Le Premier ministre Matata maintient le cap de la croissance malgré les turbulences systémiques

Mercredi 15 juillet 2015 - 14:18

L ‘histoire et ses contradictions, assorties des défis aussi atterrants, sont révélatrices tant de la fêlure que de la solidité des hommes politiques en fonction. Sur cette toile, après ses 4ans de fonction, on peut affirmer que le Premier Ministre Matata a indubitablement démontré non seulement son encrage dans l’arène politique, mais surtout sa consistance en gouvernance économique. Et cela dans un contexte systémique aux défis exogènes et endogènes singulièrement déstabilisants. Une configuration dans laquelle l’économie continentale connait une tendance baissière et l’arène nationale demeure dans d’intenses trépidations politiques et sécuritaires.

Très peu de chefs de Gouvernement réussissent à maintenir les indicateurs macro-économiques au vert dans une atmosphère aussi contraignante. Indubitablement, Joseph Kabila avait opéré un choix qui aujourd’hui s’avère bénéfique pour le pays et pour son régime. Pourtant, lorsqu’il fut désigné formateur du gouvernement, puis confirmé Premier Ministre en 2012, l’ancien Ministre des Finances Matata Ponyo était perçu - très malencontreusement du reste - comme un technocrate politiquement vulnérable. Après 4 ans à la Primature, Matata Ponyo est remarquablement serein.

Il garde toujours l’esprit et les mains bien fermes sur le volant du navire de la croissance qui vogue vers le bon port, en dépits des vagues intenses. Il est adéquat de déplorer, à cet égard, que le fixisme Congolais sur les stratagèmes politiques et l’égotisme intellectuel ambiant, empêchent un regard cartésien sur cette sereine navigation « matatienne ». Comme quoi les Congolais ont toujours du mal à capter les accomplissements de leurs compatriotes. Le négationnisme plat, qui refuse de connaitre et de reconnaitre les avancées réalisées sur le plan économique sous le régime de Joseph Kabila (malgré les indéniables contradictions), trahit à la fois une distorsion cognitive et un égocentrisme politique aveuglant.

Les négationnistes font croire qu’eux seuls détiennent la formule exclusive du progrès économique. Une telle posture est de toute évidence fallacieuse, donc immorale. C’est un nombrilisme intellectuel étalant une épistémologie arriérée. En plus, c’est un mythe de faire croire qu’être un excellent acteur politique c’est se distinguer par la verbosité populiste et le machiavélisme politicien. Homme d’Etat polito-technocrate, Matata Ponyo démontre qu’il ne porte pas ces tares politiciennes à la Congolaise.
Dans cette cogitation, je propose d’explorer le maintien d’une meilleure posture économique de la RDC par rapport à la projection économique de l’Afrique en 2015, sous la direction du Premier Ministre Matata. Puis, je vais procéder à la déconstruction de la thèse d’une imminente tombée de la RDC en cessation de paiement. Face à cette thèse, je démontre qu’en réalité le problème majeur auquel le Congo fait face aujourd’hui n’est pas celui de la gouvernance macro-économique, mais des périls inhérents au management stratégico-politique. Enfin, je vais formuler les éléments d’une proposition de réorientation tactique et programmatique, susceptibles de permettre à la R.D Congo d’améliorer son impulsion de croissance et donc, son élan vers l’horizon d’émergence. J’argumente qu’il est impérieux de créer un équilibre tactique entre les stratagèmes politiques et les impératifs économiques, afin d’accélérer la création des richesses nouvelles.

5.1. La Matata team et la stabilité économique du Congo dans la perspective continentale

Dans son rapport sur l’Afrique intitulé Africa Pulse (Avril2015, Volume II), la Banque Mondiale note que le continent enregistrera cette année une croissance en contraction au tour de 4 %. Mais, les perspectives sont plutôt bonnes pour la RD Congo. Selon les analystes du respectable organe de media Américain Bloomberg, le taux de croissance du Congo est placé à 9,1% en 2015, (Malcom Beith and Paul Richardson, Bloomberg, Février 2015). Même, si on revoyait ce taux à la baisse autour de 8%, la perspective demeure deux fois supérieure à la moyenne continentale et mondiale. Le meilleur horizon économique de la RDC, et sa réalisation concomitante au premier trimestre de 2015, sont remarquables et appréciables, étant donné que ce pays fait face aux périls politiques et sécuritaires complexes, qui, normalement, devraient provoquer un ébranlement macro-économique. Dans le contexte de cette réflexion, on peut cerner la condition économique plus progressive du Congo sur deux toiles : celle du ratio séquentiel de croissance et du niveau de la production des richesses nouvelles malgré les secousses économiques mondiales ayant affecté les économies Africaines, mais aussi en parallélisme avec les tribulations économiques des puissances économiques continentales, notamment le Nigeria et l’Afrique du Sud.

5.1.1. Le ratio séquentiel de la création de richesses nouvelles en RDC par rapport à certains pays africains

Comme je l’ai épinglé dans d’autres réflexions, pour mieux saisir les avancées de la RD Congo dans le contexte africain, il est impératif de noter que ce pays fait face aux contraintes historiques et contextuelles autrement plus complexes que celles que la plupart de pays Africains Ont devant eux. Avant le retour du Congo sur les rails de la démocratisation et de la reconstruction avec l’arrivée de Joseph Kabila au pouvoir en 2001, aucun autre pays Africain n’avait été dévasté par une «guerre mondiale Africaine ». Les effets gargantuesques de cette dévastation se sont accumulés avec les conséquences apocalyptiques antérieures d’un Etat en faillite ruiné par 32 ans de dictature. Malgré ce désavantage tectonique, la RDC a connu une remarquable restauration économique. Ce pays a fait preuve d’une remarquable résilience de croissance qui lui a permis de rebondir après la crise financière mondiale de 2008. Le tableau ci-dessous que j’ai composé le démontre très clairement.

Ce tableau indique que la RDC, malgré le retard accumulé avant la démocratisation, en dépit des turbulences politiques et sécuritaires, est plus performante que beaucoup de pays Africains en termes de résilience et en essor de création de richesses nouvelles. Comme les ratios séquentiels de croissance (2008-2014) le démontrent, si on considère la période qui suit la crise économique mondiale en 2008, la RDC dépasse presque tous les pays repris ci-haut, l’exception du Nigeria (dont d’ailleurs le PIB a été redressé en 2013-2014). Par ailleurs, il convient de noter que la destruction de la RDC de 1972 à 2001 a causé un retard économique astronomique par le ruine infrastructure. Paradoxalement, pendant que le pays était en train de connaitre une destruction abyssale, son problème s’est amplifié suite à une véritable implosion démographique avec une augmentation de plus de 40 millions d’âmes des années 1990 à 2014 (Comme quoi la période tragique a été plutôt d’une intense fécondité). Ce gigantesque retard doit d’abord être comblé, pendant que beaucoup d’autres pays construisent sur les acquis dés années 1980-1990 (période pendant laquelle le Zaïre était en train d’être cannibalisé) avant d’atteindre une vitesse de croisière. C’est pourquoi il convient d’insister sur le fait que la RDC commence à prendre un plus bel, élan (que nous chantons dans l’hymne national), malgré quelques battements des ailes. Cette impulsion doit absolument être préservée, en évitant l’excès des stratagèmes politiques économiquement contreproductifs.

5.1.2. Le ralentissement économique africain incarné par le Nigeria et l’Afrique du Sud

La situation du Congo peut être cernée avec plus des nuances (et moins d’affirmations diabolisantes) si on considère, par exemple, les cas des puissances économiques Africaines, le Nigeria et de l’Afrique du Sud. Le Nigeria, qui est la première puissance économique en Afrique, avec plus de $560 milliards de PIB, a vu sa gouvernance ébranlée et son économie fortement secouée. Son taux de croissance est passé de 6,77% en 2014 à 3.36% dans le premier semestre de 2015 (http : www.tradjngeconomics.com/ nigeria, 05/15/2015). La monnaie Nigériane, le Naira, a été dévaluée à plus de 20 % par rapport au dollar Américain. Plus de $20 milliards escomptés par la banque centrale de la vente du pétrole avaient été portés disparus, laissant un vidé béant dans les coffres de l’Etat. L’inflation a galopé de 5,90 % en Mars 2003 pour atteindre 8,5% en Mars2015 (Banque Centrale du Nigeria, http://www.cenbank.org/ratesinflrates.asp, 18 Mai 2015). L’une des conséquences de cette grave déficience en gouvernance est que le gouvernement nigérian avait commencé cette année à emprunter de l’argent pour payer les fonctionnaires (Reuters, 6 Mai, 2015). Cette situation a aussi aggravé la mauvaise posture militaire de l’armée Nigériane qui étonnamment (avec tout son arsenal et l’argent du pétrole), semble incapable de neutraliser les islamistes de Boko Haram. A telle enseigne que les Américains ont même refusé d’apporter une quelconque assistance militaire au Nigeria à cause, entre autres facteurs, de la scandaleuse déficience en gestion des finances publiques.

Bien que l’Afrique du Sud possède l’économie la plus sophistiquée et la plus diversifiée du continent (ce qui lui a épargné les effets néfastes de la chute du prix du pétrole), la contraction de sa croissance est préoccupante. Depuis 2002, la croissance économique oscille autour de 3 à 4% avec un PIB de $366 milliards (http : data.worldbank.org/ country/south-africa, 18 Mai, 2015). La projection de la croissance pour 2015 a été révisée à 1.5% (David Lipton, IMF, 5 Mars 2015). Ce qui signifie que la création des richesses nouvelles est fortement en régression. Dans la dernière décennie la monnaie de ce pays, le Rand, a connu une dépréciation de 20 %. L’inflation, flotte autour de 4,43 %. Bien que l’Afrique du Sud ne connaisse pas une guerre civile systématisée, comme au Nigeria et en RDC, l’ampleur vertigineuse de la criminalité structurale dans ce pays est d’une proportion véritablement insurrectionnelle (vols à mains armées par une diversité de corporations professionnelles du crime avec armes et techniques militaires avec ramification dans les hautes sphères de la police). Cette situation a aussi une incidence sur l’attraction de nouveaux investissements. Force est de souligner que le Nigeria et l’Afrique du Sud ont en commun une immense carence en énergie électrique. Ces deux pays comptent sur la RDC pour la fournir. de l’éiergie électrique, grâce au projet Inga III et Grand Inga. Une opportunité que la RDC doit exploiter agressivement pour sa croissance par l’exportation de l’énergie électrique afin de donner un rayon de plus à sa diversification économique.

La précarité de la situation du Nigeria et la dramatique contraction de la croissance en RSA ne peuvent pas servir à justifier certaines incohérences de la R.D Congo.

Cependant, ce regard en parallèle permet de mieux saisir et apprécier la stabilité macro-économique et la continuation de l’élan de croissance en RDC.

Au cœur de cette meilleure posture économique. il y a certes l’effort général de la restauration étatique sous le régime de Joseph Kabila, mais aussi le ressort de constance dans la bonne gouvernance macroéconomique sous le leadership du Premier Ministre Matata. Ainsi, malgré les conséquences de la catastrophe financière mondiale (le fameux financial meltdown) de 2008, et en dépit du ralentissement économique continental et des problèmes sécuritaires épineux (que l’on cerne au Nigeria et en Afrique du Sud) l‘économie Congolaise est remarquablement ascendante avec une projection de croissance aux alentour de 10% fin 2015. Le Franc Congolais a même enregistré une légère appréciation de 0,1 % en 2014 (BCC Rapport 2014) et garde sa stabilité (avec des variations minimales) contre le dollar américain. L’inflation est maitrisée en deçà de 2% selon l’IMF. La Banque centrale du Congo la prévoit à 1,03% fin 2015. Les paramètres porteurs de validité scientifique universelle indiquent donc que le Congo est loin d’être une catastrophe économique comme on le présente dans l‘imagerie populiste politicienne. Bien au contraire, malgré ses défis politiques et sécuritaires, et en dépit de l’héritage de sa destruction abyssale sous la dictature kieptocratique Mobutienne, le Lion Congo se met progressivement debout. (…)

Par Hubert KABASU BABU