La situation délétère qui prévaut au Burundi dès le début de l’année 2015 en cours, relève du même constat d’échec des accords issus des dialogues accommodés à l’avance et dont les bases ont toujours été altérées à partir des officines de l’Occident.
Très embarrassés parce que confus, les très puissants «médiasmensonges», toujours bien conditionnés, évitent d’évoquer aujourd’hui le fond de la crise burundaise. Ils s’étonnent comme tout le monde de voir la bombe à retardement contenue dans pareils accords, signés et donc censés être acceptés par tous, éclater dans un pays où tous les ingrédients explosifs étaient pourtant si ingénieusement réunis !
Il est absolument injuste et à la limite criminel, après avoir armé les uns et déstabilisé les autres, de concevoir et d’imposer aux parties burundaises signataires des Accords d’Arusha, une clé de répartition de 50%
entre Hutus et Tutsis pour la composition d’une armée d’un pays constitué d’environ 85% de Hutus et 15% de Tutsis.
Le partage de responsabilités d’Etat ayant suivi pratiquement la même logique de disproportionnalité dans les autres institutions, à savoir 60% pour les Hutus et 40% pour les Tutsis, nul ne devrait être surpris devant la témérité risquée d’un Nkurunziza pour un troisième mandat inconstitutionnel.
*Comme Patrice Emery Lumumba et Mzee Laurent Désiré Kabila en Rd-Congo, le président burundais croit à un rêve, une mission, un devoir de reconstituer les équilibres naturels dans une société burundaise dont 85% de la population ainsi défavorisée est d’ethnie hutue comme lui.*
*Le discret travail réalisé durant quasi une décennie autour du président Nkurunziza, celui de rassemblement de toutes les forces combattantes hutues du Burundi et du Rwanda, parmi lesquelles les redoutables Imbonerakure, la jeunesse du parti au pouvoir au Burundi, des éléments des ex Far et autres Interahamwe de triste mémoire, sans compter de nombreux Mayi-Mayi de la
Rd-Congo, constitue la motivation profonde de la majorité des Burundais dans leur élan de soutenir avec force le maintien de Nkurunziza au pouvoir en violation des Accords d’Arusha et de leur propre Constitution.*
Convaincu que l’opinion est dans son essence volonté de majorité, et estimant que plus de 85% de la population du Burundi sont prêts à exprimer leur choix dans ce sens par toutes les voies démocratiques dont le référendum, une option du reste tout-à-fait rationnelle, mais rejetée sans raison par la sacrée communauté internationale, le chef de l’Etat burundais se dit légaliste et démocrate. Et il n’a pas tort sur ce point.
Grâce à la solidité des structures politiques et sécuritaires « occultes » qu’il a instituées, et qui lui ont permis de contrôler la situation avant, pendant et après le déclenchement des manifestations d’opposants à sa candidature à un troisième mandat au scrutin présidentiel du 26 juin 2015, le chef de l’Etat burundais, suffisamment informé des velléités putschistes qui se manifestaient au Burundi, s’est permis de quitter Bujumbura en plein feu pour prendre part au sommet régional en Tanzanie consacré à la crise politique de son pays.
L’échec de la tentative de coup d’Etat militaire menée par son compagnon d’armes, le général Godefroid Niyombare, manipulé par les mêmes souffleurs occidentaux et régionaux, artisans du chaos dans l’ensemble de la région des Grands-Lacs, ne pouvait qu’indisposer les géniteurs des accords à conflit perpétuel qui tiennent à la pérennisation d’un système politique si démocratiquement déséquilibré, favorable à la précieuse minorité tutsie au Burundi.
C’est pour des raisons évidentes, d’ordre purement ethnique que, craignant
la contagion dans leurs pays respectifs, et naturellement en Rd-Congo aussi, les présidents rwandais et ougandais, avec le soutien des mêmes grandes puissances du Nord, veulent à tout prix stopper l’élan de Nkurunziza dans sa vision de reconstitution d’une puissance politique et militaire hutue dans la région des Grands-Lacs.
Et dans son jeu favori d’exploiter le génocide de 1994 comme fonds de commerce, le Rwanda brandit l’arme de menace d’un conflit ethnique et se réfère aux dizaines de milliers de paysans burundais, essentiellement tutsis, qui, fuyant leur pays depuis le début de la crise de peur de revivre les épisodes de guerre civile d’il y a dix ans, s’exilent chaque jour pour la plupart au Rwanda.
Connaissant par cœur la dimension géostratégique de la guerre que se livrent les superpuissances du monde pour leurs propres intérêts, les médias mensonges préfèrent enfermer la nouvelle crise burundaise dans un carcan politique parce qu’ils sont gênés de l’analyser dans sa véritable ampleur ethno-communautaire, de peur d’étaler les malheurs de la politique de deux poids, deux mesures, contraire aux valeurs et principes de la démocratie, que leurs maîtres imposent à travers des accords conflictogènes et explosifs.
La presse occidentale et régionale se trouble en parlant de véritables points de friction qui se sont multipliés depuis plusieurs mois et se multiplieront encore davantage dans les mois à venir entre le Burundi et son voisin rwandais. Elle ne fait même pas allusion aux camps d’entraînement de ce qu’on appelle « rebelles » burundais, lesquels existent bel et bien au Rwanda.
Contrairement au venin médiatique, les Hutus et les Tutsis burundais ne s’opposent pas à Nkurunziza. On retrouve simplement des Twagiramungu et des Bizimungu dans le camp des Tutsis burundais qui combattent Nkurunziza, et vice versa dans le camp au pouvoir.
L’ordre a été intimé à la presse de l’impérialisme de ne pas évoquer les questions relatives au plan d’assassinat du président Nkurunziza et au recrutement des jeunes qui se poursuit dans les mille collines rwandaises.
Les intelligences à rebours, faites d’arrière-pensées, de dénis de droit, d’indécisions, d’incertitudes et de paradoxes, à l’origine des pouvoirs des minorités sur les majorités démocratiques, craignent de conclure que les Pierre Nkurunziza, à l’instar de Mzee Laurent Désiré Kabila, sont nombreux dans la région des Grands-Lacs, et tuer le président burundais aujourd’hui n’arrêtera point l’élan de transmutation radicale ainsi annoncée, laquelle devra passer malheureusement par un autre épisode de
violences de la série qui se prépare au Burundi.
Cette presse de la mystification n’évoque même pas l’excentricité de la posture politique du président rwandais Paul Kagame qui s’oppose au troisième mandat de son ancien allié et homologue burundais Pierre Nkurunziza alors qu’il est pleinement engagé lui-même dans le même schéma de glissement, confirmant justement que le problème se situe plutôt ailleurs qu’au niveau du respect des Accords d’Arusha ou de la Constitution.
Comme la région des Grands-Lacs et l’ensemble de la communauté internationale, le Burundi est confronté à nouveau au même conflit interethnique qui resurgit avec force.
La crise du Burundi constitue en tous les cas la meilleure alerte de l’échec de la solution qui a toujours été imposée par la communauté
internationale, fondée sur des bases fausses, des agendas étrangers et des accords partiaux. Elle annonce clairement l’explosion avec fracas du compteur de l’hypocrisie internationale, laquelle embrasera toute la région.
Je ne parle pas encore du soutien de la Chine, la Russie et l’Angola au président burundais, mais en tant que perpétuel recommencement, l’Histoire renvoie encore les uns et les autres à plus de circonspection devant un nouvel épisode de la tragédie des Grands-Lacs qui pointe à l’horizon.
Car, les deux ethnies s’affrontent dans une vieille rivalité insensée qui, en toute logique, ne devrait pas exister, mais a coûté la vie à des
millions de personnes et menace encore celle de tant d’autres parce que la communauté internationale, privilégiant plutôt les intérêts des
superpuissances prédatrices du Nord au détriment de tant d’autres vies humaines en Afrique noire, n’est pas respectueuse de ses propres chartes.
Il ne faut surtout pas avoir peur d’affirmer que la même odeur de changement radical, par la même explosion avec fracas du compteur de l’hypocrisie internationale, se sent également au Rwanda où tous les ingrédients de la pétarade sont bien réunis autour d’une armée contrôlée à 95% par la minorité tutsie dans une population dont elle ne représente qu’environ 10% !
*Prosper NDUME PELE Nzogu