Chebeya et Bazana refusent de se faire oublier

Mardi 2 juin 2015 - 10:00

Pour la cinquième fois, ce lundi 1er juin 2015, au cimetière de ‘Benseke-Futi Nouvelle Cité’, dans la commune de Mont Ngafula, les familles biologiques et professionnelles de Feux Floribert Chebeya Bahizire et Fidèle Bazana Edadi se sont recueillies, en pleurs, sur la tombe de Floribert Chebeya, en l’absence de celui de son compagnon d’infortune dont le corps, jusqu’à ce jour, est enterré dans un endroit que ses assassins ne veulent pas dévoiler.

Il convient de se rappeler que toute la RDC avait été secouée, le matin du 02 juin 2010, en apprenant l’odieux assassinat de deux activistes des Droits Humains qui étaient respectivement Directeur exécutif et Chauffeur-chargé de dispatching de l’association de défense des Droits humains nommée la Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) ; assassinat perpétré – selon la VSV – après que les deux infortunés aient été torturés et soumis à un traitement cruel, inhumain et dégradant à l’Inspection générale de la Police Nationale Congolaise (PNC) qui est devenue actuellement Commissariat général de la Police Nationale Congolaise. Cette commémoration était placée sous le thème : « Cinq ans après votre assassinat, tous unis pour défendre votre cause ».

Dans un mot de circonstance poignant, Dolly Ibefo Mbunga, secrétaire exécutif de la VSV, a déploré les tergiversations des autorités de notre pays pour rendre justice aux familles de deux victimes. Certes, a-t-il dit, grâce aux pressions internes et externes, un procès a eu lieu à l’issue duquel des exécutants de l’ignoble assassinat ont été condamnés sans que cependant la lumière ne soit faite sur les circonstances réelles dudit assassinat. Selon lui, les parties civiles qui ont interjeté appel à la Haute Cour militaire n’ont aucune garantie de la manifestation de la vérité dans cette affaire avec tout récemment la décision ou mieux la stratégie de disjoindre les poursuites entre les prévenus présents et ceux prétendument en fuite. Il pense que cette disjonction des poursuites prouve à suffisance combien les autorités tiennent coûte que coûte à l’étouffement de la vérité, corroborant ainsi la thèse de crime d’Etat ciblé et planifié. Il dénoncé , une fois de plus, l’impunité dont jouissent le suspect n°1 dans cette affaire, en l’occucurrence le Général John Numbi Banza Tambo ainsi que ses collaborateurs Christian Ngoy Kenga-Kenga et Jacques Mugabo. Il a lancé un appel à la mobilisation de toutes et tous pour que les vrais auteurs et commanditaires de l’assassinat répondent de leur acte criminel.

Refus de restituer la dépouille de Fidèle Bazana

La grande-sœur de feu Chebeya s’est exprimée au nom de la famille et a aussi dénoncé cette volonté manifeste d’étouffer la vérité et la préméditation de cet assassinat. Sa conviction est que les cinq policiers détenus à Makala et les trois autres en fuite ne sont que des exécutants qui ont obéi aux ordres d’assassinat venant de la Haute hiérarchie. Elle a réclamé justice et indemnisation pour les familles des victimes. La famille de Fidèle Bazana a exigé que les vrais auteurs, co-auteurs et commanditaires soient identifiés, jugés et condamnés ; que des dommages et intérêts conséquents soient alloués aux familles victimes et que le corps de F. Bazana leur soit remis pour des funérailles dignes et conformes à la coutume.

Les cérémonies se sont reportées ensuite à l’Eglise Notre Dame de Fatima, où Me Kabengela Ilunga a fait le rappel de l’évolution du procès. Me Sylvain Lumu a mobilisé l’assistance contre la torture en RDC, tandis que le témoignage de Me Marie-André Muila Kayembe a édifié les participants sur l’efficacité du travail effectué par Chebeya. Un culte d’action de grâce a clôturé cette commémoration.

SAKAZ

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