Les violences urbaines qui avaient semé la mort et la désolation dans la plupart des communes, en 2012 et 2013, à Kinshasa, ont repris ces temps derniers, droit de cité dans le district de Tshangu. Dans les feux de l’insécurité, depuis le début de ce second semestre de 2014, le secteur s’est inséré sur la liste des zones criminogènes de la capitale où donner la mort relève d’un fait banal. Au lieu des coups de poing, de tête et des pieds, ce sont des machettes, des couteaux et d’autres armes blanches qui règlent désormais les querelles entre bandes adverses des marginaux. On s’en sert aussi dans les rues sombres, pour terroriser les paisibles citoyens et arracher leurs biens.
Cependant, dès que ça barde entre deux délinquants, le conflit ne s’arrête pas à une simple bagarre. Il s’étend jusqu’à près d’un kilomètre et embrase tout le secteur. Retranchés dans leurs fiefs, les autres membres de la bande appelés en renfort, sortent de leur tanière, bien armés, et vont prêter main forte au Kuluna en difficulté. On assiste alors aux batailles rangées avec des dégâts déplorables. Des morts et de blessés graves dans les deux camps.
Cette semaine, précisément le mardi et le mercredi, le « volcan » du banditisme urbain a grondé à Masina, quartier III et camp 15. Et ses laves ont coulé jusqu’à Kingasaniyasuka. A la base, des interminables conflits entre des écuries rivales de marginaux. La guerre de leadership et l’ambition d’étendre les fiefs au-delà de son territoire initial.
Pablo, le sinistre délinquant de Masina, quartier III, fait état aujourd’hui d’un jeune sportif, qui tenait à imposer sa loi à Nzoyi, non autrement identifié, un malfaiteur de son acabit. Il a recouru à sa machette, pendant que son adversaire n’utilisait que des pierres. Les blessures infligées à Nzoyi, ont laissé entendre des témoins, ont conduit le malheureux dans un dispensaire de la place où il a subi pour ses soins, plusieurs points de suture.
La nouvelle de cette agression a provoqué la levée des boucliers entre leurs écuries qui s’étaient promis de s’infliger mutuellement de fortes pertes. Les rues envahies par des nuées de marginaux n’étaient plus fréquentables. Les représailles ont commencé la nuit, avec des jets des pierres, des bouteilles et autres projectiles.
La population traumatisée par les violences urbaines envisage de se prendre en charge
Les riverains barricadés dans leurs habitations, n’osaient sortir dehors, au risque d’être agressés par ces malfaiteurs.
Alerté, le commissaire provincial de la police ville de Kinshasa est descendu sur le lieu où il a trouvé le secteur dans un calme précaire. Si la tension avait quelque peu baissé, la population continuait à redouter la poursuite des affrontements entre ces marginaux nullement inquiétés par la présence des postes de police dans ces quartiers de Masina.
Quelle ne fut pas sa colère de constater que ces différents sous-commissariats et postes avaient laissé la situation pourrir davantage ! C’est pour cette raison qu’il a décidé la réorganisation des patrouilles pédestres. Quelques habitants de Masina ne cessent de réclamer la ronde des policiers, le jour comme la nuit, mais aussi la reprise des opérations de ratissage de ces malfaiteurs. C’est à ce prix que pourraient revenir à la fois dans le secteur, la sécurité et la quiétude.
La population souhaite l’arrestation de quelques marginaux, auteurs de violences urbaines à Masina, dans l’objectif de lancer un signal fort à ces délinquants sans foi ni loi, qui narguent les services d’ordre.
Un observateur s’est même interrogé sur la passivité de certains postes de police dans des quartiers qu’ils sont sensés sécuriser, estimant que la recrudescence de la criminalité de ces derniers temps, ne résulte pas seulement de l’absence ou de l’inefficacité de la couverture sécuritaire dans les quartiers, mais aussi de l’impunité dont jouissent ces malfaiteurs.
A Kingasaniyasuka, l’insécurité n’est pas en berne, comme on pouvait l’imaginer. En effet, des écuries des malfaiteurs sont en pleine effervescence. D’ailleurs, traqués à Masina, ils trouvent refuge à Kingasani. Ici aussi, les affrontements entre Kuluna sont légion et les victimes collatérales ne se comptent plus. La panique s’est emparée de la population de ce secteur qui a tourné ses regards vers l’autorité urbaine, sollicitant que si des solutions sont prises pour Masina, que l’on songe en même temps à Kingasaniyasuka.
J.R.T.