Les routes du Plateau des professeurs, au campus de l’Université de Kinshasa, sont dans un état de délabrement avancé. Cette situation rend la circulation difficile dans cette cité qui regorge l’essentiel de la crème intellectuelle de la République démocratique du Congo.
L’état actuel des routes du Plateau des professeurs de l’Unikin laisse à désirer. Bourrées de nids-de poule, ces artères se détériorent de jour en jour. On redoute même qu’avec le retour effectif de la saison pluvieuse, la circulation dans cette contrée devienne carrément impraticable. Une situation qui inquiète tant les professeurs que leurs familles et les habitants des quartiers environnants.
Dans certains endroits, comme au niveau de l’entrée Est, en revenant de l’entré principale du campus, la chaussée se désintègre. Le bitume disparait peu à peu, laissant émerger une couche dense de sable. De même sur l’entrée Nord, précisément au niveau de la route appelée communément ’’Les chevaux’’, toute l’asphalte tend à disparaitre. Des ornières ont fait leur apparition sur la terre jaune désormais visible, poussant les conducteurs à être plus prudents lorsqu’ils roulent sur ce tronçon.
Profitant de la situation, des inciviques s’évertuent chaque jour à emporter des sacs des caillasses et des barres de fer qui servent à l’encadrement de la chaussée. Ce qui multiplie des têtes d’érosions le long des routes qui serpentent le Plateau des professeurs.
DES ROUTES SANS CANIVEAUX
"L’absence des caniveaux et le déficit d’entretien sont sûrement à la base de cette détérioration", argumente le professeur Georges Tshund’Olela, titulaire du cours d’histoire politique du Congo aux facultés des Lettres et sciences humaines, et de Sciences économiques et de gestion.
"Les routes du Plateau n’ont jamais été réhabilitées depuis la construction de ce quartier entre 1955 et 1960", rapporte le professeur. "Il faut, poursuit-il, noter que ces voies routières ont été construites à titre provisoire. Les constructeurs n’ont ainsi pas prévu des caniveaux pour la canalisation des eaux".
PENURIE D’EAU
La pénurie d’eau est aussi un autre problème qui perturbe la vie au Plateau des professeurs. C’est depuis plusieurs années que les habitants de cette contrée ont du mal à être approvisionnés en eau potable.
Fils d’un professeur, Jean-Marc P., la vingtaine révolue, est membre du Regroupement des enfants du Plateau des professeurs de l’Université de Kinshasa (REP). Une association sans but lucratif qui réunit tous les jeunes habitant cet espace. Comme tous ses camarades qui réfléchissent autour des idéaux du développement, il se plaint de l’absence prolongée de l’eau dans cette partie de la « colline inspirée » où les robinets ne servent plus que de décor.
"A l’instar du délabrement des routes, la pénurie d’’eau constitue l’un des problèmes majeurs que nous avons au Plateau des professeurs", se lamente Jean-Marc P. " C’est depuis 2005 que cette situation a commencé à s’aggraver graduellement. A ce jour, nous sommes contraints de descendre chaque jour vers les homes pour nous approvisionner. Ce qui représente une corvée pour tous les résidents du Plateau".
Aux dires du professeur Tshund’Olela, l’absence de l’eau au Plateau des professeurs est liée à la dégradation de toute la tuyauterie de ce réseau d’eau. "Il suffit juste de remplacer tous les tuyaux vétustes pour un retour à la normale", assure l’enseignant.
LE DANGER DU DEBOISEMENT
"La coopération belge a, une fois, accepté de mettre les moyens pour la construction d’un réseau d’eau autonome. Mais, les autorités académiques de l’époque ont bloqué ces travaux, parce qu’elles s’attendaient à percevoir un pot de vin, au préalable", atteste un professeur qui a requis l’anonymat.
"Le Gouvernement a, quant à lui, mis des moyens nécessaires pour remplacer toute cette tuyauterie, mais sans succès. C’est encore une fois la mauvaise foi de certains individus qui bloquent les choses", regrette, pour sa part, le professeur Tshund’Olela.
Outre ces difficultés, le Plateau des professeurs de l’Unikin est aussi buté au problème de déboisement des plantes. Des particuliers y déboisent sans penser à reboiser. Ils abattent des arbres chaque jour pour les revendre à des boulangeries, exposant ainsi la colline inspirée aux érosions. A cette allure, d’aucuns redoutent que toute la flore qui contribue à la beauté du campus universitaire de l’Unikin puisse disparaitre.
Orly-Darel NGIAMBUKULU/
Correspondance particulière