*Pour les Groupes parlementaires MLC et Alliés, Udps et Alliés, UNC et Alliés ainsi que GPLS, le cadre légal en vigueur permet à la CENI d’organiser toutes les élections. Ils ont renouvelé hier, jeudi 8 janvier, leur décision de boycotter toutes les plénières de l’Assemblée nationale ayant pour objet l’examen de la loi électorale.
L’Opposition parlementaire s’est réunie au Palais du Peuple, siège de l’Assemblée nationale, pour traiter de la question relative au dépôt par le Gouvernement du projet de loi modifiant la loi électorale déjà modifiée en 2011. Les opposants ont pris et annoncé 5 mesures aux conséquences imprévisibles. Ils commencent par rejeter le projet de loi électorale que le Gouvernement de la République a dernièrement déposé à l’Assemblée nationale dont les copies ont été distribuées aux Députés pour lecture. L’Opposition parlementaire juge l’examen d’une nouvelle loi électorale inopportun. Pour lier la parole à l’acte, les Députés du MLC, leurs collègues de l’Udps, de l’UNC, de GPLS ainsi que leurs Alliés respectifs ne siègeront pas pour examiner ledit projet de loi.
Parallèlement, ils demandent à la CENI de publier rapidement le calendrier électoral global. Cela, en conformité avec la loi actuelle. Quant à l’élection présidentielle, l’Opposition parlementaire rappelle les prescrits de l’article 73 qui constitue en lui-même un calendrier électoral. Les Groupes parlementaires de l’Opposition, par ailleurs, lancent un appel à la mobilisation des forces vives de la Nation et des forces politiques. Ils sollicitent, enfin, le soutien des partenaires de la RDC.
La réponse de Shadari
Le Président du Groupe parlementaire PPRD, Emmanuel Shadari, a répondu sans attendre à la prise de position de l’Opposition parlementaire. Pour lui, en effet, le saut d’humeur des opposants ne peut en rien perturber le déroulement des travaux de la session extraordinaire. Avec ou sans l’Opposition, a-t-il lâché à chaud, la loi électorale sera examinée et adoptée. Il compte ainsi sur la large majorité numérique dont dispose sa famille politique tant à la Chambre basse qu’à la Chambre haute du Parlement.
Les premiers couacs
Pendant ce temps, le débat fait rage sur la constitutionnalité de la session extraordinaire en cours. A la suite du Président national de l’UNC, Vital Kamerhe, qui relevait mercredi 7 janvier à Fatima, les faiblesses dans la décision de convocation de la session extraordinaire, notamment l’indétermination de l’objet (projet ou proposition), le Député Toussaint Alonga a soulevé une motion incidentielle en plénière contre la session. Une motion complètement ignorée. Seulement voilà, les matières inscrites à l’ordre du jour posent trop de problèmes que l’on aurait pu s’imaginer. L’examen de la loi organique sur le découpage territorial a été suspendu. Le Katanga paraît plus que jamais divisé sur la question. Or, dans son discours d’ouverture de la session extraordinaire de la session parlementaire, fin décembre 2014, le Président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, avait démontré le lien étroit existant entre le projet de loi électorale et la loi sur le découpage territorial. On avait alors appris que certaines circonscriptions électorales étaient consécutives à la délimitation territoriale. Comme quoi, les élections locales, municipales et urbaines ne pourraient pas être organisées tant que les limites des groupements n’étaient pas clairement définies par une loi organique. Dans une certaine mesure, le blocage de la loi sur le découpage territorial aura des répercutions sur l’examen de la loi électorale.
Impasse
Tout ceci devient une question de fond quant à la suite du feuilleton relatif à la réalisation de ces élections locales dont le calendrier partiel publié en mai 2014 prévoyait, par exemple, l’enregistrement des candidatures en décembre 2014. Aujourd’hui, plusieurs jours après, la perspective de l’exécution d’un tel calendrier dont l’impasse fausse paradoxalement les calculs des potentiels candidats en ce temps d’asphyxie financière, semble s’éloigner. En l’absence de cette loi électorale, si la Majorité se plie aux caprices de l’Opposition, Malumalu s’en trouvera naturellement bloqué. Si bien que d’ici fin janvier 2015, la CENI risque de ne rien faire qui puisse rassurer toutes les parties prenantes. Or, tenter le miracle, c’est forcer la note à tel point que la pomme de discorde qui en résultera, sera déterminante pour la crédibilité de l’ensemble du processus électoral, lui-même. Comment, dans ce contexte, manger l’omelette sans casser les œufs ? De l’avis de plusieurs analystes sérieux, la Majorité est là, devant un choix cornélien. Y aller seule ou négocier avec l’Opposition ? C’est le quitte ou double.
La Pros.
Des étincelles !
L’attention des congolais n’est plus focalisée aux fêtes, parce qu’elles sont déjà passées, encore moins à la crise qui frappe de plein fouet les ménages au mois de janvier. Elle est plutôt portée vers le Palais du peuple où les élus nationaux, après avoir écourté leurs vacances, ont repris de plus bel le chemin de l’hémicycle pour la session extraordinaire. En toile de fond, l’examen du projet de loi portant modification de la loi électorale et sur la question du découpage territorial. Hier, jeudi, 8 janvier 2014, la plénière de l’Assemblée nationale a laissé un goût âcre, même acide, sur la question du découpage territorial. Les Députés, ceux de la Province du Katanga, ont montré aux autres que cette question n’était pas la bienvenue. Que le moment ne s’y prêtait pas pour cet exercice, périlleux, somme toute, en ce qu’il est porteur des germes de conflictualité entre les futures provinces du Haut-Katanga, Lualaba, Haut Lomami et Tanganyika. Ce qui laisse dire à maintes analystes que les étincelles sont en l’air, même si un semblant d’accalmie y a été observé lors du passage du Chef de l’Etat, Joseph Kabila. Il en est de même de la province du Kasaï Oriental, des trois provinces issues du Kivu. S’il est vrai que le premier texte sous examen a provoqué de remous, le second sur la loi électorale a, d’ores déjà, produit des étincelles. En effet, hier même, à l’Assemblée nationale, l’opposition politique est montée au créneau. Dans une déclaration, elle rejette le projet de la loi déposée par le Gouvernement. Pour elle, c’est-à-dire l’opposition politique, le cadre légal en vigueur permet à la CENI d’organiser toutes les élections. Par conséquent, l’opposition politique annonce sa décision de boycotter toutes les séances de l’Assemblée nationale qui a pour but de débattre de la question de la modification de la loi électorale. Alors, qu’adviendra-t-il si les deux parties, l’Opposition parlementaire et la Majorité présidentielle, durcissent le ton ? Ce qu’il faut retenir, ce que le peuple congolais, pacifique, n’attend pas se laisser berner dans un processus où des tensions sont perceptibles. Non ! En dépit des étincelles observées ça et là, qui traduisent un bras de fer inéluctable, d’autres pistes salutaires peuvent être exploitées. Comme il n’y a pas mille manières de prêcher le dialogue, voie par excellence pour vider les tensions, un esprit patriotique qui se caractérise par l’amour de la nation, le renoncement de soi, pour privilégier l’intérêt national. Non sans raison. La plupart des accords que la RDC a signés depuis 2009, notamment avec le CNDP, à Goma…, l’accord d’Addis-Abeba, en février 2013, sont des illustrations éloquentes qui attestent que les congolais sont capables de surmonter la montagne des difficultés susceptibles de s’ériger sur leur parcours par le dialogue. Le contraire serait inadmissible.
La Pros.