Un haut fonctionnaire poursuivi pour atteinte à la sûreté d’Etat en fuite avec la complicité de Tunda ya Kasenda

Mardi 10 juin 2014 - 11:10

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Le vice-ministre des Affaires étrangères, Célestin Tunda ya Kasenda, est très mal barré. Le Chef de l’Etat l’a sommé, selon des sources proches du Palais de la nation, de ramener au pays Apolline Munsengeshi Musau,

secrétaire générale au ministère des Affaires étrangères, en fuite depuis mai der¬nier. La fugitive s’est exilée en France. L’ANR -Agence natio¬nale de renseignement- l’avait mise en cause, dans une cor¬respondance adressée, fin mai dernier, au ministre des Affaires étrangères, pour «atteinte à la surête d’Etat». Au centre de cette affaire d’une très grande gravité, des documents consulaires passeports ordinaires, passeports diplomatiques et autes cartes consulaires- re¬trouvés entre les mains des rebelles du M-23, des hommes de l’APARECO d’Honoré Nganda et d’autres compatriotes de la diaspora affiliés à des mouvan¬ces activites très hostiles au ré¬gime. Une longue enquête avait permis de remonter la filière jusqu’au coeur du cabinet de Mme Musengeshi. Quand l’ANR en saisit Raymond Tshibanda le 28 mai dernier, il est trop tard (Fac similé à la page 3 sur la note circulaire à tous les diplo-mates sur la suspension de Musengeshi Musau). Tardive aussi la décision de suspension avec ouverture d’une action discipli¬naire prise le 3 juin par le mi¬nistre de la Fonction publique, Jean-Claude Kibala, alors que la haut fonctionnaire avait déjà quitté le pays depuis plusieurs semaines (Fac similé à la page 3).

A partir d’ici s’établit la com¬plicité de Tunda ya Kasenda ac¬cusé d’avoir pris la précaution de mettre sa cousine Musen¬geshi à l’abri après avoir eu vent de l’affaire dès fin avril dernier. Tunda aura beau se défendre, les pièces qu’il a délivrées à Musengeshi pour le voyage de celle-ci à l’étranger ne plaident pas en sa faveur. Il a d’abord signé un ordre de mission, à la date du 8 mai, en faveur de Musengehi pour une mission au contour flou au Maroc. Ordre de mission couplé d’une décision de congé sitôt la mission termi¬née. Allez-y comprendre que le vice-ministre accorde un congé de 30 jours à un haut fonction¬naire consécutif à une mission de quatre jours à l’étranger, de la sorte le rapport de mission ne lui sera remis qu’au bout de ce long délai, soit plus d’un mois. «Cette entorse administrative délibérée trahit la connivence de Tunda ya Kasenda», explique un ancien diplomate intérrogé sur la question par les soins de la rédaction de «RD-CONGO¬NEWS». C’est donc avec raison que le Palais de la nation lui a adressé une sommation. Celle-ci n’a pas empêché Tunda d’ef¬fectuer une mission en Algérie mais il paraîssait prolonger in¬finiment son séjour à l’étranger avec le prétexte d’un check-up en France. Le vice-ministre ris¬que gros à son retour. Peut-être une révocation avec arrestation immédiate de la part d’un Ka¬bila qui ne badine pas avec les matières de sécurité. S’il décide d’agir un jour, il ne faudra pas que Joseph Kabla s’arrête à mi-chemin mais qu’il pousse plus loin pour remettre de l’ordre dans ce haut lieu de la diplo¬matie devenu le grand foutoir. Légion sont les cas qui illustrent le mal qui gangrènent en toute impunité la maison de Raymond Tshisbanda. Détournements, abus des biens sociaux, tout y passe.

Par exemple, à la mort de l’ancien ambassadeur de la RD-Congo à Paris, Myra Nd¬joku, la caisse de la chancelle¬rie est créditée de la rondelette somme d’un million d’euros. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Alexis Thambwe Mwamba dit ATM, en reconnaî¬tra lui-même le mérite au dé¬funt dans son oraison funèbre. Quelques semaines plus tard, aucune trace de ce pactole. Le chargé d’affaires Mouila rappelé à Kinshasa fera des aveux pour reconnaître vers quel compte et sur instruction de qui l’argent avait été viré.
La tutelle est mise en cause sans ambages. Pas de suite à ce jour. Mouila Ngonda a été plu¬tôt affecté à un autre poste di¬lomatique, en Arabie saoudite. A notre ambassade au Bénin, ce sont cinq millions de dollars qui ont été détournés, toujours sous Thambwe. La centrale à Kinshasa a dû dépêcher le di¬recteur du Département de l’inspection, Diur Muland, sur place. Décision a été prise de rappeler le chargé d’affaires Mavambu N’sakala Soki pour fournir des explications. Le di-plomate a refusé d’obtempérer à sa hiérarchie. Ce qui a conduit Kinshasa a demandé son arres-tation et son extradition auprès des autorités béninoises. Aussi cocasse que cela puisse paraî-tre, Mavambu a trouvé l’astuce de se prévaloir sa nationalité bé¬ninoise longtemps dissimulée. Du coup, il a obtenu la protec¬tion de Cotonou sous prétexte que la RD-Congo avait recouru à lui comme expert. Au Tchad, il fallait que la République frappe, au fronton de la chancellerie, la mention «cette parcelle n’est pas à vendre» très courante à Kinshasa en proie à une escro-querie foncière organisée.

Pour ne l’avoir pas fait, son am¬bassadeur Boka Ilondo l’a privé de sa propriété d’une dizaine de niveaux.
A l’époque du grand Zaïre, dans les années 70, le Maréchal Mo¬butu avait acheté un terrain à N’Djamena pour y élever cet imposant immeuble donné en location à l’UDEAC -Union dou-nanière et économique de l’Afri¬que centrale. A la disparition de l’UDEAC, la République a com-mencé à le louer au PNUD. Pour des raisons de sécurité intérieu¬re, la localisation de l’immeuble qui surplombe la Présidence de la République du Tchad, Idris Déby Itno a jugé préventif d’y installer des «services publics» de son pays.

La RD-Congo lui a vendu le bâ¬timent à 4 millions de dollars, selon des diplomates en poste dans la capitale tchadienne. «Le fruit de la vente a été logé dans un compte privé plutôt que de l’acheminer vers le Trésor pu¬blic.
Au finish, ce sont des miettes qui sont tombées dans l’escar¬celle de l’Etat», témoigne un diplomate au fait de cette es¬croquerie.

Depuis, Boka Ilondo s’est exilé en Europe.
Un coup de même nature a été perpétré au Nigéria où le trans¬fert de la capitale politique de Lagos à Abuja a entraîné la vente de l’ambassade de la RD-Congo. Selon ce qu’en disent des sources au ministère des Affaires étrangères, le siège ac¬quis à Abuja a été aussitôt re¬vendu. Pour acquérir une nou¬velle chancellerie à 2,5 millions de dollars, selon les chiffres of¬ficiels de Mme Holenga NKom¬be, chef de mission diplomati¬que au Nigéria. «Vérification faite, le nouvel immeuble a été acheté à un million de dollars. Le rapport a été fait à qui de droit», dénonce-t-on dans les couloirs du QG de la diplomatie congolaise. En Chine, l’ambas¬sadeur Mumbala a été rappelé à Kinshasa depuis près de deux ans et n’est plus jamais retour¬né à son poste d’attache. Son tort, avoir fait barrage à Tunda qui l’avait instruit de faire le tranfert 600.000 de dollars de ses encaisses à Kinshasa par des voies peu catholiques. Dans l’entre-temps, sur place, trois diplomates rd-congolais ont été expulsés pour contrebande et leurs complices chinois jugés et condamnés à dix ans de prison ferme. Les diplomates suspects courent les rues de Kinshasa en toute liberté. Ils espèrent même une nouvelle affectation.

Pour revenir à Apolline Musen¬gewhi Musau, sa gestion était déjà des plus calamiteuses. Sous son mandat, commencé en 2010, il a été enregistré plu¬sieurs cas des vols des passe¬ports en grande quantité. Des diplomates cités dans ces vols n’ont jamais répondu. Les pro¬cès ouverts sont toujours en suspens au Tribunal de grande instance de la Gombe.

Musengeshi avait fait l’objet d’un audit de la part du Pre¬mier ministre Augustin Matata Ponyo pour une affaire de plus d’une centaine d’agents fici¬tifs. Compromise jusqu’au cou, elle a eu la vie sauve grâce à la couverture du vice-Premier ministre en charge du Bud¬get, Daniel Mukoko Samba, qui avait décidé de géler l’exécution de l’instruction de son Premier ministre. Deux bus de marque Hyundai, don du gouvernement de la Corée du Sud, ont disparu du charroi sous Musengeshi.

Tout comme trois bus Tata ac¬quis grâce à des retenues sur les primes et 10 pc des salaires des agents. Il semble qu’un de ces trois engins roule à Kinsha¬sa sous les couleurs d’une so-ciété de transport en commun dénommée Maman Bonheur.
matthieu kepa

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