Nord-Kivu : le massacre de Beni interpelle Julien Paluku

Jeudi 12 mai 2016 - 08:32

La zone de, Eringeti n’a pas fini de pleurer ses morts. La localité, a, au cours de cette semaine passée, était victime une fois de plus de la barbarie humaine des ADF Nalu.  17 personnes tuées, des morts de trop qui dérangent l’autorité provinciale, qui se trouve sur place enfin de rassurer la population. Entre temps l’armée renforce ses stratégies sécuritaires dans un redéploiement dissuasif contre l’ennemi.
‘’ Il ne peut jamais exister un dirigeant qui soit content d'être donneur des messages des condoléances et enterrer chaque jour ses siens qui peuvent lui faire les honneurs en cas de besoin. C'est une affaire de tous, la perte d'une vie nous coûte énormément ’’, a déclaré très affligé le Gouverneur Julien Paluku, à la population de Beni.
Depuis près d’une semaine, il séjourne dans la région de Beni. Un territoire qui vient de connaître des massacres des civils innocents. Au moins 17 personnes dont 10 femmes et 5 enfants tués mardi 3 mai dans la soirée par des rebelles ADF Nalu à Minibo et Mutsonge, deux quartiers situés à environs 60Km au Nord Est de la ville de Beni, plus au Nord de Goma, la capitale du Nord-Kivu.
Selon le lt Mak Hazukay, porte-parole de l’opération Sokola 1 dont le fin tacticien Gen Marcel Mbangu assure le commande, les assaillants se seraient introduit au tombé de la nuit dans ces quartiers en pleine vallée entre des collines, tuant par machettes, afin de se soustraire des patrouilles Fardc et Monusco, dans la région.
Renforcer les stratégies
Des morts de trop qui raisonnent encore dans la population, qui venait d’une période de plus de trois mois d’accalmie. Et à la société civile de la région de s’interroger :
‘’ On ne sent pas la protection des civils. Ces assaillants sont venus s’infiltrer dans des maisons. La population a commencé à crier. Et c’est seulement vers 19 heures quart qu’on a eu la première intervention. Malheureusement l’assaillant venait de faire tout ce qu’il a fait et s’est retiré ‘’, explique Teddy Kataliko, le responsable locale de cette structure citoyenne à Beni. Et l’honorable Gouverneur ne reste pas indifférent.
‘’ Avec ce nombre des morts, c’est normal que toute sorte de qualificatif puisse sortir de la bouche d’une population désespérée. Nous ne pouvons pas négliger les efforts des Forces armées de la République, qui ont été menés jusque-là. Mais, nous ne pouvons négliger également ce nombre de morts. Ce qui nous amène à pouvoir renforcer les stratégies sur le terrain pour que la population soit vraiment rassurée que nous sommes tous déterminés avec elle, à bouter dehors l’ennemi‘’, rappelle-t-il. Alors qu’il menaçait la ville de Beni, il y a des dizaines de mois, les terroristes ADF Nalu, ont fini par se replier dans la forêt.
Compatir avec cette population, c’est la raison d’être sur place de l’autorité provinciale, très sensible au bien être de sa population. Lui qui se déplace à chaque évènement notamment malheureux qui frappe sur ses siens, défiant même les risques et menaces sécuritaires.
Après avoir fait la ronde de l’agglomération de Oïcha, le patron de la province, accompagner des membres du comité provincial de sécurité et du commandant de la 3ème zone de défense, le Gen Maj Léon Mushal, a plutôt préféré effectuer une marche à pied de plus de 2Km pour atteindre l’endroit du carnage.
Prenant à cœur la gravité de la situation et le vœu de la population, voir s’installer une paix effective, tel voulu par le Chef de l’Etat, un train des mesures a été aussitôt décidé par le Gouverneur.
Déjà, l’Etat-Major de l’opération Sokola 1 vient de se déplacer dans la zone de Eringeti, la plus visée par l’ennemi depuis que l’armée a réussi à l’éloigner de la ville de Beni. ‘’Cela, va permettre au commandant des opérations d’être informé à temps sur l’évolution de la situation et prendre utilement des mesures efficaces appropriées’’, a fait savoir le Dr Julien, qui a aussi  installé momentanément son quartier général dans la région.
Des stratégies payantes
Par le passé, il l’a fait dans le Rutshuru et à Miriki. Et les mesures ont été productives, affirme l’un des responsables de la Fec/Nord-Kivu. Faisant une lecture rationnelle de la situation, et par souci de concrétiser la politique sécuritaire du Chef de l’Etat, le Gouverneur, a lancé une batterie de stratégies visant à juguler le problème.
Mariant le bâton et la carotte, lui qui circonscrit ses action autour de la paix et de la cohabitation pacifique, organise depuis des mois, des séances de dialogue sociale dans certaines contrées parmi les plus exposées à l’instabilité. Mais aussi, il ne cesse d’interpeller la population, les jeunes pour la plupart à se désolidariser des groupes armés et remettre volontairement les armes qui tuent des innocents.
A Beni, il y a quelques mois, ce forum a permis réduire les tensions et aux Fardc de bénéficier de la collaboration de la population.
Résultat : la capacité de nuisance des ADF Nalu, a été sensiblement réduite, les complices ayant été dénichés. Certains passés aux aveux ont, dès lors été condamnés par la justice. Il en est de même à Rutshuru et à Miriki (territoire de Lubero à plus de 200Km au Nord de Goma), où une vague d’insécurité couvait déjà. Avec des actes de massacres, kidnappings et pillages, qui ont été sensiblement réduit grâce aux retombés positifs du dialogue tenue par la province. Les dispositifs des Fardc ont été renforcés avec la collaboration assurée de la population.
La nomination des fonctionnaires délégués à la tête des certaines administrations locales dépourvues de responsables, la restitution des vérités sur la situation au Sud du territoire de Lubero, le renforcement des patrouilles, la programmation et la sécurisation des convois de véhicules sur l’axe Rutshuru – Butembo en passant par Kanyabayonga ; autant de signaux rassurant aux yeux de la population.
A Beni, Rutshuru, Miriki, Masisi, Walikale,… l’autorité provinciale qui ne néglige rien presque en faveur du rétablissement rapide et efficace de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du Nord-Kivu, accentue la collaboration avec la population. L’homme de terrain et de dialogue, reste respectueux des communautés ethniques et refuse la généralisation. ‘’ Il n’existe pas d’ethnie criminelle mais plutôt des criminels au sein des communautés. Les ethnies ont plus à gagner dans la cohabitation pacifique que dans les querelles intestines’’, répète –t – il.
Appelant sa population à se méfier des groupes armés et des messages véhiculés au loin par des tireurs de ficelles. Et surtout les jeunes détenteurs illégaux des armes de les remettre volontairement surtout qu’avec le lancement de traque contre les groupes armés aucune excuse ne sera tolérée.
Somme toute, en installant momentanément son QG à Beni, c’est un signal fort que lance le Gouverneur Julien Paluku, à l’endroit des rebelles et leurs complices, qui ont déjà en face d’eux l’Etat-Major des opérations Sokola 1.