Il est déconseillé de louvoyer dans l’espoir de mettre tout le monde au bout du compte devant le fait accompli à l’étape fatidique de 2016
Dépasser le cap fatidique de 2016 plus ou moins à bon compte devient un cauchemar et une obsession dont le président Joseph Kabila et son establishment ne parviennent pas à se débarrasser. Dépasser le cap fatidique de 2016 équivaut à demeurer ferme à son poste au-delà de cette date.
Toutes les astuces sont imaginées et mises en œuvre pour atteindre cet objectif. Des lieutenants politiques se sont mis à élucubrer des ouvrages soit pour justifier la possibilité de révision de la Constitution , soit pour faire le plaidoyer de la Ive République sans montrer d’abord la balance de l’actif et du passif de la IIIe dont le pouvoir actuel est à la fois l’héritier dynastique et le continuateur.
Se rendant compte de la pourriture dans laquelle sombre la RDC, le Conseil de sécurité de l’ONU par le truchement du Secrétaire général de l’ONU, fait signer à Addis-Abeba, à plus d’une dizaine de chefs d’Etat africains dont Joseph Kabila, un accord-cadre décrivant le pourrissement de la situation en RDC et préconisant la tenue d’un dialogue entre le pouvoir et la classe politique pour résoudre la crise qui ronge le pays.
Un an plus tard, Kinshasa tente de contourner ce dialogue et de récupérer la situation à sa façon par l’organisation des concertations politiques sui generis.
Nombreuses résolutions prises au cours de ces concertations, sont restées «lettres mortes». La cohésion nationale est une chimère.
Le gouvernement formé avec beaucoup de retard après les concertations, a suscité encore des mécontents et des aigris parmi ceux ayant participé activement à ces concertations.
Le 14 février de cette année 2015, le président national de l’UDPS Etienne Tshisekedi, publie à partir de Bruxelles où il séjourne pour des raisons de santé, sa feuille de route, rappelant la nécessité du dialogue et exhortant la Communauté internationale, par l’entremise du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et patron de la Monusco, à convoquer ce dialogue sous ses propres auspices et bons offices.
Deux mois plus tard, le Président Joseph Kabila dépêche en fanfare son émissaire à Limete remettre au Secrétaire général de l’UDPS un pli scellé destiné au président national de l’UPDS.
Des messages similaires sont également envoyés sans fanfare au MLC de Jean-Pierre Bemba et à l’UNC de Vital Kamerhe. Ensuite, on annonce que le chef de l’Etat entreprend dès le samedi 23 mars, des consultations avec des confessions religieuses, des chefs traditionnels et des leaders politiques.
La feuille de route de l’UDPS
Des confrères et des intellos qui se refusent à l’analyse sérieuse des faits et à la réflexion objective se sont mis à faire l’apologie de la main tendue du président Joseph Kabila pour le dialogue! On a voulu créer inconsciemment ou consciemment une confusion innommable en attribuant au chef de l’Etat le mérite de l’initiative d’un dialogue dont la source est l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, à l’initiative du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Pourquoi ne s’est-on pas demandé ce qu’il est advenu de ses concertations politiques et de ses résolutions pour la cohésion nationale? Le 08 mai 2015 Etienne Tshisekedi réagit à partir de Bruxelles pour dissiper implicitement cette confusion, dans un communiqué officiel portant sa signature et le sceau de son parti.
Il a pris acte du message lui transmis par l’émissaire de Monsieur Joseph Kabila« Et le président de l’UDPS poursuit: «Nous constatons que l’opportunité et la pertinence de notre démarche amorcée par la publication le 14 février 2015 de notre feuille de route adressée à la Communauté internationale, par l’intermédiaire du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, sont bien comprises». Rappelons que cette feuille de route explicite la position de notre parti sur les voies de sortie de la crise de légitimité qui sévit en Démocratique du Congo depuis le hold-up électoral de 2011. »
Et Tshisekedi poursuit: « En conséquence, nous exhortons le Représentant du Secrétaire général et le Collège des Envoyés spéciaux en RDC et dans la Région des Grands Lacs à jouer pleinement leur rôle diplomatique de médiation en prenant, de toute urgence, les contacts nécessaires avec les parties congolaises afin de définir le cadre d’organisation du dialogue dans un court délai ».
Et il conclu: «Dans l’intérêt de la Nation nous tenons à éviter les pertes de temps inutiles ainsi que les manœuvres dilatoires visant à contourner les exigences constitutionnelles régissant les étapes électorales et à favoriser un éventuel glissement ».
Ce communiqué officiel de la présidence de l’UDPS st tellement clair que la prétendue main tendue du président Joseph Kabila est une pure et regrettable mystification propagée par certains confrères pro-pouvoir. Le mérite de l’initiative du dialogue ne revient pas du tout eu chef de l’Etat congolais. C’est l’œuvre du Conseil de sécurité de l’ONU.
Certains politiciens ont prétendu que Tshisekedi aurait trahi et qu’il serait disposé à composer avec Joseph Kabila. On ne voit rien de tout cela dans le communiqué. Au contraire, Etienne Tshisekedi souligne au final qu’il n’entend pas, pour tout l’or du monde, que soit favorisé un éventuel glissement.
On est au bout du rouleau
Il insiste sur le fait que «Dans l’intérêt de la Nation, il tient à éviter les pertes de temps inutiles ainsi que les manœuvres dilatoires visant à contourner les exigences constitutionnelles régissant les étapes électorales.
C’est deux semaines plus tard après la publication de ce communiqué officiel de l’UDPS, qu’on a annoncé que le chef de l’Etat entreprenait des consultations avec des confessions religieuses, des chefs traditionnels et des politiciens etc… Pour un dialogue! Cela s’appelle une confusion délibérée, une récupération politicienne de l’initiative du dialogue prévu dans 1’Accord-cadre d’Addis-Abeba.
La préoccupation obsédante du pouvoir qui multiplie à l’infini des manœuvres et des astuces, est de louvoyer dans l’espoir de pouvoir mettre tout le monde au bout du compte devant le fait accompli à l’étape fatidique de 2016! Tout bien considéré, il ne serait pas excessif de dire que le pouvoir est au bout du rouleau. Des gesticulations qu’on observe maintenant sont la fuite en avant, une manœuvre de diversion.
Ses stratèges en chambre ont épuisé tout leur stock de manœuvres et d’astuces machiavéliques jusqu’aux dernières cartouches pour tenter vainement de temporiser la fin d’un règne chancelant, au point de se répéter et de rééditer de mêmes recettes contre-productives.
A preuve les consultations à peine entreprises qui ne sont pas différentes des concertations politiques coûteuses et inutiles organisées il n’y a guère longtemps.
Consultations mort-nées
Et la loi des séries semble montrer que la chance se refuse à sourire au pouvoir dont le sort s’annonce scellé sans appel. C’est en vain qu’on cherche à faire tourner les Congolais en bourrique par des mises en scène comiques, fallacieuses, trompeuses, de ralliement à la cause nationale, de consolidation de la cohésion nationale, de cimentation de la concorde nationale.
L’envers du décor dans tout cela est le souci de se maintenir au pouvoir à vie contre vents et marées. Echec cuisant de révision de la Constitution; échec mortifiant des concertations politiques dont les résolutions laborieuses sont reléguées à jamais au placard; de 26 nouvelles provinces hypothétiques et intempestives; formation d’un cabinet de cohésion du trompe-l’œil; et enfin voilà de nouvelles consultations mises à l’ordre du jour, méprisées et rejetées par les partis politiques de l’opposition, et qui ont toutes les chances d’être mort-nées.
Que diantre des confessions religieuses, des chefs coutumiers, des Eglises de réveil ont-ils à voir dans cette équation de crise purement politique, et la politique n’est pas du tout leur tasse de thé ! Le pouvoir ne sait plus où donner de la tête. C’est la fin des haricots !
Par Jean N’Saka wa N’Saka/Journaliste Indépendant