L’opinion nationale et internationale avait suivi avec une attention soutenue le déroulement des consultations menées depuis près d’un mois par Joseph Kabila dans la perspective de l’organisation et la tenue effective d’un dialogue politique inclusif exigé par une frange importante de la classe politique congolaise relayée par la communauté internationale.
Alors que pour des raisons d’ordre pratique et dans le souci d’enlever à ce forum de dernière chance tout caractère folklorique susceptible d’en diluer la substance, l’Opposition dans sa diversité, avait suggéré l’organisation d’une rencontre de format réduit. Le pouvoir en place en a décidé autrement en conférant à celle-ci des dimensions historico-mondiales à travers un nombre très élevé de ses futurs participants !
Passant de sa décision aux actes, le pouvoir en place qui s’impose en tant qu’arbitre attitré du dialogue politique inclusif alors que les autres parties en présence ne lui en reconnaissent pas le droit, vient d’annoncer tambours battants le transport des consultations de Kinshasa à l’intérieur du pays où elles seraient l’affaire des gouverneurs de provinces et d’autres responsables territoriaux hiérarchiques, estimant que le forum politique à venir est avant tout destiné au petit peuple du monde rural !
Reculer pour mieux sauter …
Le transport des consultations débutées dans la capitale pour les provinces sous-entend l’existence d’un calendrier prévoyant la collecte des avis et considérations des personnes .rencontrées et la synthèse de l’ensemble à transmettre au brain trust du pouvoir pour étude et intégration au rapport global attendu par le décideur final qu’est Joseph Kabila.
A cette étape là, tout ne serait pas encore fini car les dossiers des consultations respectivement menées à Kinshasa et dans les régions à l’arrière pays devraient être soumis à l’intelligence du bureau politique de la Majorité présidentielle où différentes options auront à être levées dans l’intérêt bien compris de celle-ci, bien sûr. Mais d’après quel calendrier préétabli avant d’être annoncé à la face du monde?
Une analyse froide des événements politiques de ce dernier temps indique clairement que le transport en province des consultations commencées dans la capitale du pays s’intègre parfaitement au stratagème politique de temporisation imaginé par le pouvoir qui rappelle tristement celui du recensement général de la population congolaise préconisé avant la tenue des élections, le démembrement des provinces et mises en place de celles nouvellement créées, etc...
Que dire de l’extension des consultations menées à Kinshasa aux formations politiques, aux forces vives de la nation et à des personnalités basées en provinces?
Comme on peut le constater, en analysant les faits et gestes observés dans le giron du pouvoir à Kinshasa, le plan d’exécution des concertations nationales bis est déjà en marche en lieu et place d’un dialogue politique inclusif qui serait du goût de toutes les parties en présence. N’est-il pas temps de reculer d’abord pour mieux sauter l’obstacle?
Par KAMBALE MUTOGHERWA