Changement climatique : la capacité des forêts tropicales bientôt source de carbone et non puits de carbone car leur capacité à capturer le CO2 a diminué de 33%, (étude Musée Royal de l'Afrique centrale et Université de Leeds)

Mercredi 4 mars 2020 - 16:58
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C'est une alerte mondiale sur les dangers du réchauffement climatique qui vient de lancer une étude d'Africa Museum à l'humanité.

Dans leur étude sur 300 mille arbres qui sera publiée ce jeudi 5 mars 2020 dans la revue Nature, le Musée royal de l'Afrique centrale et l'Université de Leeds révèlent que les forêts tropicales vont bientôt devenir une source de carbone. 

Elles vont, selon ces institutions de recherches, bientôt émettre davantage le CO2 qu'elles n'en capturent, "alors que les modèles climatiques comptent sur le fait que la séquestration de carbone continuera pendant des décennies".

Dans cette étude de 30 ans mesurant la croissance et la mortalité d'arbres répartis sur 565 forêts tropicales intactes en Afrique et en Amazonie, ces chercheurs démontrent que ce processus de séquestration de carbone a "atteint un pic dans les années 1990". 

Dans les années 2010, révèlent-ils, la capacité de ces forêts d'absorber du carbone avait diminué d'un tiers. Ceci, d'après eux, s'explique par une mortalité des arbres élevée et "donc un rejet plus important de carbone vers l'atmosphère". 

Pour le docteur Wannes Hubau, premier auteur de l'article et chercheur au Musée royal de l'Afrique centrale, le puits de carbone des forêts africaines diminuera sur le long terme tandis que celui des forêts amazoniennes diminue plus rapidement et deviendrait déjà une source de carbone déjà dans les années 2030.

D'après cette étude, les forêts tropicales intactes ont capturé près de 46 milliards de tonnes de CO2 de l'atmosphère. Ce chiffre, explique-t-elle, a diminué à environ 25 milliards de tonnes de tonnes dans les années 2010. 

"La capacité d'absorber du carbone a donc diminué de 21 milliards de tonnes, ce qui équivaut à 10 ans d'émissions de combustibles fossiles du Royaume-Uni, de la France, de l'Allemagne et du Canada réunis", précise-t-elle.

De manière claire, ce déclin est du au fait que la capacité des forêts à capturer du carbone a diminué de 33%, la superficie de forêt intacte a diminué de 19%, alors que nos émissions de carbone ont augmenté de 46%, selon les chercheurs du Musée royal de l'Afrique centrale et l'Université de Leeds. 

Pour faire face à cette situation qui pourrait propulser le réchauffement climatique, ces chercheurs appellent à la conservation des forêts tropicales et à des actions urgentes de la part des dirigeants mondiaux pour stabiliser le climat. 

"Par ailleurs, il est important de stabiliser le climat afin de maintenir les puits de carbone des forêts tropicales. En réduisant nos émissions de carbone plus rapidement que prévu, il serait encore possible d'éviter que les forêts tropicales ne deviennent une source importante d'émissions de carbone. Mais cette fenêtre d'action se ferme rapidement", déclare le professeur Olivier Philips de l'Université de Leeds. 

Pour Emmanuel Kasongo Yakusu, Professeur à l'Université de Kisangani et doctorant au Musée royal de l'Afrique centrale, les pays africains et la communauté internationale doivent investir de manière importante dans la préparation aux impacts du changement climatique. 

Le Musée royal de l'Afrique centrale (AfricaMuseum) est un centre de connaissances et de ressources sur l'Afrique dans un contexte historique, contemporain et mondial. Le musée expose des collections uniques, dont la plus importante collection au monde d'échantillons de bois africain, avec plus de 80 000 spécimens appartenant à 13 000 espèces différentes. Pour cette étude sur 300 mille arbres, près de 100 institutions de recherches à travers le monde ont été associées. 

Israël Mutala