicité de la communauté internationale dans ce conflit, en raison, a-t-il estimé de son « inaction et son silence ».
Le président Félix Tshisekedi a fait savoir qu'au moins 10 millions de personnes ont été atrocement tuées, ces 3 dernières décennies.
« Au cours des trente dernières années, plus de 10 millions de personnes ont déjà été atrocement tuées. Des femmes innocentes, même enceintes, sont violées et éventrées. Des jeunes et des enfants ont été égorgés, des familles, des personnes âgées et des enfants ont été condamnés à défier la fatigue et l'épuisement
pour errer hors de chez eux à la recherche de la paix à cause des exactions commises par ces terroristes au service d'intérêts étrangers », a déclaré le président Félix Tshisekedi.
Prenant la parole, le Pape François s'est indigné du fait que la RDC subisse « à répétition continuelle d'attaques violentes auxquelles la communauté internationale s'est presque résignée ».
Dénonçant le « génocide oublié » qui se déroule dans l'Est de la RDC, le Pape François a encouragé les processus de paix et a appelé à la tenue des engagements.
« Nous devons savoir ce qui se passe ici, que les processus de paix, que j'encourage pleinement, soient soutenus par des actions et que les engagements soient tenus », s'est exprimé le Saint-Père.
Dans ses dires, le Pape François a fait savoir que RDC est un « immense pays plein de vie », qui, a-t-il déploré, « continue pourtant à être « tourmenté par la guerre », souffrant de « conflits et de migrations forcées à l'intérieur de ses frontières » et de « terribles formes d'exploitation, indignes de l'homme et de la création ».
Le Pape François a mis en garde contre ceux qui cherchent à « maintenir le pays dans la violence pour l'exploiter et faire des affaires honteuses », ce qui ne conduit qu'à « la mort et la misère ». La RDC se bat, a-t-il dit, pour conserver son intégrité territoriale contre les tentatives de démembrement du pays.
Le Saint-Père a déclaré qu'il était tragique que le continent africain souffre encore de diverses formes d'exploitation. Le colonialisme économique, a-t-il déploré, a succédé au colonialisme politique.
Estimant que la RDC a été amplement pillée et n'a pas pu profiter suffisamment de ses immenses ressources, le Pape François a indiqué qu'elle n'est pas une terre à dévaloriser.
« Ne touchez pas à la République démocratique du Congo, ne touchez pas à l'Afrique ! Arrêtez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter ou une terre à dévaloriser. Laissez l'Afrique être le protagoniste de son propre destin », a-t-il déclaré.
Et d'ajouter : « La RDC et l'Afrique méritent d'être respectées et écoutées, d'être davantage valorisées au niveau international et d'avoir plus de poids et de représentation parmi les nations.
Par ailleurs, le Président a applaudi l'Église catholique pour son travail de longue date visant à fournir des services d'éducation et de santé en RDC. Bien que la RDC soit constitutionnellement un État laïque, Félix Tshisekedi a fait savoir que la vie des Congolais reste profondément liée aux convictions religieuses, et que la vie des familles est largement fondée sur des valeurs religieuses, l'hospitalité étant un trait essentiel.
Jephté Kitsita