Projet de budget 2015
Le projet de budget de l’Etat pour l’exercice 2015 a été enfin transmis au bureau de l’Assemblée nationale. Quoi qu’ambitieux, ce projet reflète la faible capacité contributive de l’Etat congolais. Il porte cependant la marque de la détermination du gouvernement à s’inscrire dans la vision du chef de l’Etat tracée au travers de la Révolution de la modernité. Matata y croit. Aussi a-t-il placé la barre au-dessus de huit (8) milliards de dollars américains pour le prochain exercice, en concentrant l’essentiel du budget sur les recettes internes.
Le gouvernement de la République a respecté les exigences constitutionnelles qui l’obligent à déposer le projet de budget du prochain exercice dans le temps, de façon à donner aux deux Chambres du Parlement l’occasion d’apporter les arbitrages nécessaires. Le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, s’est plié à cet exercice en transmettant, depuis hier lundi au Parlement, le projet de budget 2015.
Preuve de la sérénité qui règne au gouvernement, malgré la pression exercée sur l’équipe avec l’annonce de la formation du prochain gouvernement dit de « cohésion nationale ».
La cérémonie de dépôt du projet de budget au bureau de l’Assemblée nationale s’est voulue à la fois sobre et détendue. C’est Aubin Minaku, président de l’Assemblée nationale, qui a donc reçu des mains du Premier ministre le projet de loi des finances pour l’exercice 2015.
Pour l’essentiel, le projet préparé est équilibré en recettes et en dépenses. Il se situe autour de 8,3 milliards américains, avec une forte propension des recettes internes.
Les assurances de Matata
Devant la presse qui l’a interrogé au sortir du bref entretien avec le président de la République, Matata a décrit subtilement le contexte, quelque particulier, dans lequel a été rédigé ce projet. Voulait-il se référer à la longue attente qui entoure la formation du gouvernement dit de « cohésion nationale ». C’est peut-être le cas.
Toujours est-il que Matata s’est félicité de la promptitude avec laquelle le gouvernement a bouclé ce projet de budget 2015. Une première, a-t-il rappelé, dans l’histoire budgétaire de la RDC. « L’idéal aurait été que ce projet de budget soit déposé avant le 15 septembre, mais il y avait des contraintes qui n’ont pas permis de le faire avant le début de la session budgétaire. C’est pour la première fois, depuis des dizaines d’années qu’un projet de budget est déposé au cours du mois de septembre. Donc, les efforts sont fournis positivement et nous pensons qu’au cours des exercices budgétaires prochains, le gouvernement devrait davantage se positionner dans le temps imparti », a expliqué le Premier ministre.
L’essentiel du projet de budget
Il s’est chargé par la suite de présenter succinctement les grandes masses budgétaires. Pour l’essentiel, l’on notera que le projet de budget 2015 dépasse la barre de huit (8) milliards de dollars américains. « Globalement, ce budget se situe un peu plus à 8 milliards 300 millions de dollars américains. Un budget en équilibre qui essaie de tenir à la fois compte des exigences de la vision du chef de l’Etat dans le cadre de la Révolution de la modernité ».
Pour le Premier ministre, il s’agit par ailleurs d’un budget qui veut « rester dans la logique du social pour continuer le programme initié par le chef de l’Etat dans le cadre de la modernisation des infrastructures, dans le cadre de la construction des écoles, des équipements d’hôpitaux et des centres de santé, dans le cadre de la modernisation du secteur agricole pour rencontrer les préoccupations sociales fondamentales… ».
Ce n’est pas pour autant que le gouvernement s’écarte de l’impératif de garantir la stabilité du cadre macroéconomique. Matata n’est pas de cet avis. « Pour la énième fois, nous allons réaliser un taux d’inflation de près de 1%. L’année passée, nous avons réalisé un taux d’inflation de 1% et l’année prochaine, pour le budget que nous venons de présenter, le taux est dans les joutes de 4%. Le taux de change est de manière exceptionnelle très stable. Le taux de croissance PIB devrait, si nos projections sont maintenues, se situer au-delà de 10%. Ce qui serait exceptionnel depuis de dizaines d’années », a-t-il souligné.
Pour un pays grand comme la RDC, le Premier ministre a reconnu cependant le caractère modeste du budget déposé au Parlement. Il ne décolère pas.
« C’est vrai ce budget reste encore relativement modeste par rapport aux potentialités de notre pays, mais le plus important, c’est qu’il y a des efforts qui sont fournis sous la houlette du chef de l’Etat. En 2001, le budget de l’Etat congolais n’était que de 300 millions de dollars américains. Aujourd’hui, nous avons un budget qui avoisine les 9 milliards de dollars. Donc, il y a des progrès qui sont réalisés. Nous devons en tenir compte. Mais, nous devons davantage fournir des efforts pour que dans les années à venir, nous disposions d’un budget à la dimension de la grandeur de notre pays », a-t-il déclaré.
Le budget, un instrument de souveraineté
Qu’en est-il de la contribution des recettes extérieures dans le projet qu’il a transmis au Parlement ? Matata a ironisé, estimant qu’« un budget, c’est une question essentiellement nationale ». Et, ce ne sont des exemples qui manquent. Il a dit croire en la capacité de la RDC d’autofinancer son développement. « Des écoles que nous sommes en train de construire, pour l’essentiel, nous le faisons avec le budget national. Des hôpitaux, des centres de santé que nous construisons et équipons, nous le faisons avec les ressources publiques. Nous devons désormais tourner l’essentiel de notre questionnement sur la contribution du gouvernement », a martelé Matata.
Il a, dès lors, appelé à un éveil national pour se donner les moyens de se prendre en charge. « Chaque peuple a le budget qu’il mérite », a-t-il déclaré.
Au niveau du gouvernement, la détermination se vit au quotidien. « Nous faisons des efforts comme l’a recommandé le chef de l’Etat pour accroître les recettes et pour fiabiliser davantage la gouvernance et le système de collecte des ressources », a-t-il rassuré. Convaincu par ailleurs que la RDC aura davantage de ressources « si nous restons dans un exercice de discipline, de rigueur et de bonne gouvernance. On ne doit pas nous imposer la bonne gouvernance. La bonne gouvernance s’impose si nous voulons progresser ».
Dans tous les cas, le projet de loi des finances 2015 est désormais entre les mains du Parlement. Ce qui devait logiquement mettre fin à l’atonie qu’on observe à l’Hémicycle depuis l’ouverture le 15 septembre de la session ordinaire de septembre.