
La société civile forces vives de la province du Nord-Kivu a publié une déclaration alarmante, documentant les crimes commis par le M23/AFC dans les zones sous leur contrôle. Du 1er janvier 2025 à ce jour, les coordinations territoriales et urbaines de cette structure citoyenne estiment à plus de 11.000, le nombre de personnes tuées par cette rébellion. Ce bilan a été présenté lors d'une réunion des responsables de ces coordinations, tenue à Oïcha, chef-lieu du territoire de Beni, le samedi 14 juin 2025.
Lors de cette rencontre, les participants ont dressé un tableau sombre de la situation actuelle dans la province, dénonçant une dégradation critique des conditions sociosécuritaires et humanitaires. Cette détérioration se manifeste par une série de violations graves.
Pépin Kavota, s'exprimant au nom de la société civile du Nord-Kivu, a détaillé les exactions observées : "Des incursions, des tueries ciblées d'acteurs de la société civile, des tortures et assassinats, des recrutements forcés au sein de centres de formation sous contrôle du M23 par l'AFC/RDF. Des menaces sur les autorités coutumières et des conflits fonciers entretenus dans les zones occupées par les rebelles".
Bien que la société civile reconnaisse une accalmie relative, quoique précaire, dans le territoire de Beni depuis janvier, elle souligne une détérioration significative de la situation dans les autres territoires de la province. Des chiffres précis ont été avancés pour illustrer l'ampleur de la violence :
- Dans le territoire de Lubero, 1 523 personnes ont été massacrées depuis 2023, dont 187 depuis le début de l'année 2025, et 144 dans les zones occupées par le M23/RDF;
- Entre janvier et mai 2025, plus de 200 civils ont été tués par le M23/AFC/RDF à Rutshuru, et 76 à Masisi;
- La ville de Goma et le territoire de Nyiragongo ont enregistré 9 600 décès et 3 500 blessés par arme dans le même laps de temps.
Ces chiffres s'ajoutent à de nombreuses autres pertes humaines résultant de divers incidents, des blessés, dont plus de 3 000 à Goma lors de son occupation par le M23, ainsi que de nombreuses habitations incendiées et détruites, incluant la prison centrale de Goma.
La société civile alerte également sur les cas d'enlèvements et de recrutements forcés de jeunes originaires de Rutshuru, Goma, Nyiragongo et Masisi. Ces jeunes seraient ensuite "tués à petit feu" dans les centres de formation de Rumangabo et Tchanzu, qualifiés par la société civile de "véritables centres de la mort" sous le contrôle du M23.
La société civile du Nord-Kivu exhorte les négociateurs congolais, que ce soit à Doha ou Washington, à placer l'intérêt du peuple congolais au premier plan de leurs discussions.
Alphonse Muderwa