Nord-Kivu : L'armée rwandaise accusée d'être derrière l'attaque de ce mardi à Kibumba

Mardi 24 mai 2022 - 14:19
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Photo 7SUR7.CD

Une attaque d'hommes armés a visé une position militaire ce mardi 24 mai 2022 dans la cité de Kibumba, en territoire de Nyiragongo, près de la ville de Goma (Nord-Kivu).

Alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo interrogées à ce sujet par 7SUR7.CD se sont limitées à parler "des ennemis qui ont attaqué l'une de leurs positions", sur place, des habitants témoignent avoir vu des militaires rwandais à l'oeuvre.

"Personne n'a encore ouvert la porte mais les militaires rwandais sont visibles partout vers les localités voisines de la route principale. Ils sont bien armés", a alerté, le matin de ce mardi, un habitant de la cité de Kibumba.

Une affirmation corroborée par la société civile de Goma. Marrion Ngavho, son président, demande à Kigali de ne pas nier son implication  dans cette incursion sur le sol congolais au regard des preuves observables sur le terrain.

"Après leur échec dans le Rutshuru, les RDF viennent d'attaquer Kibumba/Buhumba en territoire de Nyiragongo. Cette fois-ci, le Rwanda ne va pas nier que ce sont ses militaires, car il n'y a pas de M23 de ce côté", a-t-il lancé dans un message lu par 7SUR7.CD ce mardi.

Mais, il n'y a pas que ces déclarations des forces vives qui incriminent Kigali. En effet, après d'intenses combats qui se sont soldés par la victoire des FARDC, l'ennemi s'est retranché dans le parc des Virunga, laissant derrière lui certains signes qui ne trompent pas, à en juger par des tenues et matériels de la RDF abandonnés à Buhumba, selon plusieurs témoins.

Pour instant, le secteur opérationnel Sokola 2 Nord-Kivu indique avoir déjà récupéré ses effets militaires et espère en savoir plus sur la vraie identité de l'ennemi dans les heures qui suivront.

"Ces effets militaires récupérés sur l'ennemi sont déjà à la dispositions de nos services spécialisés pour une meilleure identification de l'ennemi. Ce qui est évident aussi, c'est que il y a eu des pertes de deux côtés. Mais à l'heure actuelle nos forces contrôlent la zone", indique le lieutenant-colonel N'Djike Kaiko, dans un message publié l'après-midi de ce mardi.

Le lundi 23 mai dernier, à travers un communiqué publié sur son compte twitter, l'armée rwandaise a accusé les FARDC d'avoir effectué des bombardements sur son territoire, lesquels ont touché Kinigi et le secteur de Nyange dans le district de Musanze, blessant ainsi de nombreux civils. A ce sujet, la RDF a même demandé au mécanisme conjoint de vérification élargi d'enquêter sur la question.

Mais, dans l'opinion, au Nord-Kivu, certains craignent que le Rwanda ait cherché un prétexte pour lancer ses attaques sur le sol congolais.

Depuis plus de 2 décennies, Kigali est souvent soupçonné d'alimenter des tensions dans l'Est. Déjà, lors de la prise de Goma par les M23 en 2012, le régime Kabila accusait ouvertement le Rwanda d'être derrière des miliciens au Nord-Kivu.

Après l'attaque M23 du dimanche au lundi 28 mars 2022, les autorités militaires du Nord-Kivu avaient pointé d'un doigt accusateur la RDF après avoir capturé 2 de ses éléments.

"Les FARDC portent à la connaissance de l’opinion que dans la nuit du 27 au 28 mars 2022, le M23 soutenu par les Forces de défense du Rwanda (RDF) a mené des incursions et attaqué les positions des FARDC de Tchangu et Runyonyi dans le territoire de Rutshuru. Au cours de ces attaques, les FARDC ont mis la main sur 2 militaires rwandais", avait déclaré le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire dans un communiqué qui était parvenu à 7SUR7.CD.

Mais, ces propos avaient sérieusement embarrassé Kinshasa qui avait craint que cette déclaration provoque un  incident diplomatique susceptible de brouiller encore les relations diplomatiques qui se sont tant soit peu améliorées entre les 2 États depuis l'avènement de Félix Tshisekedi.

Isaac Kisatiro, à Butembo

 

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