Un naufrage est survenu jeudi passé dans le lac Maindombe et a occasionné la mort de plus de 20 compatriotes. Les sauveteurs sont parvenus à repêcher 17 corps qui ont été inhumés le lendemain. Les huit femmes, sept femmes et deux enfants enterrés le 19 décembre 2015 et plusieurs autres voyageurs avaient pris place la veille à bord d’une baleinière en bois partant d’Inongo vers la cité de Kiri.
Les Congolais n’ont pas encore cessé d’épiloguer sur cette catastrophe qu’un autre drame est survenu le lundi 21 décembre 2015 sur la rivière Sankuru faisant une dizaine de morts et disparus. Comme lors des cas similaires, les autorités provinciales enterrent les morts et les choses s’arrêtent là. Il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait naufrage d’une embarcation dans nos cours d’eau. L’opinion se rappelle encore le naufrage qui avait lieu dans un passé récent sur le lac Tanganyka. On avait enregistré la mort par noyade de plusieurs personnes. D’autres embarcations ont chaviré dans des cours d’eau de la RDC ces dernières années. Les accidents fluviaux sont tellement légion que l’impression qui se dégage aujourd’hui est que le ministère de tutelle est dépassé par l’ampleur des désastres.
Pourquoi des naufrages en série dans le fleuve Congo, les lacs et autres rivières congolais ?
La première réponse qui nous vient à l’esprit est que les baleinières et autres embarcations lancées sur nos cours d’eau sont simplement des « cercueils flottants ». Fabriqués à l’aide du bois ou du métal et dotés parfois des moteurs des moulins à manioc, et surchargés, ces « bateaux » ne peuvent pas en principe sillonner le fleuve Congo, les rivières Kasai, Kwilu, Sankuru, les lacs Maindombe, Tanganyika…. . Assurés de faire fortune dans le secteur fluvial, beaucoup des congolais se sont lancés dans ce créneau, faisant fi de la qualité de leurs « flottes » ou simplement du tonnage. Les fonctionnaires du ministère des Transports censés veiller sur la qualité des bateaux, le tonnage… se contentent d’arrondir leurs fins du mois, fermant les yeux sur des anomalies constatées dans les embarcations qui sillonnent nos eaux. Doit -on vraiment les blâmer quand on sait qu’il y a des coins où les paysans attendent pendant plusieurs mois l’arrivée des bateaux pour leur permettre d’écouler leurs récoltes vers les centres de consommation? Gare alors au fonctionnaire qui s’aviserait de «bloquer» une baleinière pour une raison ou une autre. Il risque à coup sûr d’être lynché par des paysans.
Les morts d’homme en série dans nos lacs, rivières…. seraient rarissimes si la SCPT était dotée d’une flotte conséquente. Appelée à priori à désenclaver le grand Congo mais dépourvue des moyens conséquents, cette société n’est pas en mesure de jouer le rôle qui est le sien.
Le secteur ferroviaire n’est pas non plus bien loti mais le problème ne se pose pas beaucoup dans le secteur routier. De nos jours, les accidents sur la route nationale numéro 1 et la 2, se comptent du bout des doigts. Avec la réhabilitation et l’élargissement de ces artères d’intérêt national, automobilistes et passagers de la route en partance pour le Kongo Central et l’ex Bandundu, ne se font plus beaucoup des soucis.
L’opinion a encore en mémoire l’éviction du ministre des Transports Rémy Kuseyo juste après le crash de Kingasani ya Suka en octobre 2007. Quatre ans plus tard, Marie-Laure Kawanda avait été forcée de rendre le tablier après que le pays ait enregistré plusieurs naufrages sur ses eaux. Depuis lors, l’hécatombe se poursuit et curieusement les personnes censées s’expliquer sur ces drames et y mettre fin observent un silence inquiétant. Ces personnes ne méritent-elles pas d’être sanctionnées ?
Et pourquoi ne pas doter la SCPT d’une flotte performante et en nombre suffisant ?
Telles sont les questions que se posent les Congolais.
Jean- Pierre Nkutu