RDC-Rwanda : vers une nouvelle alliance militaire

Mercredi 7 octobre 2015 - 13:56

Au moment où des bruits de bottes se font de plus en plus s’entendre à la frontière congolo-rwandaise, dans la province du Nord-Kivu, on apprend que le député national Martin Fayulu, vient d’adresser une question orale avec débat au ministre de la Défense. Cet élu du peuple veut que ce membre du gouvernement puisse éclairer la Nation sur son projet de réchauffement de la coopération militaire entre la RDC et le Rwanda, dont aucun Congolais n n’ignore les dégâts sur la situation sécuritaire de l’Est. Nos compatriotes ne sont pas près d’oublier le fiasco des opérations militaires mixtes de traque des forces négatives par les armées congolaises et rwandaises, conclues en 2009, et qui avaient fini par servir de rampe de lancement au M23, après une fausse reddition du CNDP du sinistre général Bosco Ntaganda.

Mais en attendant le face à face Fayulu-Ngoy Mukena, la Coalition des partis de l’Opposition basés au Nord-Kivu viennent de donner de la voix, en attirant l’attention des parlementaires (députés et sénateurs), sur les risques d’une nouvelle invasion de cette province par un nouveau mouvement rebelle, instrumentalisé par le Rwanda, et composé par des ex-combattants du M23. Ces forces politiques en prise directe avec les réalités du terrain redoutent un nouveau mariage contre-nature entre les FARDC et l’armée rwandaise, alors que celle-ci s’apprêter à les poignarder de nouveau dans le dos, comme c’était le cas lors des rébellions du CNDP et du M23. Comme en 2009 et 2012, l’alerte à un nouveau coup fourré de Kigali contre la paix au Nord-Kivu est en gestation. Par conséquent toute distraction est interdite, de même que toute alliance diabolique. Ci-dessous, la lettre ouverte de la Coalition de l’Opposition adressée aux parlementaires, présentement en session au Palais du Peuple :

Messieurs et Mesdames,

« Tous les Congolais ont droit à la paix et à la sécurité» (art.52, al.1 de la constitution congolaise du 18 février 2006). Pourtant, en sollicitant l’intervention des troupes rwandaises sur le territoire congolais lors de la réunion des ministres de défense du Rwanda et de la ROC tenue à Kigali du 23 au 24 septembre dernier, le Gouvernement congolais vient à nouveau de déposséder les populations congolaises du Nord-Kivu de ce droit fondamental dont elles avaient à peine commencé de jouir depuis 2013 à la faveur de la victoire des F ARDC appuyées par la Brigade d’Intervention de la MONUSCO sur le M23.
Pour la Coalition des partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu, COPAP en sigle, la démarche du ministre de la Défense en allant solliciter la collaboration du Rwanda est une façon, pour notre Gouvernement, de couvrir, pour la nième fois l’agression de la RDC par le Rwanda. En effet, il y a à peine cinq mois, en date du 23 avril 2015, que le Gouverneur de province du Nord-Kivu, Julien Paluku Kahongya, a publiquement dénoncé la création par le Rwanda d’une nouvelle rébellion constituée des ex-M23 dénommée « Mouvement chrétien pour la Reconstruction du Congo ». Par la même occasion, le Gouverneur de province a déclaré : « je confirme l’infiltration de l’armée rwandaise sur le sol congolais, à l’intérieur du territoire national, à presque un km sur la colline appelée Musongoti.» Même à ce jour les populations habitant les zones frontalières continuent à assister nuit et jour aux défilés des militaires rwandais sur le territoire congolais en l’absence curieuse de nos forces de défense qui, selon le porte-parole de la 34e région militaire entendu sur radio Okapi le 28/9/2015, se seraient retirées sur ordre de la hiérarchie militaire de Kinshasa, pour des raisons tactiques. Quelle trahison!
Les Congolais du Nord-Kivu ont été fort scandalisés par les propos tenus par Ngoy Mukena lors de la réunion’ de Kigali du 23 au 24 septembre 2015, d’après lesquels Paul Kagamé serait un « homme providentiel pour la région des Grands-Lacs!». Quel outrage envers les victimes congolaises de multiples agressions du Congo par le Rwanda! Quel Congolais oubliera:
L’enlèvement suivi de mort de deux officiers militaires congolais et la disparition jusqu’à ce jour de Emmanuel Muhima, activiste des droits de l’homme au Nord-Kivu, suite à l’incursion de l’armée rwandaise à Kanyesheja (territoire de Nyiragongo) en date du 11 juin, l’assistance directe du gouvernement rwandais dans la création du M23 ainsi que son soutien matériel, financier et ‘humain aux rebelles de ce mouvement (cf. rapport final des experts de l’ONU sur la RDC du 12 novembre 2012) ? La présence discrète de deux bataillons spéciaux rwandais en territoire de Rutshuru depuis janvier-février 2009 jusque fin août 2012 ? Les propos humiliants de James Kabarebe qualifiant notre armée d’« incapable de tuer même un rat» et la RDC d’un grand trou noir, sans gouvernement ni armée! i) ? Les guerres meurtrières de Kisangani, Bukavu, etc. ? Pour la COPAP, ces propos extrêmement insultants de Ngoi Mukena ne devraient pas resté impunis!

4.-Dans l’hypothèse d’un probable accord de coopération militaire du genre « Umoja Wetu » de triste mémoire, la COPAP ne comprend pas comment les FARDC qui ont vaillamment mis en déroute le M23 en 2013 peuvent être impuissantes pour neutraliser « les forces résiduelles» des FDLR. En effet, lors de son point de presse du jeudi 03 avril 2014, Lambert Mende, porte-parole du Gouvernement congolais, a fait savoir que « l’effectif des FDLR serait estimé en ce temps-là, sur l’ensemble de l’est de la RDC à moins d’un millier de combattants ». En plus, affirmait-il, à cette réduction d’effectifs, il fallait ajouter la destruction par les Farde de tous leurs sanctuaires et quartiers généraux, mais aussi « le tarissement de leurs sources de financement du fait que les opérations menées par les troupes gouvernementales les ont boutés hors des carrières minières où ils se livraient à l’exploitation illégale des ressources congolaises ». Lambert Mende concluait en affirmant que la capacité de nuisance des FDLR avait été réduite de plus ou moins 90% et leur commandement militaire totalement déstructuré ».

En outre, le Gouvernement congolais a sciemment résolu de se passer de l’appui de la Brigade d’Intervention de la Monusco dans la neutralisation des FDLR alors que l’apport inoubliable de cette Brigade dans la mise en déroute du M23 en 2013 demeure un gage substantiel d’espoir de paix à l’Est de la RDC aux yeux de nombreux congolais. A contrario, le choix du Gouvernement congolais de solliciter la coopération militaire du Rwanda qui fait pourtant partie au problème, montre à suffisance qu’il y a anguille sous roche!
En définitive, pour la COPAP, le but recherché par le Gouvernement serait de créer une nouvelle situation de force majeure. Une vraie garantie pour le glissement. L’on se souviendra qu’en l’absence du moindre état de guerre, le pouvoir en place a réussi, à travers l’arrêt controversé de la Cour Constitutionnelle, à transformer sa turpitude de découpage précipité et irresponsable de nouvelles provinces en cas de force majeure; ce qui lui a permis non seulement d’annuler la tenue des élections provinciales pourtant déjà convoquées par la CENI, mais aussi et surtout de violer la Constitution, en prenant de mesures soi-disant exceptionnelles pour doter les nouvelles provinces des Commissaires spéciaux» à la place de Gouverneurs élus (cf. art. 198, aI2). Le Pouvoir a peur des élections.
Pour ce qui nous concerne, l’alternance démocratique dans le respect des délais constitutionnels est impérative et non négociable. N’en déplaise au Pouvoir en place, le nouveau Président élu prêtera serment le 20 décembre 2016 !
C’est pourquoi, nous, Coalition des partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu, recommandons ce qui suit:

Au Parlement congolais:
D’exiger au Gouvernement congolais la clarification de la situation sécuritaire à l’Est de la RDC. Faute de cette clarification, voter une motion de censure contre ce Gouvernement et traduire le Premier Ministre en justice pour haute trahison. D’exiger la reddition des comptes pour trouver la trace des provisions budgétaires affectées à l’organisation des élections depuis 2012.

A la MONUSCO :
- D’appliquer son mandat d’imposition de la paix sans complaisance, que soient les auteurs de la déstabilisation du Congo ;

- Au Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies et Chef de la MONUSCO d’user de ses bons offices en vue d’un calendrier électoral consensuel et surtout d’un climat politique apaisé.

A la population congolaise:
De rester mobilisée derrière les FARDC pour mettre en échec tous les ennemis de la paix comme à l’époque du M23, seul gage de la bonne tenue des élections en 2016 ; De rester vigilante et capitaliser les acquis des manifestations du 19 au 22 janvier 2015, de manière à mettre en échec toutes les manœuvres pouvant conduire au glissement; De rester mobilisée autour du processus électoral afin de remplir son devoir civique d’élire ses nouveaux dirigeants.

Seule la lutte libère!

Fait à Goma, le 29 septembre 2015

Pour les partis politiques de l’opposition au Nord-Kivu

- ECIDé M. KASEKWA J.B, SECRETAIRE FEDERAL/NK

- UNC : Me DAVID MUTUMAYI / SECRECRETAIRE FEDERAL ADJOINT

- MLC / OLIVIER KAKUTSA / PRESIDENT FEDERAL

- RCD/KML: NGULUMIRA AMINI, PRESIDENT SOUS FEDERAL

- UDECF : KAKULE MWINDIKWA BAUDOUIN / SECRETAIRE GENERAL FEDERAL NORD KIVU

- DCF/N : Me RENE KIUNDA MUHINDO

- PTC : KAKULE KAYENGA

- PK : OSCAR KABERA

- PCP : BARTHAZAR KALENGA

- FDCD : AIME KULIMUSHI / PRESIDENT FEDERAL