Jean Thierry Monsenepwo : « Nous devons très bien exploiter la possibilité de dialoguer qui s’offre à nous »

Mardi 8 septembre 2015 - 06:24

Depuis que l’idée avait été lancée en juin par le chef de l’Etat, le dialogue national reste toujours d’actualité. Au fur et à mesure, le décor se met en place pour…la tenue, un jour, de ce forum que beaucoup qualifient déjà « de tous les enjeux ».

Mais, en attendant que l’on en arrive là, le sujet n’en demeure pas pour autant moins intéressant. Acteur politique à l’esprit alerte, Jean Thierry Monsenepwo (photo) a une fois de plus donné de la voix. Décryptage

C’est à l’occasion d’un entretien à bâtons rompus, samedi, dans son cabinet de travail avec Le Potentiel que Jean Thierry Monsenepwo, vice-président de la Ligue Nationale des Jeunes, a essayé d’apporter sa modeste contribution au débat sur le dialogue national. Il décline ici l’essentiel de sa pensée, avec beaucoup d’à propos.

Le résultat le plus important

« Nous devons très bien exploiter la possibilité de dialoguer qui s’offre à nous », prévient-il. « Ceci, avoue-t-il, nous permettra de nouer des rapports de bon voisinage harmonieux, entre différentes provinces surtout en ce moment de décentralisation ; des rapports basés sur la tolérance, le respect réciproque et l’équité ».

J.T. Monsenepwo estime que « c’est le résultat le plus important que l’on doive en espérer pour permettre à ce que notre action soit une action commune qui doit nous accompagner chaque jour et qui doit s’adresser non seulement au monde économique et politique mais à la sphère tout entière des rapports qui sont les nôtres ».

En réalité, argumente-t-il, il ne s’agit pas uniquement d’une idée, « mais de réflexions sur lesquelles doivent venir se greffer des actions concrètes. Cela est d’autant plus vrai que les populations de la RDC, étant multi culturelles du fait de notre appartenance à 400 souches différentes, sont tenues à dialoguer. Et notre cheminement depuis 1960 nous donne une longue histoire commune ».

Décalage et non report

Répondant à une question sur le processus électoral, Jean Thierry Monsenepwo fait voir d’abord que « dialogue rime bien avec élections », les deux concepts pouvant, à coup sûr, faire bon ménage. A propos précisément des élections, il estime que « le processus avance », tout en reconnaissant cependant que la difficulté financière, qui est la principale, risque de le plomber.

Quoi qu’il en soit, l’on devra savoir que les différentes lois fixent les timings impartis pour chaque élection, mais que le calendrier est du ressort exclusif de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).

Sur ce, il serait, dit-il, malaisé de ne se cramponner qu’à une date. « De toutes les façons, affirme-t-il, les lignes vont bouger, mais vers un décalage et non un report ».

Tout compte fait, le vice-président de la Ligue Nationale des Jeunes réaffirme que le processus électoral avance bien. Puisque, déjà, le calendrier global, tant souhaité, a été publié depuis. Mais en plus, l’audit du fichier électoral avance bien.

S’agissant de l’audit interne, la CENI a pu élaguer des doublons, elle a pu réajuster les listes, en tenant compte même des déplacements des électeurs sur ces quatre dernières années, et l’innovation est venue de la cartographie des sites électoraux, avec le système de GRPS. Une première en Afrique centrale.

Reste maintenant l'audit externe, qui se fait en appui avec l'OIF, dont les experts ont prouvé de quoi ils étaient capables au Gabon, et en Côte d'Ivoire. Et enfin, le cadre de concertation permanent qui ouvre un dialogue entre la CENI et les forces vives de la Nation.

« Tout n'est pas encore rose, il est vrai, mais il y a de quoi espérer en un processus sérieux », conclut-il.

Avantages de la décentralisation

J.T. Monsenepwo en est arrivé, par la suite, au processus de décentralisation ou de démembrement. Il en donne quelques avantages qu’il essaie de développer.

« Plusieurs pays, explique-t-il, ont été obligés de se tourner vers la décentralisation pour parvenir à un développement qui commence par la base. Car il ne faut pas confondre croissance économique et développement. Ce concept est tributaire d'un territorial organisé basé sur une bonne décentralisation. Sur base de la taille continentale de la RDC, il est important que nous puissions passer par cette étape ».

Avec certaines provinces plus grandes que l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg ou l'Italie, le législateur a jugé bon, pour une bonne administration des provinces, de rapprocher les administrés des administrateurs, et que chaque province ait la libre administration et l'autonomie de ses ressources naturelles, économiques, financières, humaines et techniques.

L'avantage de ce découpage, pense-t-il, est que la gestion administrative va favoriser un développement endogène de la population d'une manière efficiente et avec ça, le nombre de fonctionnaires de l'Etat va croître selon les modalités fixées par chaque province, aussi bien que le nombre des gouvernements provinciaux et Assemblées provinciales. C'est dire que les emplois vont aussi croitre.

Un projet porteur

Répondant enfin à une question relative à l’évolution de la situation économique et sociale du pays, Jean Thierry Monsenepwo résume : « Il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que la RDC est aujourd’hui un pays debout ».

Dans l'histoire du monde, rappelle-t-il, il y a eu plusieurs révolutions. Dont les révolutions industrielles, orange, etc. Et le Congo a aussi connu des révolutions avant. Dont celle de l'authenticité lancée par Mobutu, la révolution à l'ancien système de dictature menée par Laurent Désiré Kabila.

« Face à la situation qui est la nôtre actuellement, a-t-il indiqué, il a été perçu par le chef de l'Etat que, dans le besoin de rendre ce pays émergent dans les prochaines vingt-cinq années, nous devrions amorcer une nouvelle révolution. Celle de la modernité ».

Ainsi, « nous devrions avoir des routes et des infrastructures de base modernes, avoir des lignes aériennes congolaises modernes, avoir des idées axées sur le modernisme et que cette pensée soit articulée par tous les Congolais dans le but que nous portions nos regards et nos actions vers la modernisation de nos vies, de nos habitudes et de notre devenir ».

Et de lâcher : « Nous sommes en effet sur cette voix, la « révolution de la modernité ». Et je peux vous assurer, en voyant les réalisations actuelles, que c'est un projet porteur et réalisable. Les premiers pas, qui seront suivis par d’autres, sont tout aussi rassurants ».