Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme (BCNUDH) a publié, mercredi 11 mars 2015 à Kinshasa, son rapport mensuel sur les violations des droits de l’homme en République démocratique du Congo (RDC).
« Au moins 20 civils ont été tués, 75 blessés et plus de 500 arrêtés par des agents de la Police (PNC) et de l’Armée congolaise (FARDC), dans le cadre des manifestations contre le projet de loi électorale, entre le 19 et 26 janvier 2015 », affirme-t-il.
Pendant cette même période, le BCNUDH a aussi noté « une tendance inquiétante aux restrictions des libertés publiques par les agents de l’Etat ayant eu recours à un usage excessif de la force » dans le cadre des dites manifestations.
Il indique que « plusieurs leaders politiques de l’Opposition et représentants de la Société civile ont été arrêtés et détenus par des agents de l’Etat, parfois sans avoir pu recevoir la visite de leurs familles et/ou de Conseils ».
« Jusqu’à ce jour, précise son rapport, aucun agent de l’Etat n’aurait été arrêté ou jugé pour des actes constitutifs de violations des droits de l’homme commises dans ce contexte ».
Comme l’avaient dénoncé plusieurs organisations de défense des droits de l’homme et certains médias, le BCNUDH a constaté que « l’accès à l’Internet, aux réseaux sociaux et service de SMS a également été bloqué par les autorités et des programmes et stations de radio suspendus durant plusieurs semaines ». Il en conclut que ceci « constitue une sérieuse atteinte au droit d’expression ».
Au cours du mois de janvier 2015, le BCNUDH a « enregistré, au total, 170 violations des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national », ce qui représente, estime-t-il, « une hausse par rapport au mois de décembre 2014 (155 violations) ».
Au moins « 752 victimes »
Le BCNUDH souligne dans son rapport que les provinces de l’Est du pays ont été les plus touchées, précisément « le Nord-Kivu (84 violations), la province Orientale (39 violations) et le Sud-Kivu (10 violations) ».
Relevant que « ces différentes violations documentées ont fait 752 victimes », il note que « l’ensemble des agents étatiques a été responsable de 96 violations » ayant causé ces victimes. Ce qui correspond, selon le rapport, à « plus de 56% du nombre total des violations des droits de l’homme enregistrées par le BCNUDH en janvier 2015 ».
« Parmi les agents de l’Etat, on note ceux de la PNC qui ont été les principaux responsables des violations des droits de l’homme commises en janvier 2015. Les militaires des FARDC ont été responsables de 44 violations ayant fait 106 victimes », signale-t-il.
Pendant cette période, le BCNUDH dit avoir organisé sur l’ensemble du territoire de la RDC au moins 10 activités de formation et de sensibilisation qui consistaient à « renforcer les capacités des acteurs étatiques et non-étatiques sur les droits de l’homme et de les informer de son mandat ».
« Les combattants des groupes armés, toutes tendances confondues, ont été responsables de 74 violations ayant fait 138 victimes en janvier 2015. Parmi ces groupes armés, les combattants des Forces armées pour la libération du Rwanda (FDLR) ont été les principaux auteurs des violations des droits de l’homme, soit 33 violations et 43 victimes », signale le BCNUDH.
Quinze adultes victimes de violences sexuelles
Le BCNUDH a documenté, pour le même mois de janvier, « 15 adultes, victimes de violences sexuelles dans les provinces affectées par les conflits : le Nord-Kivu ( 8 femmes), la province Orientale (4 femmes) et le Sud-Kivu (3 femmes) ».
Il a, par ailleurs, enregistré « 42 personnes évadées des centres de détention dans les provinces du Bandundu, du Bas-Congo, du Kasaï Occidental, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de la Province Orientale ».
Dans le cadre de son mandat tel que défini par le Conseil de sécurité des Nations Unies, le BCNUDH en RDC assure une surveillance étroite de la situation des droits de l’homme à travers le territoire congolais et procède à des analyses des tendances relatives à cette situation dans le pays.
« Des informations sur ces tendances sont régulièrement partagées avec les autorités congolaises, afin qu’elles prennent les actions nécessaires en vue de traduire en justice les auteurs des violations des droits de l’homme documentées par le BCNUDH », renseigne le même rapport.