Léon Kengo Wa Dondo, alors que sa popularité relative est au zénith grâce à son rôle dans le dénouement de la récente crise politique à propos de la loi électorale, est pourtant en très mauvais passe sur le plan politique. Le président du sénat est entre deux feux : celui de la Majorité politique (MP) et celui de sa plateforme politique (l’opposition républicaine, OR en sigle). Si les deux structures en veulent à l’ancien premier ministre de Mobutu, chacune à ses raisons propres. Pour la Majorité, la position de Kengo lors des récentes émeutes de Kinshasa a beaucoup surpris. La Majorité reproche à Kengo d’avoir épousé les thèses de l’Opposition alors qu’ils sont partenaires au sein du gouvernement dit de cohésion nationale dans lequel « l’homme de la rigueur » a pu placer ses proches.
La Majorité présidentielle considère que Kengo a fait acte de traîtrise et envisage d’ores et déjà un éventuel remaniement où les kengistes seront congédiés du gouvernement. Du côté de l’Opposition dit Républicaine c’est aussi la contestation car selon les ténors de cette plateforme, les termes de l’accord de gouvernement entre eux et la MP n’ont pas été respectés. Un des participants à ces négociations qui ont précédées la formation du gouvernement Matata II a dit que la participation à l’exécutif national de l’OR devait être « significative ». C’était la condition sine qua non de leur participation au gouvernement dit de cohésion nationale. Donnant encore plus de détails cet ex Kengiste qui a participé aux négociations a dit que pour que leur participation au gouvernement soit significative il fallait au moins 14 postes ministériels.
Ce seuil avait été fixé pour tenir compte de tous les courants de l’OR. Mais qu’elle n’a pas été leur surprise lors de la proclamation du gouvernement de voir qu’au lieu de 14 ministères ils n’ont eu droit qu’à 6. Sur lesquels, 3 sont allés aux membres du MLC et 3 autres directement à l’UFC de Kengo qui ne s’est pas gêné de confier les postes ministériels à son secrétaire général, Michel Bongongo (vice-premier ministre en charge du Budget), à son gendre Apenela (vice-ministre chargé de la coopération internationale) et le plus scandaleux, à Lisette Ngalamulume, sans expérience aucune a été propulsée au Plan (vice-ministre au Plan). Kengo s’est attribué seul les 3 ministères déplore un cadre de l’OR. « Il a capitulé » lâche-t-il. On est loin de l’adjectif « significatif » qui était la base de l’accord de gouvernement entre Opposition dite Républicaine et Majorité présidentielle. Du coup plusieurs ténors de l’Opposition Républicaine, ont pris depuis leurs distances avec Kengo. Makila, Sessanga, le professeur Mampuya et Lisanga notamment. L’Opposition Républicaine est aujourd’hui une coquille vide. La Majorité présidentielle l’a compris. Certains de ses cadres appellent carrément à mettre fin à l’accord politique passé avec Kengo. Ce qui fait dire à bon nombre d’analystes que les jours du gouvernement Matata II sont déjà comptés.