A l’occasion de la célébration, le 2 novembre 2014, de la première Journée Internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes, Journaliste en danger (JED) publie son Rapport annuel 2014 intitulé « L’Armée, la Police et les Services de sécurité au banc des accusés ».
Dans ce Rapport qui recense au moins 101 cas d’attaques diverses enregistrées contre la liberté de la presse et le droit à l’information, JED dénonce la récurrence de ces attaques et rappelle qu’au cours de ces dix dernières années, plusieurs journalistes ont payé le prix fort à cette culture de l‘impunité. Qu’il s’agisse des cas d’assassinats, des cas de menaces ou d’agressions physiques, d’arrestations ou de détentions arbitraires, de destructions des maisons de presse ou des outils de travail des journalistes ?
Au cours de l’année 2014, le climat général de travail des journalistes ne s’est guère amélioré, et présente un tableau sombre marqué par :
- 1 journaliste, Kennedy Mumbere Muliwavyo, de la Radiotélévision Muungano d’Oïcha, à l’Est de la RDC, tué dans une embuscade rebelle tendue aux forces armées congolaises ;
- 38 journalistes, arrêtés ou détenus en prison ou dans divers cachots ;
- 42 journalistes, au moins, ont soit reçu des menaces directes de la part des personnes identifiables ou anonymes, soit ont été violemment agressés ou battus dans l’exercice de leur travail ;
- 1 journaliste femme a été enlevée à Kinshasa pendant quelques jours par des hommes armés avant d’être relâchées et après avoir subies de graves exactions physiques. En 2013, une autre femme a été enlevée dans les mêmes conditions à l’Est du pays ;
- 19 cas de pressions diverses ou de censures ont été exercés sur les médias par des autorités politiques ou des services de sécurité
Alors que le monde célèbre cette journée internationale contre l’impunité, un journaliste congolais, Mike Mukebayi Nkoso du journal Congo News, croupit à la prison centrale de Kinshasa depuis près de trois mois où il est poursuivi pour « imputations dommageable », et en dépit de plusieurs vices de formes et de procédures liés à son arrestation.
Concernant les personnes responsables de ces cas d’attaques contre la presse, le Rapport JED indique que l’Armée, la Police et les Services de renseignements totalisent près de 40% des cas, soit le record, en termes de violence subie par les journalistes en 2014.
Pour JED, derrière chaque violation de la liberté de la presse, il y a une victime, et il y a un bourreau. Au-delà des simples dénonciations de ces attaques, la célébration de la Journée Internationale de lutte contre l’impunité des crimes contre les journalistes et autres professionnels des médias devrait, désormais, donner l’occasion de placer un Nom sur chaque visage de prédateur de la liberté de la presse et d’exiger des sanctions, afin de mettre fin à la culture de l’impunité qui encourage l’intolérance vis-à-vis du travail des médias et l’insécurité des journalistes.
Alors que s’annoncent des échéances politiques cruciales dans un climat de tension et de suspicion, généralement hostile à la liberté de la presse, JED appelle les autorités congolaises à engager des réformes nécessaires et urgentes dans le secteur des médias pour mettre fin aux obstacles et pesanteurs qui empêchent les médias congolais d’être à la hauteur de leurs responsabilités.
Dans une lettre adressée au Président de la République, jeudi 30 octobre 2014, JED, conjointement avec IFEX, le réseau mondial de 95 organisations basée à Toronto au Canada qui œuvre à protéger et à promouvoir la liberté d’expression, lui ont demandé d’améliorer le climat de travail des professionnels des médias congolais. De saisir cette occasion afin de démontrer sa détermination à s’attaquer à la question de l’impunité des crimes commis contre les journalistes et les médias sur l’ensemble du territoire national.