Reçu le 26 janvier dernier sur le plateau de « France 24 », le ministre de la Communication et Médias Lambert Mende a eu la lucidité de demander à la journaliste qui l’interviewait de quelle logique procède le fait que, d’un côté, on doute de l’affirmation du Président Joseph Kabila par rapport au respect de la Constitution et, de l’autre, on privilégie plutôt celle des adversaires qui le soupçonnent de vouloir réviser la loi fondamentale pour se maintenir en poste. Si la question est demeurée sans réponse, c’est simplement parce que l’observation du ministre relève le stratagème d’acharnement et de diabolisation du Chef de l’Etat pour autre chose que des élections voulues apaisées en 2016. Cette « autre chose » peut avoir tout d’un coup de force...
Le 23 octobre 2013, réagissant à la rumeur sur la révision de l’article 220 de la Constitution qui prend corps, le Président de la République profite du discours sur l’état de la Nation pour rassurer l’opinion. « La gouvernance politique et institutionnelle a, elle aussi, fait l’objet des travaux des Concertations nationales. Comme les Délégués à ces assises, Je suis pour le respect, par tous, de l’esprit et de la lettre de la Constitution de la République dans son ensemble, telle qu’adoptée par référendum populaire en 2005 », dit-il à cette occasion.
Le 15 décembre 2014, pour mettre fin à la rumeur amplifiée au cours de cette année, il précise : « Confirmant notre attachement à l’Etat de droit et au respect de la Constitution, le Gouvernement a, au cours des douze derniers mois, poursuivi l’approfondissement de la décentralisation, option irréversible ».
Pourquoi l’Opposition et certaines forces vives qui lui sont proches soutiennent-elles le contraire ? Pourquoi dans leurs diverses réactions par rapport au premier et au deuxième discours sur l’état de la Nation, elles évoquent tout, critiquent tout, tournent même en dérision tout, mais pratiquent-elles l’amnésie à propos de cet engagement solennel doublement exprimé ?
A dire vrai, elles n’ont rien à proposer aux populations si ce n’est de l’agitation. C’est-là la peur d’un échec annoncé. La preuve est qu’à vingt mois de la convocation du corps électoral, comme elle le répète à l’envi, elle est encore sans programme de gouvernement ; celui-ci étant réduit à l’expression fétichiste « alternance politique ».
Si, pour l’heure, on peut comprendre la difficulté de se désigner un candidat commun pour la présidentielle, rien par contre n’explique le silence pour le programme gouvernemental comprenant, normalement, les promesses électorales.
L’embarras de l’Opposition est compréhensible dans la mesure où les Concertations nationales ont réalisé un « package » qui ne lui laisse pas grand-chose à proposer à la consommation populaire.
Pis, le seul argument sur lequel elle s’appuie pour se faire entendre de l’opinion est la légitimité des institutions en place, principalement le Président de la République et l’Assemblée nationale issus des élections du 28 novembre 2011. Il se fait, malheureusement, que l’Opposition a pleinement conscience de son incapacité de soutenir cette thèse pour deux raisons : primo, l’Udps ne s’y reconnaît pas ; secundo, l’Unc - qui s’était engagée à apporter à l’Udps les preuves de la victoire d’Etienne Tshisekedi - se révèle incapable de passer de la parole à l’acte. D’ailleurs, tout dernièrement, Vital Kamerhe a enjoint l’Udps de renoncer à son combat limité à l’impérium.
En fait, la personne de Vital Kamerhe pose un sérieux problème d’orientation au sein de l’Opposition. Avec des ambitions présidentielles ouvertement affichées, le leader de l’Unc ne rassure guère ses pairs qui attendent plus de lui qu’un simple discours, plus qu’un simple compagnonnage. D’où l’investissement dans des déclarations et des actions pyromanes comme celles du 15 janvier 2015 qui sont tout, sauf une démarche démocratique.
Effectivement, il s’est agi d’un appel au soulèvement populaire. Certains « initiés » pensent même que par ce soulèvement, l’objectif serait plus un coup de force qu’une revendication réellement démocratique (!), avec pour facteur détonateur le prétexte de la révision du projet de la loi électorale.
Le ratage expliquerait toute la machinerie actionnée pour faire passer désormais le procès « Kamerhe-Moleka » pour une affaire plutôt politique qu’une affaire judiciaire.
D’ailleurs, à l’Opposition, certains esprits éveillés ne veulent pas de laisser entraîner dans une affaire « Pprd-Unc » qui est d’abord une affaire de famille. Un débat interne, laisse-t-on entendre, convainc déjà une partie d’Opposants sur ce qu’elle gagne finalement d’un règlement des comptes « inter-Kabilistes » !
TROIS CATEGORIES DE PROTAGONISTES
Ce qui est gênant et embarrassant, c’est le fait que l’on se serve des prétextes de la révision de la Constitution et de la révision de la loi électorale pour assouvir de bas instincts politiques. Et c’est à ce stade que les analystes avisés renvoient l’opinion à l’une et l’autre pour démontrer, primo, que la révision de la Constitution n’a jamais été le fait du Président Joseph Kabila tandis que celle de la loi électorale a été préconisée, tour à tour, par la Mission d’observation électorale de l’Union européenne, par l’Assemblée nationale en concertation avec la Céni, par le Conclave de l’Opposition au Centre féminin Mama Mobutu et par les Concertations nationales respectivement en 2012 et en 2013.
Le Gouvernement n’a donc rien inventé. Aujourd’hui, les observateurs avertis s’interrogent à juste titre sur ce qui serait advenu de l’ordre institutionnel en place si les incidents des 19, 20 et 21 janvier 2015 avaient atteint l’objectif des « initiés » calqué sur le précédent burkinabé. Assurément, on n’allait plus parler de 2016, de révision de la Constitution, de révision du projet de la loi électorale, mais aussi des affaires comme celle de Kamerhe.
Ce que l’opinion se doit, en définitive, de retenir à ce stade, c’est que par rapport à ces incidents, il se trouve trois catégories de protagonistes. La première avec des gens qui en savaient plus que tout le monde. La deuxième avec des gens qui en savaient peu. La troisième avec des gens qui n’en savaient absolument rien, si ce n’est l’ordre d’empêcher les députés de se réunir pour adopter le projet de loi électorale, l’arbre qui cache la forêt du coup de force. Omer Nsongo die Lema