NORD-KIVU WALIKALE : LES HORS-LA-LOI DES APCLS ATTAQUENT

Vendredi 25 septembre 2015 - 06:19

La bourgade de Kashebere, territoire de Walikale à quelque 100 km de la métropole Goma au Nord-Kivu est à feu et à sang. Des combats d’une rare violence opposent les Fardc à la milice-Hunde de Janvier Kalairi dénommée " Maï-Maï " APCLS, l’ " Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain " depuis hier.

Ce sont les APCLS qui ont donné l’assaut, tôt le matin, à l’arme lourde pour tenter de déloger les Fardc de cette position stratégique de Kashebere, un verrou qui ouvre un boulevard jusqu’à Walikale. On apprend que les Fardc ont opposé une farouche résistance aux hommes de Janvier Kalairi, lourdement armés.
Les combats continuaient jusqu’hier. La Monusco confirme qu’un Casque bleu est blessé lors de ces combats entre les Fardc et les APCLS. Ce n’est pas la première fois que Janvier Kalairi se lance à la conquête de vastes territoires riches en ressources naturelles et où des minerais précieux comme l’or se ramassent à fleur de champs.
Pour ceux qui ne le savent pas, les miliciens Hunde des APCLS de Janvier Kalairi sont parmi les mieux organisés de la région. Ils disposent de toute la gamme d’armements sophistiqués. C’est avec cette armada que Kalairi avait installé son " Empire ", pendant des années, dans sa forteresse de Lukwete, dans la zone opérationnelle de Masisi. Il n’avait dû décrocher de son " QG " qu’à la faveur d’une opération conjuguée Monusco-Fardc fin 2014. Malgré les moyens opérationnels conséquents mis en œuvre par la Monusco qui avaient mis à contribution toute sa machinerie de guerre comme des hélicos d’assaut, ce n’était pas facile de déloger les APCLS de leur bastion tribal de Lukwete.

ILS FONT A NOUVEAU PARLER LA POUDRE
Mis enfin en déroute, ils avaient dû battre en retraite en laissant derrière eux une bonne partie de leur armement lourd pour se réfugier dans la forêt dense qui surplombe toute cette région montagneuse du Nord-Kivu. Mais pas pour longtemps. Car, alors qu’on croyait leur capacité de nuisance nulle, les-voilà qui réapparaissent et attaquent même une position tenue par les Fardc, à Kashebere, Walikali, et parviennent même à blesser un Casque bleu de la Monusco. Ils font à nouveau parler la poudre.
C’est du reste cela le quotidien des pauvres populations de cet axe Masisi-Walikale. On aura tout vu ici. Les miliciens parmi les plus fous et peut être aussi les plus cruels opèrent dans cette bande d’un peu plus de 100 Km où ils installent leurs sanctuaires dans lesquels ils exploitent le sous-sol, le sol et lèvent même l’impôt contre protection sécuritaire assurée par leurs combattants.

LES GROUPES ARMES LOCAUX ONT DES ALLIANCES AVEC LES FDLR
Il y a entre autres les " Raïa Mutomboki " qui sont toujours opérationnels malgré la défection de leur chef Ngoa qui s’est rendu aux mains du gouvernement congolais pour le DDRR. Son départ n’a entraîné aucun combattant. Il y a aussi les " Maï-Maï CHEKA" dont deux actions se sont affrontées à mort.
Aucun des deux groupes n’a déposé les armes pour aller au DDRR mais chacun d’eux est allé à la conquête des nouveaux territoires. Il y a les " Maï-Maï " Kifwafwa, les " Raïa Mukombozi ", les Hutu congolais des " Nyatura ". Tous ces groupes locaux ont des alliances stratégiques avec les Hutu rwandais des FDLR.
Ces derniers, qui connaissent bien la région depuis 20 ans, sont omniprésents dans tous les secteurs. Ils opèrent jusqu’aux confins de Lubero, à 250 km de Goma, 50 km de Butembo. C’est ainsi qu’ils avaient réussi à enlever les 6 imams tanzaniens avec leur guide congolais dans la région de Walikale. Ils les avaient tous libérés sans avoir perçu la rançon qu’ils avaient exigée dans un premier temps. Comme on le voit, l’axe Masisi-Walikale est infesté de groupes armés qui laissent mort et désolation sur leur passage. Leur désarmement forcé n’est pas une sinécure.
Ces combattants son indétectables car ils vivent dans leurs communautés, mêlées aux populations civiles. Il faut une approche particulière pour les démanteler. Eux ne font pas du tout la guerre conventionnelle comme les Fardc et la Monusco. Ils sont dans la guérilla pure et simple. Il faut donc leur opposer dans toute traque des techniques de guérilla et non de la guerre conventionnelle.KANDOLO M.