Ne Mwanda Nsemi, adepte de l’inconstitutionnalité

Vendredi 10 juillet 2015 - 14:10

Au moment où les Congolais, déjà trempés dans la vie démocratique, attendent de pied ferme les élections’ générales annoncées en 2015 et 2016, ce député national et leader du mouvement politico-religieux, Bundu dia Mayala, étonne tout le monde avec une idée rétrograde et anticonstitutionnelle d’une transition politique de trois ans maximum.

C’est ce qu’on peut appe1er retour à la case départ. Après avoir retrouvé au prix de sacrifices humains et des longues transitions politiques de plus de 26 ans, le peuple congolais, qui a voté avec enthousiasme la Constitution du 18 février 2006, est sur le point de voir tous ses efforts être sabotés par Ne Muanda Nsemi, député national qui se réclame de l’opposition. Ce leader du mouvement politico-religieux Bundu dia Mayala soutient, depuis début juin, l’idée d’une transition politique de trois ans maximum, sous prétexte que rien n’est prêt pour aller aux élections.

«Il est impossible d’organiser les scrutins crédibles et démocratiques. Si vous voulez les élections crédibles dans ce pays, il faut qu’il y ait l’identification de la population, le recensement et aussi un fichier électoral crédible. Or, il est impossible de faire tout ça en une année », a-t-il déclaré. « Le constat qui se dégage aujourd’hui est que dans les deux camps, on n’est pas prêt pour les élections. Ce n’est pas correct de parler de glissement. Parler de cette manière, c’est tenir un discours irresponsable et hypocrite », s’est-il proposant un « glissement collectif». Pourtant, tous les partis politiques, toute tendance confondue, ont déposé les dossiers de candidature aux élections provinciales prévues en octobre prochain. La Constitution en danger Selon lui, le pays a besoin d’une transition de trois années pour permettre l’organisation des élections dans un climat apaisé. « Nulle part dans la Constitution du 18 février 2006, il est indiqué que les élections devraient être précédées d’une transition », déplore un de ses collègues députés.

Cette déclaration revient, selon lui, à « cracher sur la mémoire dès congolais tombés le 19, 20 et 21 janvier 2015 au cours des manifestations contre un alinéa dans le projet de la loi électorale qui conditionnait l’organisation des élections aux résultats du recensement de la population». Malgré le fait que sa « folle idée» qui peine à convaincre même au sein de la Majorité présidentielle, le chef de l’ancienne secte interdite Budu dia Kongo multiplie des déclarations propagandistes. Il promet, sans trop de précisions, de « redevenir amer» si ses propositions ne sont pas tenues en compte. «Si ces choses ne se réalisent pas, je vais me refroidir, devenir très amer et ne prendrai pas part au dialogue », a-t-il menacé lors de sa dernière déclaration. Cette déclaration est à prendre au sérieux au regard de l’histoire de ce leader politico-spirituel qui a été élu à la députation nationale sans avoir battu campagne dans une circonscription électorale où rien ne prédisait sa victoire.

Interrogés, beaucoup d’habitants de sa circonscription électorale se disent choqués des déclarations d’un élu qui reste invisible dans sa base, même pendant les vacances parlementaires.

Par CN